L’association « Les Gilets verts » a animé une conférence de presse le samedi 18 octobre 2025 à Ouagadougou. Face aux hommes et femmes de médias, elle a partagé des informations essentielles à partir des données qu’elle a collectées. L’objectif était de permettre aux populations de mieux comprendre la loi sur le foncier et l’accès à l’immobilier, afin de prendre des décisions éclairées. L’association a profité de l’occasion pour formuler des doléances et des suggestions à l’endroit des autorités, en particulier du ministère en charge de l’Urbanisme.
Selon « Les Gilets verts », plusieurs constats ont été faits dans le domaine foncier. Le prix des matériaux de construction reste toujours élevé par rapport à certains pays de la sous-région. Par ailleurs, la mise en œuvre de la restructuration des zones pilotes d’habitats spontanés demeure complexe, malgré l’implication des acteurs concernés.
L’association a toutefois reconnu des acquis importants. Elle salue notamment l’assainissement du secteur de la promotion immobilière à travers l’adoption de la loi n°0008/2023 du 20 juin 2023 portant promotion immobilière au Burkina Faso. À ce jour, 28 promoteurs immobiliers ont obtenu un agrément et quatre dossiers sont en instance. Elle relève également la nationalisation du foncier, ainsi que le lancement en mars 2025 de la plateforme numérique SyC@D (Système intégré du cadastre et des domaines). L’association salue aussi l’adoption du décret n°2024-0783 PRES/P/MEF/MATS/MUAFH portant organisation d’une opération spéciale de délivrance de permis urbains d’habiter ou d’attestations d’attribution de parcelles au profit des acquéreurs de parcelles ou de logements auprès des promoteurs immobiliers privés ou des coopératives d’habitat. Elle note le démarrage du projet de construction de 50 000 logements sociaux, dont 598 déjà construits et 300 logements économiques en cours. Elle rappelle qu’aucun promoteur ne peut vendre un terrain nu, même s’il dispose d’un agrément.

Parmi les réformes engagées par le gouvernement, l’association mentionne l’orientation des promoteurs immobiliers vers les constructions en hauteur (HLM) et la limitation de la superficie à 5 hectares par projet. Un HLM témoin a d’ailleurs été construit aux 1200 logements par l’État. Les promoteurs en difficulté peuvent trouver un accord avec l’État sur les modalités de cession de leurs superficies. À ce jour, 127 sites appartenant à 49 promoteurs ont été homologués pour la délivrance de documents. Les superficies à usage d’habitation dans les nouveaux lotissements passeront à 150 m². Chaque citoyen a droit à un logement décent, mais pas nécessairement à l’acquisition d’un terrain. L’association invite les populations à se rapprocher des services compétents du ministère de l’Urbanisme avant toute initiative dans ce domaine.

« Nous tenons à féliciter le gouvernement, à travers le ministère de l’Urbanisme, des Affaires foncières et de l’Habitat, pour les actions et les mesures entreprises pour l’assainissement de ce secteur. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car le chantier est vaste et parsemé d’embûches. Nous souhaitons que les nouvelles mesures évoluent en fonction du contexte de vie chère. L’État doit tenir compte du pouvoir d’achat du citoyen moyen. Il doit aussi faciliter l’accompagnement des promoteurs immobiliers sérieux, tout en communiquant davantage avec les populations », a déclaré le président de l’association « Les Gilets verts », Frédéric Yaméogo.
Les propositions
Pour conclure, « Les Gilets verts » ont formulé plusieurs doléances et suggestions pour faciliter l’accès des populations à un logement décent. Elles recommandent notamment :
• la publication par le ministère de l’Urbanisme d’une nouvelle liste d’acquéreurs de parcelles ou de logements auprès des promoteurs ;
• la fixation d’un nouveau délai par la Direction générale des impôts (DGI), accompagné de facilités de paiement, pour l’acquittement des frais liés à l’opération spéciale de délivrance de permis urbains d’habiter ou d’attestations d’attribution de parcelles ;
• la prolongation du délai de mise en valeur des terrains de 4 à 5 ans pour les personnes ayant acheté des parcelles à usage d’habitation dont le délai est échu ou inférieur à un an ;
• l’augmentation jusqu’à 7 ans du délai de mise en valeur des terrains dans les cités relais, en tenant compte des réalités socio-économiques des populations ;
• la révision et l’application effective des textes sur le bail locatif pour faciliter l’accès au logement pour les non-propriétaires ;
• le renforcement du contrôle de l’exécution des cahiers de charges des promoteurs publics et privés (viabilisation, qualité des constructions, respect des délais) ;
• la mobilisation de davantage de promoteurs agréés pour la construction de logements décents et accessibles ;
• l’encouragement de la location-vente et la capitalisation des leçons tirées du projet des 40 000 logements sociaux pour améliorer le projet en cours ;
• l’intensification des campagnes d’information et de sensibilisation auprès des populations ;
• l’accélération de l’apurement du passif et de la restructuration des zones non loties, avec indemnisation ou relogement des populations affectées ;
• le renforcement des capacités opérationnelles des promoteurs publics ;
• la lutte contre les arnaques en ligne lors des opérations foncières et la poursuite des auteurs de détournements de parcelles ;
• la poursuite des opérations de lotissement dans les communes rurales et semi-urbaines.
- Lire aussi : Burkina/Immobilier : Les « Gilets verts » sensibilisent sur la nouvelle loi portant promotion immobilière
Créée en 2020, l’association « Les Gilets verts » dispose de 10 bureaux répartis dans les 10 arrondissements de Ouagadougou. Elle œuvre en faveur de l’amélioration de l’accès au logement décent à travers des campagnes d’information et de sensibilisation, un rôle d’intermédiation, des orientations juridiques en cas de litiges, ainsi que des travaux communautaires.
Samirah Bationo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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