Les concours directs de la fonction publique battent leur plein depuis le 1er août et ce, jusqu’au 14 de ce mois. Pour cette année 2016, 102 concours ont été lancés par l’Etat, avec, au moins 1 milliard 100 millions comme budget, alloué à cela. Dans la fièvre de cette composition, nous avons pu rencontrer le ‘’monsieur concours » entre deux sorties de supervision sur le terrain. Emmanuel Nignan, Directeur général de l’Agence générale de recrutement de l’Etat (AGRE), a bien voulu se prêter à nos questions ce mercredi 10 août 2016. Le nombre élevé des candidats, la plainte de certains candidats sur le mode d’évaluation, l’incident lors de l’administration d’une épreuve ce 10 août, la proclamation des résultats, sont entre autres sujets que nous avons abordés.

Lefaso.net : Comment expliquez-vous la hausse significative du nombre de candidats cette année ? Et combien de concours, l’Etat a t-il lancé ?

Emmanuel Nignan, Directeur général de l’Agence générale de recrutement de l’Etat (AGRE) : Cette année, nous avons atteint un certain plafond qui n’avait jamais été réalisé compte tenu de l’annulation de certains concours en 2015. Nous avons 936 264 candidatures. Je dis candidatures, parce que certains ont déposé plusieurs concours à la fois. 102 concours sont organisés pour cette année. Une partie des concours, soit 87, se fait dans toutes les régions du Burkina. Donc 15 concours sont en centre unique à Ouagadougou. Ce sont des épreuves classiques, comme celles des professeurs, des ingénieurs d’agriculture, de la magistrature.

Lefaso.net : Quel bilan pouvez-vous faire du déroulement des concours à ce stade ?

Emmanuel Nignan : Nous devons rendre grâce à Dieu car tout se déroule bien. Les concours, c’est tout une machine qui a commencé depuis le mois de mars 2016. Depuis ce temps, avec la main du bon Dieu, tout se passe bien. Notre souhait est qu’à l’issue de l’administration des épreuves et la proclamation des résultats, nous puissions faire sortir les candidats les meilleurs. C’est-à-dire, ceux-là qui méritent le mieux. C’est vrai qu’il y a eu de petites difficultés qui n’étaient pas de nature à ce qu’on ne puisse pas les maitriser. C’est là aussi notre raison d’être.

Lefaso.net : Certains candidats disent leur satisfaction des innovations. Que répondez-vous à cela ?

Emmanuel Nignan : C’est l’avis des candidats et cela nous conforte dans les choix qui ont été opérés. Cette année, nous avons eu l’occasion de définir tous les termes relatifs au cabinet qui devrait produire les sujets. Nous avons eu plusieurs rencontres de restitutions avec eux et nous les avons canalisés dans ce que nous attendions et dans ce que les candidats attendaient aussi. Si déjà, il y a de la satisfaction, c’est à l’honneur autant pour nous, qu’au nouveau cabinet qui est entré en ligne de compte. C’est une satisfaction partagée pour le ministère et pour nos partenaires qui nous accompagnent.

Lefaso.net : Par contre, d’autres candidats se plaignent des points en moins, en cas de fausses réponses. Mais aussi des concours importants qui se déroulent le même jour.

Emmanuel Nignan : Ce n’est pas une trouvaille exceptionnelle, les points en moins. C’est une forme d’évaluation normale. Si le cabinet a fait l’option des moins, c’est pour aussi rejeter et refuser tous ceux-là qui pensent que les épreuves QCM (questions à choix multiples), c’est de la loterie. En réalité, il n’ y a pas de chance, il y a plutôt une logique dans les sujets, quand vous connaissez. Si vous cochez par hasard, vous ne pourrez jamais être admis, quand la forme d’évaluation est bien faite. C’est une forme dévaluation normale que nous allons apprécier à sa juste valeur.

Pourquoi des concours se retrouvent le même jour ? Nous n’y pouvons rien. Il y a 102 concours que nous allons administrer en treize jours. Donc faites le point par jour. Il y a des jours où on a un seul concours en raison du nombre de candidats. Comme certains jours où il y en a plusieurs. Et là on n’y peut rien.

Lefaso.net : Un incident s’est produit ce matin, 10 août, lors du concours de recrutement des élèves conseillers en intendance scolaire et universitaire (CISU). Qu’en est-il réellement ?


Emmanuel Nignan :
Ce n’est pas un incident. C’est un réajustement que nous avons opéré pour remettre tous les candidats sur la même longueur d’onde. Il y a eu en réalité au niveau de l’impression, la page 4 du sujet qui a été inversé. Et dans un souci d’équité, nous avons annulé cette page sur tout le territoire national. Afin de mettre tous les candidats sur un pied d’égalité. Cela n’entache en rien la qualité du sujet, car les items sont suffisants pour pouvoir évaluer les capacités des candidats.

Lefaso.net : Le sujet aurait pu être simplement changé, comme cela se fait à l’examen du baccalauréat et du brevet d’études du premier cycle (BEPC) ?

Emmanuel Nignan : L’examen et le concours c’est deux choses différentes. Le concours est beaucoup plus sensible. Le sujet est découvert par les candidats avant nous les organisateurs. L’examen se tire et les gens ont connaissance du sujet, même si c’est un cercle restreint. Si c’était le cas, on aurait pu rattraper cette erreur. Mais cette année, même le concepteur du sujet, le cabinet, ne sait pas quelle est l’épreuve qui est passée ce matin. Nous avons réorganisé la chose ainsi.Cela permet de garder une certaine confidentialité.

Lefaso.net : A quel moment se fait la correction ? Qui sont ceux qui sont habilités à corriger les copies des candidats ? A quand les résultats ?

Emmanuel Nignan : La correction se fera immédiatement après l’administration des épreuves. Pour cela, nous ferons appel à des enseignants qui vont corriger. Comme ce sont des questions à choix multiples (QCM), la correction est plus objective et plus simple. Il n’y a pas à dire qu’une phrase, n’a pas une bonne tournure, donc elle n’a pas, tant de points. Soit, vous avez trouvé, soit vous n’avez pas trouvé. Si vous avez trouvé on vous donne les points et si vous n’en n’avez pas trouvé, on vous en retranche. Si bien que le hasard n’est pas permis. On ressortira ceux-là qui sont meilleurs.

Dans notre chronogramme initial nous envisageons les derniers résultats vers la première quinzaine du mois d’octobre 2016. Il y a des résultats qui seront donnés définitivement, dès la première étape. Il y en a d’autres qui ont plusieurs étapes, avec une épreuve orale ou écrite en plus. C’est ce qui nous conduira jusqu’en octobre. On peut attendre les premiers résultats, deux semaines après, dès que nous commençons les délibérations.

Interview réalisée par Marcus Kouaman

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Source: LeFaso.net