Annoncée par la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) le 4 mai 2020, les églises protestantes du Burkina Faso ont rouvert leurs temples ce dimanche, 10 mai 2020. Un constat fait dans trois églises montre la réticence de certains fidèles chrétiens. La pandémie du coronavirus (Covid-19) l’oblige.
Se laver les mains avant de rentrer dans le temple. C’est une première, mais c’est aussi une nouvelle habitude que les chrétiens doivent adopter chaque dimanche. Il est 8 heures 30 minutes lorsque nous sommes arrivés à l’Eglise évangélique baptiste du Bon berger (EEBBB), l’église du pasteur Henri Yé, le président de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME).
A peine garer leurs engins au marketing, les fidèles sont sommés de passer au service de détection des métaux ; ensuite, l’étape de lavage de main et de nettoyage à l’aide de mouchoir leur fait face ; et enfin, la prise de température avant d’entrer dans le temple.
- Dispositifs d’hygiène et de sécurité devant l’Église évangélique baptiste du Bon berger (EEBBB)
Lorsque la température d’une personne n’est pas normale, on lui fait patienter sur un banc installé à côté. C’est le cas d’un « frère en Christ » qui avait une température élevée, à notre passage. Il a laissé entendre qu’il a roulé sa motocyclette sous le soleil donc ce serait la raison de cette température, sinon qu’il se porte en bonne santé. On lui fait patienter gentiment. Au bout d’un instant, tout est rentré en ordre et il a fini par accéder au lieu du culte.
Dans la cour de l’EEBBB, deux tentes sont dressées, des bancs et chaises sont arrangés soigneusement. A l’intérieur du temple, les bancs qui sont habituellement serrés sont espacés en respectant la mesure de distanciation sociale (un mètre). Au lieu de cinq ou six personnes par banc, ce sont trois personnes maximum qui sont autorisées à s’y asseoir. L’effectif des choristes pour assurer le culte est revu à la baisse. Les microphones sont habillés par des mouchoirs blancs.
- Une vue des fidèles de l’Église évangélique baptiste du Bon berger (EEBBB) en ce jour
« Pas d’attroupement à la fin du culte »
A l’église Assemblée de Dieu Temple Emmanuel de 1200 logements, le constat est quasi-similaire. A notre arrivée au tour de 9 heures 30 minutes, le premier culte (en français) était fini. Les fidèles retournaient chez eux. Ici, quatre dispositifs de lave-mains sont installés à l’entrée principale de l’église.
Le deuxième culte (français et mooré) commence. Désormais, ce sont seulement deux personnes qui s’asseyent sur les bancs, qui recevaient entre cinq et six fidèles par le passé. Selon Jacques Ouattara, le secrétaire général adjoint du bureau de la Jeunesse des Assemblées de Dieu (JAD), les paniers pour les dîmes et les offrandes qui passaient par rangée sont installés tout simplement à l’entrée du temple.
De son avis, les consignes ont été données à l’avance sur les mesures à respecter à partir de ce jour lorsque les fidèles viendront dans cette église. « Plusieurs portes sont à la disposition des membres pour la sortie. Sauf que cela se fait selon les orientations de l’église. Il n’y a pas d’attroupement à la fin du culte ; chacun doit partir directement », a-t-il confié.
- A l’image de ces deux tentes, l’affluence est faible à ce premier dimanche
Faible affluence à cause des enfants
Pour ce premier dimanche de culte depuis le mois de mars 2020, l’on note une faible affluence des fidèles chrétiens. Qu’est-ce qui peut expliquer ce fait ? Le pasteur principal de l’EEBBB, Henri Yé donne les raisons, en ce qui concerne son église. « A cause des enfants qui ne peuvent pas venir à l’église pour le moment, des familles sont contraintes de rester à la maison. Quand les enfants pourront venir, il y aura beaucoup de fidèles », nous assure-t-il. En effet, dans un communiqué paru avant la réouverture de l’église, les responsables de l’EEBBB ont indiqué que l’école du dimanche (initiation des enfants au Christianisme) est toujours suspendue.
Mais une autre raison peut expliquer la faible affluence des fidèles en ce jour. « Il y a des gens qui sont encore réticents. Ils attendent que les jours passent d’abord », reconnait le pasteur Henri Yé.
- A l’église des Nations du pasteur Mamadou Karambiri, les fidèles continuent de suivirent le culte en direct sur Impact TV
L’église du pasteur Karambiri toujours fermée
Après les deux églises, nous nous sommes rendus à l’église des Nations Tabernacle Béthel Israël (TBI), l’église du pasteur Mamadou Philippe Karambiri. Ici, tout est vide, le portail est presque fermé. Deux jeunes sont assis à côté de la bibliothèque de l’église. Après la phase de salutation, nous leur avons demandé si cette église n’est pas ouverte aujourd’hui.
La réponse à notre question semble changée l’ambiance. « Suivez Impact TV et vous saurez ; l’information passe là-bas », nous lance l’un des deux avec un air agacé. En effet, la chaine Impact TV a pour promoteur le pasteur principal de cette église qui n’est rien d’autre que le Dr Mamadou Philippe Karambiri.
- Des dispositifs de lavage des mains à l’entrée de l’église Assemblée de Dieu Temple Emmanuel de 1200 logements
L’histoire retient le lundi 9 mars 2020, le Burkina Faso a déclaré ses premiers cas de malades liés au Covid-19. Il s’est agi du couple pastoral Karambiri revenu d’un séminaire de l’église de Mulhouse, l’un des foyers du Covid-19 en France.
Au regard des différentes églises parcourues en ce jour, on note que les mesures d’hygiène sont respectées. « Dans l’ensemble, les fidèles ont respecté les consignes sécuritaires », nous a confié l’un des responsables à la sécurité de l’EEBBB, Ephraim Maïro. Dans les deux églises, des cache-nez sont distribués aux fidèles qui arrivent sans les leurs.
Ceci est l’ambiance d’un premier jour de reprise dans les lieux où nous sommes passés. Reste à savoir si c’est partout pareillement et si la cadence ne va se maintenir.
Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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