Dans le cadre de la première foire virtuelle du Burkina Faso, dénommée “Le Faso Digital », dédiée aux solutions numériques, Idrissa Konkobo, expert en transcription numérique avec plus de 25 ans d’expérience internationale, a animé le samedi 18 octobre 2025 une masterclass sur le thème : « Maîtriser le Prompt Engineering pour une utilisation efficace de l’IA générative ».

La session, qui s’est déroulée sur Zoom de 16h à 18h, a réuni des participants avides de découvrir les techniques avancées pour exploiter le potentiel des IA génératives. Ingénieur logiciel de formation, Idrissa Konkobo est passionné par l’intelligence artificielle et engagé dans la transformation numérique. Formé à l’École supérieure d’informatique (EESI) de Ouagadougou, il y a obtenu son diplôme d’ingénieur de travaux informatiques en 1995, avant de débuter sa carrière à la Délégation générale informatique (ex-DLG), où il a successivement occupé les postes de développeur et d’administrateur de système. Aujourd’hui, il met son expertise au service de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), en tant que gestionnaire senior et stratège en transformation numérique.

Le conférencier a commencé par contextualiser l’Intelligence artificielle (IA) et son importance croissante dans le numérique. Selon lui, l’IA consiste à simuler l’intelligence humaine. C’est-à-dire amener des systèmes informatiques à réaliser des tâches normalement exécutées par l’homme, comme comprendre, raisonner et prendre des décisions.

L’IA classique et générative

Idrissa Konkobo a débuté son exposé en distinguant deux grandes catégories d’intelligence artificielle. La première, l’IA classique, repose sur des règles prédéfinies et des bases de données codées. Pour illustrer ce concept, il a comparé la machine à un élève qui apprend à reconnaître un chien ou un chat. À partir de ce qu’il a appris, il est capable de répondre correctement à des questions similaires.

La seconde catégorie, l’IA générative, poursuit l’expert, va plus loin en permettant de créer du contenu inédit. En s’appuyant sur les mêmes connaissances de base, comme la reconnaissance des chiens, des chats ou des humains, l’IA générative peut inventer des éléments nouveaux, par exemple un animal imaginaire. Elle fonctionne en apprenant à partir de vastes ensembles de données pour produire des réponses cohérentes et adaptées au contexte.

Les applications et outils de l’IA

Ainsi, montre Idrissa Konkobo, les applications de l’IA générative sont multiples et touchent divers domaines. Elle peut être utilisée pour générer automatiquement des articles, créer des visuels graphiques, produire des sons ou même réaliser des vidéos. L’expert a également mentionné quelques-uns des outils les plus connus dans ce domaine, tels que ChatGPT, Cloud, Gemini et Copilot de Microsoft, illustrant ainsi la diversité et le potentiel concret de cette technologie.

En clair, l’objectif de cette masterclass a consisté à offrir aux participants les rudiments nécessaires pour formuler des prompts efficaces en vue d’interagir avec une IA, et de découvrir des techniques avancées visant à optimiser les résultats obtenus.

Qu’est-ce qu’un prompt et pourquoi le maîtriser ?

Un prompt est une instruction donnée à l’intelligence artificielle, et c’est lui qui détermine la qualité et la pertinence de la réponse générée, selon l’ingénieur logiciel. Idrissa Konkobo a souligné qu’un bon prompt doit avant tout être clair et précis, afin d’éviter toute ambiguïté dans l’interprétation de la machine. Il doit également définir le contexte et le ton souhaités, car ces éléments orientent la manière dont l’IA formule sa réponse. Enfin, il a insisté sur l’importance de personnaliser le prompt en fonction du rôle de l’utilisateur ou du cadre professionnel, pour obtenir des résultats réellement adaptés aux besoins exprimés.

Les bonnes pratiques

Par exemple, demander à l’IA « quels sont les quatre points cardinaux ? » produit une réponse simple. En ajoutant le contexte « agis comme un enseignant de lycée au Burkina Faso », la réponse devient plus détaillée, contextualisée et adaptée à l’audience.

Tests pratiques et exercices interactifs

Pour rendre la session plus interactive et concrète, le conférencier a proposé une série d’exercices pratiques illustrant les capacités réelles de l’intelligence artificielle. Le premier portait sur la rédaction d’un courriel d’annulation de rendez-vous. Les participants ont soumis un simple prompt, à partir duquel l’IA a produit un message complet, clair et professionnel, précisant la raison de l’empêchement tout en proposant une nouvelle date, démontrant ainsi sa maîtrise du ton et du contexte.

Le second exercice concernait la classification automatique de commentaires clients. À partir d’un exemple concret : « Le livre est arrivé abîmé et en retard. » À ce niveau, les participants ont constaté qu’en l’absence d’instruction claire et précise, l’IA proposait plusieurs catégories possibles. L’exercice visait à montrer comment l’IA peut être orientée vers une réponse plus précise grâce à des consignes bien structurées.

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C’est donc ici qu’intervient le few-shot prompting, une technique consistant à fournir quelques exemples de référence pour guider le raisonnement du modèle. Une fois cette méthode appliquée, l’IA a correctement classé le commentaire dans la catégorie « livraison » selon les consignes qui lui avaient été données. Cet exercice a ainsi démontré l’importance d’injecter des connaissances contextuelles pour renforcer la pertinence et la cohérence des réponses générées par l’intelligence artificielle.

Le Chain-of-thought, le Prompt chaining, et le Tree-of-thought

Poursuivant son exposé, Idrissa Konkobo a présenté trois autres techniques avancées de prompt engineering permettant d’améliorer la qualité du dialogue avec l’intelligence artificielle. La première, appelée chain-of-thought ou « chaîne de pensée », consiste à amener l’IA à raisonner étape par étape avant de formuler une réponse finale. Cette méthode favorise une meilleure logique de raisonnement et une argumentation plus structurée, notamment dans la résolution de problèmes complexes ou les analyses critiques.

Quelques techniques avancées de prompt

Il a ensuite évoqué le prompt chaining, une technique qui combine plusieurs instructions successives pour créer des échanges plus élaborés et cohérents. Enfin, l’arbre de pensée permet à l’IA d’explorer simultanément plusieurs pistes de réflexion à partir d’une même question, avant de sélectionner la plus pertinente. Selon Idrissa Konkobo, ces approches offrent un contrôle accru sur la cohérence, la précision et la profondeur des réponses générées, ouvrant ainsi la voie à une utilisation plus stratégique et personnalisée de l’intelligence artificielle.

Le formateur a également abordé la question des biais de l’intelligence artificielle. Selon lui, il est essentiel de rester vigilant lorsqu’on soumet une requête, car un biais peut facilement se glisser dans la réponse générée. Ces biais, a-t-il expliqué, proviennent le plus souvent des données existantes sur le Web, où certaines régions du monde, notamment l’Afrique, sont encore peu représentées. Pour y remédier, Idrissa Konkobo recommande d’investir davantage dans la production et la mise en ligne de contenus africains, afin de renforcer la présence du continent dans l’espace numérique mondial.

Plus les données africaines seront accessibles, estime-t-il, plus les IA pourront fournir des réponses équilibrées et justes, reflétant la diversité culturelle et linguistique du monde. Un bon prompt, a-t-il insisté, doit donc être conscient et contextualisé, en précisant les régions, les cultures et les perspectives souhaitées. Il conseille également de varier la formulation des requêtes pour obtenir plusieurs angles d’analyse avant de prendre une décision. « À la fin, c’est nous qui décidons. Nous restons responsables de l’information produite. L’IA nous aide, mais c’est à nous d’assumer les réponses qu’elle génère », a-t-il rappelé.

Les hallucinations de l’IA

Abordant ensuite le phénomène des hallucinations de l’IA, Idrissa Konkobo a expliqué que la machine peut parfois présenter des informations fausses avec une logique et une cohérence déconcertantes. « Il arrive que des textes entièrement inventés paraissent si convaincants qu’on les prend pour vrais, et c’est ce qu’on appelle une hallucination », a-t-il illustré. Pour appuyer ses propos, il a comparé ce phénomène à un élève qui, tout en racontant des contre-vérités, parvient à persuader son auditoire par son assurance et la fluidité de son discours. Ces erreurs, a précisé l’expert, proviennent souvent d’un manque de données fiables ou d’un prompt insuffisamment précis, poussant l’IA à combler les vides par l’invention. Pour y faire face, il recommande une vérification humaine systématique et un regard critique sur les résultats produits. « On peut dire à l’IA de nous fournir les sources de ses réponses. Et on doit le faire pour s’assurer que les résultats qu’ils nous communiquent proviennent de sources fiables. Cela peut se faire en lui demandant par exemple de nous fournir des réponses issues des données de la bibliothèque de l’UNESCO ou d’universités crédibles selon nos besoins », a-t-il interpellé.

La réduction des biais

Le stratège en transformation numérique a attiré l’attention sur la confidentialité des données. Il a mis en garde contre la tentation de partager des informations sensibles dans les prompts, telles que les numéros de CNIB, de passeport ou les noms d’enfants mineurs. « Soyez vigilants ! », a-t-il averti, soulignant que chacun doit identifier ce qui relève de la donnée confidentielle, surtout dans les domaines liés à la souveraineté. S’il affirme qu’il n’y a pas lieu de craindre l’usage de l’IA, Idrissa Konkobo encourage néanmoins à l’utiliser avec discernement et responsabilité. Il a rappelé que les systèmes d’IA peuvent refuser de répondre à certaines requêtes jugées inappropriées ou indécentes, mais qu’ils justifient toujours ces refus, preuve que même la machine possède ses garde-fous éthiques.

Les champs d’intervention de l’intelligence artificielle

Selon Idrissa Konkobo, les champs d’application de l’intelligence artificielle (IA) sont vastes et touchent presque tous les domaines de la vie professionnelle et personnelle. Dans le secteur de l’entrepreneuriat, l’IA peut aider à générer des idées innovantes, stimuler la créativité, rédiger un business plan, ou encore élaborer un pitch de vente pour convaincre des investisseurs. Elle permet également d’automatiser certaines tâches répétitives, libérant ainsi du temps pour se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée.

Dans l’administration publique, l’expert souligne que l’IA peut être un outil précieux pour rédiger des documents courants ou proposer des solutions innovantes à des problèmes complexes, comme celui des quartiers non lotis à Ouagadougou. Toutefois, il met en garde contre le risque de fuite d’informations sensibles et recommande de ne jamais intégrer de données confidentielles dans les requêtes adressées à l’IA.

Les étudiants peuvent eux aussi tirer profit de cette technologie pour renforcer leurs connaissances et préparer efficacement leurs examens, à condition d’éviter le plagiat. Idrissa Konkobo déconseille en revanche son usage pendant les évaluations. Pour illustrer l’aspect pratique de l’outil, il a confié : « Lorsque je veux aider ma fille à réviser ses devoirs alors que je suis fatigué, je demande à l’IA de générer dix phrases à partir de mots précis que je lui fournis, afin qu’elle s’exerce à travers une dictée. En deux minutes, je peux ainsi créer un exercice éducatif pour elle. »

Les risques liés à l’IA

Avec réalisme, l’expert a également abordé la crainte de voir l’IA remplacer l’homme dans certains métiers. Pour lui, la solution réside dans la formation continue et l’adaptation. Il invite les gouvernants à accompagner cette transition en intégrant l’enseignement de l’IA dans les programmes scolaires et universitaires, tout en veillant à un encadrement éthique rigoureux. Enfin, Idrissa Konkobo encourage les parents à se familiariser eux-mêmes avec l’IA et à initier leurs enfants à son usage, afin qu’ils ne deviennent pas « les illettrés du monde numérique d’aujourd’hui », tout en posant les balises nécessaires pour prévenir les dérives.

La masterclass a permis de comprendre que l’IA générative n’est pas magique, mais un outil puissant lorsqu’on sait formuler des prompts clairs, contextualisés et adaptés au rôle souhaité. Elle offre un potentiel immense pour la création de contenus, l’analyse et l’automatisation, mais nécessite pratique, ajustements et tests réguliers.

À l’issue de la session qui a réuni une centaine de participants, ces derniers ont exprimé toute leur satisfaction quant à la qualité de la formation et à la richesse des échanges. Beaucoup ont salué la clarté des explications d’Idrissa Konkobo et la pertinence des exercices pratiques qui leur ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de l’IA générative et du prompt engineering. Ils ont également adressé leurs félicitations aux organisateurs de Le Faso Digital pour cette initiative jugée innovante et formatrice, qui contribue à renforcer les compétences numériques des acteurs burkinabè.

Prenant également la parole à la clôture de la session, Dr Cyriaque Paré, promoteur de Le Faso Digital et fondateur du média en ligne pionnier Lefaso.net, a tenu à remercier chaleureusement Idrissa Konkobo pour sa disponibilité et la qualité de sa présentation. Il a également exprimé sa reconnaissance envers l’ensemble des participants pour leur intérêt marqué à la thématique du Prompt Engineering et de l’intelligence artificielle générative.

La prochaine conférence en ligne, prévue pour le dimanche 19 octobre 2025 à 16h via Zoom, réunira trois éminents spécialistes des questions liées à l’intelligence artificielle : Zié Aboubacar Ouattara, Ibrahima Mounkoro et Chrys Fé-Marty Niongolo. Placée sous le thème « L’intelligence artificielle au service des langues nationales », cette rencontre promet des échanges riches et instructifs sur les opportunités qu’offre l’IA pour la promotion et la valorisation des langues africaines. La modération sera assurée par le Pr Mamadou Lamine Sanogo, directeur de recherches et chercheur à l’INSS/CNRST, garantissant ainsi un cadre scientifique rigoureux et stimulant.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net