La bande de Gaza connaît la guerre depuis presque deux ans. Un organisme de l’Organisation des nations unies (ONU) a officiellement déclaré ce vendredi 22 août 2025 la famine à Gaza. C’est le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire basé à Rome qui vient de l’annoncer. Selon l’IPC, la famine est en cours dans le gouvernorat de Gaza et devrait s’étendre à ceux de Deir el Balah et Khan Younès d’ici fin septembre. Le pouvoir israélien, qui est à la base de la situation par la destruction de 98% des terres agricoles de la zone et le blocus de l’aide, prétend que ce sont de fausses informations provenant du Hamas continuant son plan d’occupation de la ville et sa guerre. Quand on parle de famine, en tant que ressortissant d’un pays sahélien, on se sent interpellé quelque part, touché au creux du ventre. Et c’est titubant que l’on vous propose de revoir ce que c’est que la famine, quelles sont ses principales causes et effets.
La famine « fait référence à une population confrontée à une malnutrition généralisée et à des décès liés à la faim en raison d’un manque d’accès à la nourriture ». C’est une pénurie alimentaire très grave, où toute la population ou une grande partie d’entre elle n’a plus rien à manger et sur une longue période de temps conduisant à la mort. Les gouvernements au plan international ne sont pas unanimes pour définir l’état de famine parce que la famine est éminemment une question politique et de politiques. Il y a des famines qui ont pour cause des dérèglements climatiques (manques de pluie, catastrophes comme les ouragans, les éruptions volcaniques…) mais la plupart des famines sont dues aux conflits, et sont utilisées comme des armes de guerre, de destruction massive. Des problèmes politiques et sociaux peuvent aussi perturber la distribution et le partage des denrées alimentaires. La famine peut être due à l’inflation : les prix des produits alimentaires augmentent et la population n’a pas les moyens d’acheter la nourriture. Et le nombre de bouches affamées peut-être important, parce que dans le pays, la région, il y a un certain nombre de personnes démunies. Quand est-ce que la situation est préoccupante. À partir de 10% ou de 20% de la population ? Les États sont sourcilleux sur leur souveraineté et quand ils n’ont pas déclaré famine, ils ne veulent pas que quelqu’un d’autre en parle. Israël se comporte comme si elle avait déjà annexé la bande de Gaza et ne veut pas que l’ONU dise que la population y meurt de faim. Alors que c’est le gouvernement de Benjamin Netanyahu qui bloque les camions d’aide alimentaire et les empêche d’entrer à Gaza, et le peu d’aide qui rentre fait l’objet de pillages et de détournement par des bandes. Lors de la distribution de nourriture, les soldats israéliens tirent à balles réelles sur la foule affamée soi-disant pour maintenir l’ordre. Or le maintien de l’ordre aurait voulu qu’il y ait de quoi manger pour tous et que la population n’ait pas de crainte d’en manquer. Ce chaos est voulu par les partis extrémistes au pouvoir en Israël qui n’offrent à la population de Gaza que le choix de mourir. C’est pourquoi le chef des droits humains de l’ONU, Volker Türk, dit : « Affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre »
La famine détruit la base et le sommet de la pyramide des âges
La famine est une vieille compagne de l’homme à travers les siècles. L’une de ses premières conséquences est l’augmentation de la sous-nutrition qui affaiblit les défenses immunitaires des populations touchées. Les couches les plus vulnérables sont les enfants de moins de cinq ans et les personnes âgées. « Un enfant atteint de malnutrition avant ses 5 ans aura des retards de croissance, des maladies ou des lésions cérébrales entraînant souvent des retards d’apprentissage, des mauvaises performances scolaires et donc plus tard de plus faibles revenus, les laissant dans le cercle vicieux de la faim. » Les hommes confrontés à la faim perdent tout et des comportements étranges peuvent apparaître.
On raconte que dans les périodes de famine chez nous au Burkina, il est arrivé que des familles ne préparent que tardivement la nuit, et le tô (pate de céréale) très insuffisant est placé au milieu du cercle de famille élargie tout fumant avec sa sauce bouillante. Les vieilles personnes sages font des poignées de tô qu’elles posent à côté d’elles. Et les jeunes impatients se font brûler une deuxième fois en plongeant leur tô dans la sauce et essaient de refroidir la poignée pour la manger. Quand ils ont fini leur unique bouchée, le plat de tô est vide. Dépités ils s’en vont boire de l’eau pour refroidir leurs gorges. Quand ils se sont éloignés, les vieux reprennent leurs boules de tô et mangent davantage que les jeunes.
Les hommes ont réalisé des progrès technologiques inouïs, la terre peut nous nourrir tous mais le monde compte à l’heure où vous nous lisez 733 millions de personnes touchées par la faim. 1 personne sur 11 n’a pas de nourriture suffisante en quantité et en qualité. Ainsi va le monde avec ses guerres où l’homme véritable loup pour l’homme tue son prochain par le fusil ou la famine.
Sana Guy
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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