Une opération menée par la cellule économique et financière de la section de recherches de la troisième légion de gendarmerie le mercredi 25 juin 2025, a permis de démanteler un réseau illégal de reconditionnement de gaz butane, dans le quartier Balkuy. L’équipe de la cellule économique et financière s’est exprimée devant la presse ce jeudi 3 juillet 2025, afin de revenir en détail sur les faits.
À la tête de ce réseau se trouve T.O., détenteur d’un agrément officiel de commercialisation du gaz butane de marque Total, qui a détourné cet agrément à des fins illégales. Avec la complicité de plusieurs employés, il achetait des bouteilles de gaz de marques diverses dont SODIGAZ, ORYX, SHELL, PEGAZ, PETROBUTAGAZ, etc., sur la place du marché, pour ensuite en transvaser le contenu dans des bouteilles de 12,5 kg.
Le mode opératoire consistait à transvaser le contenu de deux bouteilles de 6 kg d’une valeur de 4 000 FCFA, dans une bouteille de 12,5 kg, revendue au prix officiel de 5 500 FCFA. Un gain de 1 500 FCFA était ainsi réalisé sur chaque opération. L’activité, exercée depuis janvier 2025, approvisionnait deux sites de dépôt-vente à la Patte-d’Oie et à Cissin, ainsi que cinq restaurants de la capitale.
L’intervention des forces de sécurité a permis l’arrestation de trois personnes, dont une conduite à l’hôpital pour raisons de santé sur instruction du Procureur du Faso.
Il ressort des investigations, les saisies de 1 007 bouteilles de gaz dont 907 bouteilles de 6 kg ; 78 bouteilles de 12,5 kg ; 20 bouteilles de 38 kg et 2 bouteilles de 55 kg. Du matériel de transvasement complet ainsi que 16 extincteurs périmés ont également été récupérés.
Selon les estimations, le chiffre d’affaires généré par cette activité serait d’environ 15,7 millions FCFA, avec six employés dont deux dédiés au transvasement, trois dans les points de vente et une secrétaire.
Le chef de la cellule économique et financière, l’adjudant-chef/major, Aimé Yaméogo, a insisté sur les risques énormes que cette activité faisait peser sur la population à savoir les explosions, les incendies, les intoxications.
« Au-delà du gain financier, T.O mettait en danger la vie des citoyens (les revendeurs, les consommateurs et même ses employés) de par la pratique de transvasement du gaz dans les bouteilles et en raison du manque d’étanchéité des bouteilles ainsi reconditionnées. Au-delà, cette pratique créait une situation d’insécurité pour toutes les populations environnantes. C’est ainsi que monsieur T.O fait fortune au détriment des consommateurs quoique le coût du gaz butane soit subventionné par l’Etat burkinabè pour soulager les ménages », a-t-il indiqué.
Les faits reprochés à T.O. relèvent d’infractions telles que l’escroquerie, la tromperie du consommateur, la
concurrence déloyale, la mise en danger de la vie d’autrui et du blanchiment de capitaux.
Présente à cette conférence, la Société nationale burkinabè d’hydrocarbure (SONABHY), par la voix de ses responsables, a tenu à rassurer sur les mesures prises. Un service interne de lutte contre la fraude a été mis en place, travaillant en synergie avec la Coordination nationale de lutte contre la fraude, la Brigade mobile de répression et de contrôle de la fraude (BMCRF) ainsi que les FDS. Des actions de sensibilisation ont été menées, notamment à Bobo-Dioulasso.
Concernant la question du contrôle du poids réel des bouteilles pour les consommateurs, les autorités reconnaissent qu’il s’agit d’un chantier complexe, en lien avec les pratiques des marketeurs privés. Toutefois, des pistes sont explorées pour renforcer la transparence et la sécurité dans la chaîne de distribution.
La lutte contre la fraude et la criminalité économique et financière étant l’affaire de tous , le chef de la cellule économique a appelé la population à la vigilance et à la collaboration, en signalant tout comportement suspect via les numéros verts que sont le 1010 pour CNVA ; le 16 pour la Gendarmerie nationale et le 17 pour la Police nationale.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net
Crédit photo : Bonaventure Paré
Source: LeFaso.net
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