L’ingénieur logiciel et stratège en transformation numérique, Idrissa Konkobo, a animé le mardi 21 octobre 2025, de 10h30 à 12h30, sa deuxième masterclass dans le cadre de la première foire virtuelle du Burkina dédiée aux solutions numériques, Le Faso Digital. Placée sous le thème « De la stratégie à la livraison : Maîtriser l’agilité dans les organisations IT », la session a permis de mettre en lumière les bonnes pratiques pour intégrer l’agilité dans les environnements technologiques. Fort d’un parcours entre Ouagadougou, Montréal et Paris, et actuellement gestionnaire senior à la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), Idrissa Konkobo a partagé son expertise pour aider les organisations à gagner en performance, en efficacité et en innovation.
Idrissa Konkobo a entamé sa masterclass en posant les bases conceptuelles à travers la présentation de deux définitions clés sur la transformation digitale. D’une part, au niveau de l’entreprise, il définit la transformation digitale comme étant l’intégration stratégique des technologies numériques dans toutes les dimensions d’une organisation, afin d’améliorer sa performance, son agilité et sa pertinence dans un environnement en constante évolution. « Autrement dit, il s’agit de revoir nos façons d’opérer à la lumière de la technologie et de se demander : Qu’est-ce que cela pourrait changer dans nos pratiques ? Cette transformation est fondamentale et critique, car elle permet à l’organisation de répondre efficacement aux mutations rapides du monde et de s’appuyer sur les possibilités offertes par le numérique », a-t-il déclaré.
D’autre part, à l’échelle d’un pays, il a décrit à l’image de la mobilisation des technologies pour moderniser la gouvernance, optimiser les services publics et accélérer le développement économique. « Pour un pays, la transformation digitale poursuit des objectifs différents : il ne s’agit pas simplement de mobiliser la technologie, mais de moderniser la gouvernance, d’améliorer les services publics et d’accélérer le développement économique. L’objectif est de bâtir des États plus ouverts, plus agiles et plus inclusifs, sans laisser personne au bord de la route, afin d’offrir des services accessibles, rapides et transparents », a-t-il indiqué.
Après avoir présenté les défis majeurs de la transformation digitale, le stratège en transformation numérique a insisté sur l’importance de s’adapter à un environnement volatile, incertain, complexe, et ambigu (VUCA). Un environnement où la vitesse d’innovation, la centralité du client, l’explosion des données, la collaboration interservices, et l’exigence de création de valeur continue imposent de nouvelles façons de travailler.
La centralité du client
Idrissa Konkobo a ensuite, souligné que l’une des transformations majeures de la présente époque réside dans la centralité du client. Selon lui, les utilisateurs d’aujourd’hui recherchent des expériences hautement personnalisées, adaptées à leurs besoins spécifiques et délivrées en continu. L’individualisme, précise-t-il, s’est accentué au point où chaque consommateur attend une réponse à la fois rapide et sur mesure. Un constat qui se fait aussi bien dans les services publics, que sur les produits numériques, ou dans les interactions sur les réseaux sociaux.
Cette exigence accrue place les organisations face à un défi d’adaptation constant. Celui de comprendre et d’anticiper les attentes de clients de plus en plus informés, connectés et volatils. Aussi, il a mis en avant l’explosion des données, rappelant que chaque navigation sur internet ou interaction en ligne génère des traces exploitables.
Trois leviers indispensables à la réussite du digital
L’ingénieur et stratège a ensuite insisté sur trois leviers indispensables à la réussite de toute transformation digitale. Ce sont la collaboration, la création continue de valeur et la sensibilisation. Dans un monde interconnecté, explique-t-il, aucune organisation ne peut fonctionner en vase clos. Pour lui, il faut casser les silos et encourager la co-construction, car c’est de la collaboration que naît l’innovation. La transformation numérique n’est pas un projet ponctuel, mais un processus continu où la valeur doit être sans cesse recréée dans un contexte en mutation permanente. D’où la nécessité d’une résilience organisationnelle, soutenue par une écoute active et une vulgarisation des technologies afin d’impliquer tous les acteurs collaborateurs, décideurs ou citoyen dans la dynamique du changement.
« Pour illustrer, prenons l’exemple des politiques économiques : un jour les tarifs douaniers sont à 20%, le lendemain à 30%, puis à 50%. De manière plus générale, dans la vie quotidienne, la vitesse à laquelle les innovations apparaissent est vertigineuse. Aujourd’hui, on parle d’intelligence artificielle, d’automatisation, d’objets connectés… Les téléphones que nous utilisions il y a quelques années semblent déjà appartenir à une autre époque. Les réseaux sociaux eux-mêmes évoluent sans cesse, avec de nouvelles applications qui apparaissent presque chaque jour », a-t-il montré.
Ainsi, pour davantage se faire comprendre, Idrissa Konkobo a d’abord exposé les méthodes classiques de gestion de projet, fondées sur trois principes essentiels : la prévisibilité, le contrôle, et la séquentialité des phases, constituées de l’analyse, la conception, le développement, les tests, et le déploiement. Cela, afin de respecter le plan initial en termes de temps, budget et périmètre. Dans ce cadre, le fonctionnement repose sur un processus séquentiel, une gouvernance hiérarchique via des comités et des validations formelles, ainsi qu’une une planification prédictive qui définit à l’avance les besoins, les délais et budgets, illustrée par l’exemple de la méthode en cascade (Waterfall).
Il a aussi expliqué que la mise en œuvre concrète de projets s’est longtemps appuyée sur les méthodes classiques de gestion, issues du monde industriel. Ces approches reposent sur une planification complète et linéaire avant toute exécution, avec pour objectif de maîtriser les trois variables fondamentales que sont le temps, les coûts et le périmètre.
Cependant, le conférencier a tenu à souligner que ces approches montrent rapidement leurs limites dans un monde en constante mutation. Les transformations numériques, marquées par l’incertitude, la rapidité d’innovation et la complexité des besoins utilisateurs, ne peuvent s’accommoder d’une gouvernance hiérarchique rigide ni d’une planification prédictive où tout est figé à l’avance. Dans le contexte actuel, les entreprises doivent pouvoir produire de la valeur en continu, s’adapter aux changements et ajuster leurs processus au fur et à mesure. Les caractéristiques comme la stabilité, le contrôle, la planification qui faisaient la force des méthodes classiques, deviennent paradoxalement une faiblesse, dès lors que la flexibilité et la réactivité deviennent des impératifs stratégiques.

Pour Idrissa Konkobo, ces modèles séquentiels ne répondent plus aux exigences d’un environnement numérique où les utilisateurs veulent des innovations fréquentes et des expériences renouvelées. Leur principal défaut réside dans le fait qu’ils ne livrent de la valeur qu’à la fin du projet. En d’autres termes, tant que le processus n’est pas achevé, aucun bénéfice concret n’est perçu par l’utilisateur. Cette approche ne convient plus à une ère où les besoins changent sans cesse et où les utilisateurs comparent, testent et adoptent rapidement de nouvelles solutions. En s’en tenant à un cycle rigide, les organisations courent le risque d’être dépassées avant même la fin de la mise en œuvre.
Le stratège en transformation numérique a conclu cette partie en citant l’exemple d’un projet de modernisation de la CDREC, dont l’échec illustre les limites de ces approches. Le manque de livraisons progressives a empêché de recueillir les retours utilisateurs en temps réel, rendant les ajustements impossibles à temps. Selon lui, cette incapacité à intégrer le feedback en continu explique en grande partie les échecs répétés de nombreux projets digitaux. Il soutient alors que dans un monde où la technologie et les attentes évoluent à grande vitesse, seules des méthodes plus souples et itératives comme l’agilité permettent de garantir la pertinence, la réactivité et la satisfaction des utilisateurs finaux.
Face à la pression constante de l’innovation et à la nécessité d’une réactivité accrue, Idrissa Konkobo a appelé à une remise en question profonde des méthodes de gestion traditionnelles. De son point vue, continuer à appliquer les approches classiques dans un monde aussi mouvant revient à « aller droit dans le mur ». Il estime que les organisations doivent désormais changer de méthode et adopter des approches plus adaptatives, capables de concilier vision stratégique et flexibilité opérationnelle. L’enjeu n’est plus seulement de planifier, mais d’apprendre en marchant, d’ajuster les moyens sans perdre de vue la direction à suivre. Autrement dit, il ne s’agit pas d’abandonner la rigueur des anciens modèles, mais de l’associer à une capacité d’adaptation continue pour mieux répondre à la volatilité du monde numérique.
Les principes de l’agilité
Le conférencier a ainsi introduit les méthodes agiles comme une réponse pertinente à cette transformation. Contrairement aux approches traditionnelles fondées sur le contrôle et la prévisibilité, l’agilité repose sur la souplesse et l’expérimentation, a-t-il présenté. Elle fixe un cap clair, mais laisse aux équipes la liberté de déterminer la meilleure manière d’y parvenir. Cette philosophie permet d’intégrer rapidement le retour d’expérience, de corriger les erreurs au fur et à mesure, et de générer de la valeur à chaque étape du processus. À titre d’exemple, le cadre Scaled Agile Framework (SAFe) offre un système de pilotage continu des risques. Plutôt que d’attendre qu’un problème survienne, il permet de l’anticiper grâce à des indicateurs suivis en temps réel. Ce type de gouvernance agile favorise non seulement la réactivité, mais aussi la collaboration transversale entre les équipes.
De l’avis d’Idrissa Konkobo, les approches agiles possèdent toutes les qualités nécessaires pour répondre aux défis du monde moderne. Elles permettent d’accélérer la création de valeur, de mieux gérer l’incertitude et d’impliquer davantage les parties prenantes dans le processus de transformation. Là où les méthodes classiques privilégient la planification et le contrôle, l’agilité encourage la co-construction, l’expérimentation et la responsabilisation. C’est précisément cette philosophie qui aide les organisations à passer efficacement de la stratégie à l’exécution, condition essentielle pour réussir une transformation digitale, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un État.
Afin d’éclairer davantage son propos, le stratège est revenu sur les origines et les fondements du Manifeste Agile, rédigé en 2001 par les pionniers du développement logiciel. Ce document a défini quatre valeurs universelles. Elles se traduisent par les individus et leurs interactions qui priment sur les processus et les outils ; un logiciel fonctionnel qui est plus important qu’une documentation exhaustive ; la collaboration avec le client qui est privilégiée à la négociation contractuelle ; et enfin, l’adaptation au changement qui prévaut sur l’exécution rigide d’un plan. Pour l’expert, ces principes constituent la clé de la réussite des organisations modernes : ils replacent l’humain, la flexibilité et la valeur concrète au centre de la dynamique de transformation.
Ainsi, les quatre valeurs fondatrices du Manifeste Agile, présentées par le panéliste, à savoir priorité au client, collaboration, logiciel fonctionnel et réactivité au changement, servent de boussole à douze principes qui guident la mise en œuvre pratique de cette philosophie.
Parmi eux, indique monsieur Konkobo, l’un des plus marquants insiste sur la satisfaction rapide du client. Dans un environnement où tout évolue à grande vitesse, la réactivité devient une compétence vitale. Accueillir favorablement le changement, même tardif, n’est pas une contrainte mais une opportunité. « Si une modification est demandée, c’est qu’elle apporte une nouvelle valeur », assure-t-il.
Autre principe clé évoqué par l’ingénieur est la mesure du progrès, non par la quantité d’efforts fournis ou la documentation produite, mais par la fonctionnalité réelle du produit. Il estime que seul un logiciel qui fonctionne, constitue une preuve de succès. Cette approche pratique met fin à la culture du “papier pour le papier” et replace la performance au cœur de l’usage.
Agilité et administration : un mariage possible
Une question centrale de la masterclass concernait l’application de l’agilité dans le secteur administratif, traditionnellement attaché à ses manuels de procédures rigides. De l’avis d’Idrissa Konkobo, il ne s’agit pas d’opposer les deux mondes, mais de comprendre quand et comment chaque méthode fonctionne. Si les procédures changent peu, les approches classiques restent efficaces. En revanche, dans un environnement en mutation, tel que celui de la transformation digitale, la rigidité devient un handicap.
L’enjeu est donc pour lui, de trouver un équilibre. C’est-à-dire savoir utiliser les procédures comme référentiels de base tout en adoptant des méthodes plus flexibles pour gérer l’évolution des besoins. Autrement dit, dans un monde stable, le modèle traditionnel marche ; dans un monde changeant, l’agilité s’impose.
Scrum : le cadre de l’agilité opérationnelle
Afin d’illustrer cette philosophie, le conférencier a présenté Scrum, l’un des cadres agiles les plus utilisés au monde. Scrum, présente-t-il, repose sur trois piliers que sont la transparence, l’inspection et l’adaptation. La transparence garantit la visibilité totale du travail en cours, où le code, les tâches et l’avancement sont accessibles à tous via des outils comme Jira ou Trello.
L’inspection, lui, se traduit par des revues régulières comme les réunions quotidiennes, les démonstrations, les rétrospectives, permettant de vérifier la qualité du travail et de corriger rapidement les écarts.
L’adaptation, enfin, permet à l’équipe d’ajuster sa trajectoire à chaque itération. Si un client détecte une erreur à la fin d’un sprint, elle sera corrigée en quelques jours, et non après des mois de développement. Cette boucle de rétroaction permanente fait de Scrum, confie le conférencier, un système vivant et évolutif, à l’opposé des approches linéaires où l’on ne découvre les erreurs qu’à la fin du projet.
Des rôles bien définis pour une équipe autonome
Le passionné de l’intelligence artificielle mentionne que l’agilité repose sur des équipes auto-organisées et pluridisciplinaires, capables de progresser sans dépendances excessives. Il affirme ensuite que trois rôles principaux coexistent dans Scrum à cet effet.
Le premier est le Product Owner (PO) qui définit la vision du produit et priorise les fonctionnalités à développer. Il représente la voix du client et valide les incréments livrés. Le deuxième, lui, est le Scrum Master qui veille au respect du cadre Scrum et élimine les obstacles susceptibles de ralentir l’équipe, qu’ils soient administratifs, techniques ou organisationnels.
Quant à l’équipe de développement, le troisième rôle mis en relief par le stratège en transformation digitale, il est multidisciplinaire. Il conçoit, code, teste et livre les incréments. Chacun y contribue sans hiérarchie figée, dans une logique de responsabilité partagée.
Cette organisation favorise l’autonomie, la réactivité et la satisfaction collective. Ainsi, lors des cérémonies Scrum : sprints, démonstrations, ou rétrospectives, chaque membre prend la parole, partage son avancement, et célèbre les progrès accomplis.
Des cycles courts pour livrer de la valeur rapidement
Idrissa Konkobo montre que le sprint constitue le cœur du processus Scrum. C’est une période de travail concentré, généralement de 1 à 4 semaines, à l’issue de laquelle l’équipe livre un incrément du produit une version partielle mais fonctionnelle. Cette approche incrémentale présente plusieurs avantages, permettant des livraisons rapides, encourageant les retours utilisateurs fréquents, et renforçant l’appropriation du produit par les clients.
Selon lui, les outils Scrum, appelés artefacts, comme le product backlog (liste globale des fonctionnalités), le sprint backlog (tâches du sprint en cours), et l’incrément (livrable produit) facilitent ce suivi. Cette clarté organisationnelle crée un cadre propice à la performance collective.
Des valeurs humaines au cœur de la méthode
Ainsi, Scrum ne se limite pas à une méthode de gestion de projet poursuit monsieur Konkobo. Il s’agit avant tout d’un état d’esprit fondé sur des valeurs humaines. Le focus client, la transparence, la collaboration et l’apprentissage continu en sont les piliers.
Chaque itération permet à l’équipe de grandir, apprendre et s’améliorer. La rétrospective, moment clé du processus, précise-t-il, offre une occasion de célébrer les réussites, d’identifier les points d’amélioration et de renforcer la cohésion. C’est cette dynamique d’amélioration continue qui fait la force de Scrum.
Agilité à grande échelle : coordonner sans perdre la souplesse
Pour les projets plus complexes impliquant plusieurs équipes, Idrissa Konkobo a présenté le cadre SAFe (Scaled Agile Framework). Inspiré de Scrum, SAFe permet, argumente-t-il, de synchroniser plusieurs équipes travaillant sur un même produit tout en préservant leur autonomie.
Chaque équipe conserve sa structure agile interne, mais toutes sont alignées sur une vision stratégique commune. Cette approche garantit la cohérence du produit final et la fluidité de la collaboration à grande échelle. Elle introduit également une gouvernance adaptative, où la stratégie globale s’ajuste en fonction des retours du terrain.
Agilité, qualité et innovation : un trio gagnant
Le passionné de l’IA va plus loin dans ces explications pour s’assurer que le message est bien passé. Dans l’approche agile, la qualité, insiste-t-il, est intégrée dès le départ. Les tests ne sont plus réalisés à la fin du développement, mais tout au long du processus. Chaque développeur vérifie son travail au fur et à mesure, ce qui permet de détecter rapidement les anomalies et d’assurer un produit robuste.
Ce principe s’oppose au modèle Waterfall (en cascade), où les tests et validations tardifs entraînent souvent des coûts élevés de correction. Dans un contexte administratif en pleine numérisation, cette approche agile réduit les risques de décalage entre la conception et la réalité des besoins.
Changer de paradigme
Alors que la méthode classique s’appuie sur un cahier des charges exhaustif, parfois de centaines de pages, l’agilité fait savoir l’expert, privilégie la conception d’un MVP (Minimum Viable Product) : une première version fonctionnelle et testable du produit. Cette stratégie offre un double avantage : obtenir des résultats rapidement pour valider les choix techniques et fonctionnels, et ajuster le produit en fonction des retours utilisateurs réels.
La différence entre prototype et MVP réside dans leur finalité : le prototype sert à tester une idée, tandis que le MVP est destiné à être mis en production. Cette distinction permet d’éviter le gaspillage et de concentrer les efforts sur ce qui crée réellement de la valeur.
Une culture du changement et de la valeur
En conclusion, Idrissa Konkobo rappelle que la transformation digitale n’est pas qu’une question de technologie : c’est avant tout un changement culturel. L’agilité favorise une gouvernance plus fluide, une meilleure collaboration entre les acteurs et une adaptation continue face à l’incertitude.
Qu’il s’agisse d’une entreprise privée ou d’une administration publique, le succès de la transformation repose sur la capacité à livrer de la valeur rapidement, à impliquer les utilisateurs et à apprendre en marchant. En un mot, l’agilité n’est pas un luxe, mais une nécessité dans un monde où la vitesse de l’innovation impose d’apprendre, de s’adapter et de progresser sans cesse.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents