La fédération des associations du secteur informel du Burkina a été reçue par le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure. Les acteurs du secteur ont mené une série d’activités à travers le pays pour contribuer à la sécurité, et veulent que le « premier flic » du pays fasse le plaidoyer pour leur faciliter la tâche. Les visiteurs ont également souhaité que le ministre d’Etat pèse de son poids pour que le secteur informel, pourvoyeur de devises, soit promu et encouragé, notamment à travers sa prise en compte dans l’attribution des marchés publics. C’était dans la matinée du 6 août 2016, au cabinet du ministre à Ouaga.

Ponctuel comme à son habitude, c’est précisément à 7h que Simon Compaoré fait son entrée dans la salle de réunion ce samedi 6 août 2016. Là, l’attendaient déjà les membres de la fédération des associations du secteur informel du Burkina. « Vous êtes vos propres patrons, vous pouvez aller au travail à l’heure que vous voulez, moi j’ai un patron », dira-il, après les avoir remerciés d’être venus tôt.

Après le ‘’Bonjour » d’usage, l’hôte lance à ses visiteurs : « c’est vous qui avez demandé à me voir non ? Donc, vous avez la parole ».

Le président de la fédération Seydou Zangré, après s’être présenté, demande aux membres d’en faire autant. Revenant à l’objet de la visite, le porte-parole des visiteurs campe le décor avec le sujet de la sécurité. Les acteurs du secteur informel marquent leur engagement à accompagner le ministre dans sa mission de sécurisation du territoire, dans un contexte d’insécurité sous régional, comme le ministre de la sécurité le demande tout le temps.

Les attaques terroristes ont par exemple eu un impact négatif sur leurs activités, et c’est parce qu’il y a sécurité que les commerçants, surtout ceux du secteur informel, peuvent vaquer à leurs occupations, dira le président Zangré. Justement pour contribuer à la sécurité du territoire, les commerçants projettent organiser une série de panels dans plusieurs localités du pays à la faveur du 11 décembre. Ceci pour informer et sensibiliser ses membres.

Ils demandent ainsi au ministre d’Etat qui a en charge les structures déconcentrées de l’Etat, d’être leur interlocuteur auprès de certains services de l’Etat, pour faciliter leurs activités.

Participer conséquemment à l’économie nationale

Reprenant une étude de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), Seydou Zangré rappellera que « le secteur informel non agricole regroupe environ 80% des actifs urbains », toute chose qui prouve que le secteur est un puissant outil de lutte contre la pauvreté, et peut contribuer à la relance économique. Pour ce faire, La fédération demande à l’Etat de relancer le forum sur le secteur informel qui n’a plus eu lieu seulement après deux éditions, 2008 et 2010. « Ce cadre de concertation périodique est beaucoup sollicité par le acteurs » a insisté le président de la fédération.

Il indiquera par ailleurs la volonté des membres de contribuer au dynamisme de l’économie nationale, en passant de l’informel au formel, contribuant conséquemment aux impôts et taxes. « Nous souhaitons que l’Etat communique davantage sur les décisions qui touchent notre secteur, notamment en ce qui concerne les taxes (…) » a poursuivi le président de la fédération.

Simon Compaoré salue l’initiative, mais…

Prenant la parole, l’hôte a tenu aussi à se présenter, comme l’ont fait plus tôt ses visiteurs. « Je suis Simon Compaoré, je suis à la retraite depuis 2012 et ce sont les circonstances qui ont voulu que je sois là, mais c’est momentané ».

La démarche de la fédération des associations du secteur informel du Burkina a été saluée par le ministre d’Etat pour qui s’il y a des gens qui ont besoin de sécurité, c’est bien les commerçants.

Pour les questions qui sont de son ressort, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure a pris l’engagement de contribuer à la recherche de solutions. Il s’agit des différentes activités que la fédération entend organiser pour la sensibilisation et la formation de ses membres sur l’étendue du territoire.


Ainsi, les services déconcentrés de l’Etat « sauront que nous vous avons rencontrés et que nous sommes d’accord avec ce que vous voulez faire », a-t-il dit avant de poursuivre qu’il leur sera demandé de donner un coup de main à la fédération pour que ses activités se déroulent correctement. « Ils ont le devoir de le faire. Il n’y a pas de raison qu’ils ne le fassent pas », a noté le ministre.

Par contre, certaines questions soulevées par Seydou Zagré et ses camarades ne relèvent pas des prérogatives du ministre Simon Compaoré. Et pour qu »on » ne dise pas qu’il s’occupe de ce qui ne le regarde pas, il a suggéré que les commerçants s’adressent à d’autres acteurs. Par exemple sur les taxes et impôts, l’occupation du domaine public, Simon Compaoré peut seulement encourager les différentes municipalités à rencontrer les commerçants pour discuter et trouver des solutions.

Mais sur l’attribution des marchés, le ministre a été formel. Tout ce qui peut être fait, c’est de travailler à plus de transparence et offrir plus de chance à tous les soumissionnaires, petits ou grands. Aussi, œuvrer pour que dans les communes, ce ne soit pas des candidats qui viennent d’ailleurs qui raflent les marchés, mais que ces marchés soient prioritairement accordés à ceux qui sont du même ressort territorial. Il a par ailleurs demandé aux commerçants du secteur informel d’être aussi dynamiques.

Il ne peut donc pas s’impliquer pour favoriser une catégorie d’acteurs dans ce sens. Le ministre rappellera à l’occasion ses trois totems. D’abord qu’on vienne lui demander une parcelle. L’ancien maire de la commune de Ouagadougou notera qu’en 17 ans à la tête du conseil municipal, il n’a jamais distribué de parcelles. « Jusqu’à présent, je n’ai pas de parcelles dans la ville de Ouagadougou. On a arrêté des maires, des gens se demandent pourquoi moi je n’ai pas été arrêté, je n’ai pas barboté ».

Ensuite, le favoritisme. Il rappellera que c’est ainsi que certains fonctionnaires se sont retrouvés à la Maison d’arrêt et de correction pour fraude et autres choses.

Enfin, le troisième totem du ministre c’est intervenir pour demander un marché public de façon illégale. Pour lui, si des ministres sont poursuivis aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont dépensé le budget de leur ministère comme si c’était leur argent.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net