
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI), avec à sa tête le ministre Adjima Thiombiano, a présenté le nouveau cahier des charges des Institutions privées d’enseignement supérieur (IPES). La rencontre avec les représentants des IPES s’est tenue ce jeudi 13 novembre 2025 à l’université Joseph Ki-Zerbo.
Afin d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur au Burkina Faso en général et celui du privé en particulier, le ministère de l’Enseignement supérieur a actualisé le cahier des charges des IPES. Les acteurs ont donc été invités à cette rencontre pour s’imprégner des nouvelles mesures auxquelles ils devront se conformer.
Ce nouveau cahier des charges regroupe les dispositions générales, le régime des autorisations, du contrôle et du suivi, l’organisation administrative, académique et financière, les relations de partenariats, les droits et obligations des acteurs des IPES, les sanctions et récompenses ainsi que les dispositions transitoires et finales.
L’arrêté comporte des points saillants et des innovations majeures.
Le succès aux examens nationaux organisés sous la tutelle du MESRI est obligatoire pour l’obtention de la licence (3ᵉ année), du master (5ᵉ année) et du doctorat (8ᵉ année) dans tous les domaines de formation des IPES. Il en est de même pour le passage annuel à toute classe supérieure, depuis la première année de licence (L1) jusqu’à la deuxième année de doctorat d’État (D2) dans les offres de formation relevant des sciences de la santé.

Aucun apprenant ne peut être admis à s’inscrire dans une IPES s’il n’est titulaire d’un baccalauréat reconnu ou de tout autre document reconnu équivalent par le MESRI. Aussi, un apprenant qui ne dispose pas d’un Identifiant national étudiant (INE) valide ne peut pas s’inscrire. Tout manquement a pour conséquence l’annulation de l’inscription et des diplômes acquis.
Toute IPES doit, à son ouverture, disposer par offre de formation d’au moins trois enseignants permanents (doctorat unique ou PhD Doctor of Philosophy) pour les ISP (Institut supérieur privé) ou GEP (Grande école privée), et de cinq enseignants permanents (doctorat unique ou PhD) pour les UP (Université privée).

Toute IPES doit disposer, après cinq années académiques de fonctionnement, d’au moins 20% d’Enseignants permanents (EP) ; dix années académiques de fonctionnement, d’au moins 30 % d’EP ; 20 années académiques de fonctionnement, d’au moins 50 % d’EP. Elle doit recruter au moins un EP supplémentaire pour toute nouvelle offre de formation.
Aucune institution privée d’enseignement supérieur ne peut héberger une offre de formation de quelque nature que ce soit, sans que celle-ci n’ait reçu une autorisation préalable du ministère en charge de l’enseignement supérieur. Désormais, les frais de soutenance sont annulés. Il n’y a plus de frais supplémentaires pour l’évaluation des connaissances (y compris la soutenance de rapport ou de mémoire) pour des apprenants régulièrement inscrits.
La date de toute soutenance de BTS d’État (Brevet de technicien supérieur), DIT-DIC (diplôme d’ingénieur des travaux, diplôme d’ingénieur de conception), Licence-master-doctorat (LMD) dans une IPES doit être portée à la connaissance du MESRI au plus tard 15 jours avant la date de soutenance avec la liste des membres des jurys. Le MESRI se réserve le droit d’effectuer des contrôles inopinés. Les IPES n’ont plus autorisation de délivrer des doctorats, à une exception près : la spécificité des offres jugée par le ministre.
« Ce cahier des charges vient après un constat d’un certain nombre d’insuffisances que nous avons relevées au niveau du cahier des charges précédent. Nous avons également pris en compte la vision actuelle du gouvernement, qui est d’assurer une formation de qualité et surtout de créer des compétences au niveau de nos universités, qu’elles soient publiques ou privées. Cette réforme présente plusieurs innovations. L’une des innovations majeures est d’abord l’obligation pour toutes les IPES de se soumettre à des degrés divers, à des examens nationaux. Si je prends la plupart des domaines en dehors de la santé, les étudiants qui se trouvent dans les établissements privés devront désormais se soumettre à un examen final pour avoir leurs diplômes. Si nous prenons le cas particulier de la santé, pour tous les passages, à tous les niveaux, de la première année à la dernière année, l’étudiant sera soumis à un examen national. L’objectif de tous ces examens nationaux vise à s’assurer que, véritablement, nous avons une certaine équité entre le public et le privé, d’une part. Et d’autre part, de s’assurer que les produits qui sont issus de nos systèmes éducatifs sont véritablement des produits de qualité et compétitifs. Une autre innovation majeure, c’est l’obligation pour toutes les IPES de recruter des enseignants permanents, selon des quotas qui sont définis dans le cahier des charges. Dans la plupart des domaines, pour chaque filière que vous ouvrez, vous avez l’obligation d’avoir des enseignants permanents. Nous ne pouvons plus continuer à rester dans la même logique de recruter ceux qui ont eu la chance d’être admis à la retraite et qui devraient se reposer. Quand on dit que quelqu’un est admis à la retraite, c’est parce qu’on estime entre autres que ses aptitudes ne sont plus au top. Donc, lorsque ces IPES se reposent essentiellement sur des enseignants admis à la retraite, cela porte atteinte aussi à leur performance », a indiqué Adjima Thiombiano.

Les innovations dans le domaine IPES de santé
Le ministre de l’enseignement supérieur a souligné que l’une des innovations majeures dans le domaine de la santé : « c’est l’obligation pour toute université qui forme en médecine, d’avoir un centre hospitalier universitaire. Jusqu’à présent, on a constaté qu’il y a des universités qui forment dans ce domaine, mais qui, par le biais de diverses conventions, arrivent à placer leurs étudiants en stage. Cela ne se déroule pas de façon optimale. Nous voulons définitivement régler cette question. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre sur le marché de l’emploi, des médecins qui présentent des insuffisances. L’une des caractéristiques essentielles d’un médecin, ce sont les connaissances théoriques apprises en classe, mais, c’est surtout la pratique. Or, aujourd’hui, il y a un constat qui est clair : Ces étudiants qui sont formés dans le privé, dans le domaine de la santé se rabattent pratiquement sur les centres hospitaliers universitaires qui existent. Or, ces CHU sont déjà dépassés par les effectifs que nous avons au niveau du public. Pour nous, c’est le privé qui devrait, au contraire, épauler un tant soit peu le public dans ce domaine. Mais là, nous sommes dans le cas inverse. Tous ceux qui sont formés sont des enfants burkinabè. On ne peut donc pas refuser de les emmener dans les CHU. Comme conséquence, on constate que les effectifs sont pléthoriques. En conséquence, très peu apprennent la pratique. Lorsque vous êtes malade, il y a quand même votre dignité qui en dépend. C’est plus acceptable pour vous d’avoir en face de vous un médecin, accompagné de deux ou trois stagiaires, plutôt que d’être accompagné d’une cohorte d’une vingtaine de stagiaires. C’est quand même quelque chose de difficilement supportable. Tant pour les malades que pour les étudiants », a justifié le ministère de l’enseignement supérieur.
L’arrêté portant adoption du cahier des charges est entré en vigueur le 12 novembre 2025. Cependant, le gouvernement a prévu une période transitoire. Le cahier des charges sera pleinement applicable à compter de la rentrée académique 2026-2027. Les IPES qui ne se conformeront pas aux nouvelles dispositions s’exposent à des sanctions.
Les représentants des IPES ont dit prendre bonne note de cette mesure. Le responsable des études à l’Institut supérieur de la communication et du multimédia (ISCOM), Marc Kevin Bado, a confié que ces réformes comportent des contraintes et des avantages. N’empêche, il est du devoir des IPES de s’y conformer pour plus de crédibilité. Il a apprécié le fait qu’à partir de la rentrée académique prochaine, l’État disposera d’une base de données de tous les étudiants grâce à leur identifiant numérique.
Voir la présentation du cahier des charges.
Samirah Bationo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net

Commentaires récents