Burkina : L'intelligence économique au cœur d'un symposium national

Dans un contexte mondial en pleine mutation, où les équilibres traditionnels sont bousculés, l’Afrique et le Burkina Faso en particulier se doivent de redéfinir leurs priorités. Pour le directeur général du Centre national d’études stratégiques du Burkina Faso (CNES-BF), le général Barthélémy Simporé, le thème choisi par l’ABIIE n’est pas anodin. « Il épouse les préoccupations les plus actuelles du CNES-BF, une structure logée à la présidence du Faso et investie d’une mission essentielle, qui est d’éclairer les décisions de l’État par des études stratégiques et la formation au leadership », a-t-il déclaré.

Le directeur général du CNES-BF a poursuivi dans ses propos avec insistance : « Le Centre est fortement intéressé par cette thématique. Elle rejoint notre mandat de développer des capacités stratégiques fortes au service de la nation ». Le général Simporé a ainsi salué l’initiative qu’il considère comme un jalon important dans la construction d’une pensée stratégique nationale.

Une réponse aux mutations géopolitiques

Ce basculement, selon lui, comporte à la fois des enjeux et d’importantes opportunités pour les nations africaines, à condition qu’elles prennent le temps d’analyser, de comprendre, et surtout, d’anticiper. « Dans ce monde de compétition, personne ne peut émerger s’il ne réfléchit pas », a-t-il indiqué, insistant sur l’urgence de développer une pensée stratégique propre, capable d’armer le Burkina pour défendre ses intérêts et projeter son développement.

Le CNES-BF, dans cette dynamique, mène plusieurs programmes phares comme la Synergie et capitalisation de la recherche et le Programme d’intelligence stratégique ; autant de leviers pour structurer l’analyse, renforcer le leadership stratégique et produire du sens dans l’action publique.

« Ne pas innover revient à disparaître du marché »

Le Dr Honoré Ouédraogo a souligné que le symposium est ouvert à toutes les couches de la société : professionnels, étudiants, entreprises, ONG, société civile et citoyens lambda. Car, précise-t-il, l’intelligence économique est une affaire collective. Il s’agit d’un projet de partage de savoir visant à bâtir une intelligence collective pour impulser une véritable transformation socio-économique.

Il rappelle que dans un monde en constante évolution, ne pas innover revient à disparaître du marché. Abordant la question de la souveraineté, le président de l’ABIIE la conçoit comme une arme à double portée. Sur le plan défensif, elle implique, explique-t-il, le contrôle des ressources nationales, l’adoption de mesures protectionnistes, l’affirmation d’un État stratège et l’engagement de citoyens productifs.

Sur le plan offensif, elle repose sur la capacité d’influence par l’intelligence économique. Pour lui, la souveraineté ne se limite pas à l’autosuffisance ; elle suppose la conquête de nouveaux marchés, l’influence sur les normes et standards internationaux, ainsi que le renforcement de l’attractivité du pays, dans la perspective d’en faire une véritable puissance économique régionale.

Il a estimé enfin que le Burkina Faso est sur la bonne voie vers cette souveraineté stratégique, mais la réussite dépendra d’un dialogue renforcé et d’une meilleure communication entre l’État et les citoyens, pour garantir leur pleine adhésion aux réformes en cours.

C’est d’ailleurs dans ce sens que le CNES-BF a récemment tenu un forum sur la recherche stratégique autour du thème « L’Afrique et ses ressources stratégiques : défis, enjeux et opportunités de développement », démontrant son engagement à ancrer la réflexion géostratégique dans les réalités nationales en particulier, et africaines en général.

« L’Afrique est en train de s’éveiller, de se réveiller, et veut reconstruire de nouveaux paradigmes pour son développement », a affirmé le général Simporé. Ce renouveau stratégique, selon lui, doit être accompagné par des espaces de réflexion comme ce symposium, afin de penser autrement les mécanismes de développement, d’ancrer les politiques publiques dans une logique d’intelligence anticipative et de valoriser les savoirs endogènes.

Une initiative à saluer et à pérenniser

De l’avis du directeur du CNES-BF, le symposium organisé par l’ABIIE est non seulement opportun, mais il s’inscrit aussi dans une cohérence avec les priorités nationales et continentales. Il a exprimé sa gratitude envers les organisateurs, saluant leur audace intellectuelle et leur sens de l’innovation.

« C’est une excellente initiative qu’il faut soutenir. Nous devons être attentifs aux conclusions de ce symposium et prêts à en accompagner les suites », a-t-il affirmé, tout en exprimant ses vœux de succès à l’association.

L’Association burkinabè d’innovation et d’intelligence économique (ABIIE) est une organisation de développement socioéconomique régie par la loi n°064-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant liberté d’association. Elle ambitionne de bâtir un Burkina Faso nouveau où l’innovation et l’intelligence économique sont intégrées au cœur des politiques, stratégies et plans d’action, dans le but de favoriser une prospérité partagée et un avenir rayonnant pour l’ensemble des citoyens.

Sa mission principale est de fédérer les acteurs économiques autour de la promotion active du concept et de la pratique de l’intelligence économique (IIÉ), à travers des actions structurantes à forte valeur ajoutée. Guidée par les valeurs d’innovation, de responsabilité et de développement durable, l’ABIIÉ œuvre à la création d’une véritable communauté d’intelligence stratégique capable de soutenir la transformation économique et sociale du pays.

Hamed Nanéma

Lefaso.net