
La Semaine nationale de lutte contre la cybercriminalité (SNLC) 2025 a officiellement pris fin le vendredi 31 octobre, à Ouagadougou, sous le patronage du ministre de la sécurité, le commissaire divisionnaire de police Mahamadou Sana. Elle a donné lieu à plusieurs jours d’échanges stratégiques et d’engagement collectif, pour un cyberespace plus sûr. La cérémonie s’est déroulée en présence de la vice-présidente de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), la commissaire Haoua Sanogo, et du président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo.
En présentant le rapport général des travaux, le directeur général des transmissions et de l’informatique du ministère de la Sécurité, le commissaire principal Zakaria Hébié, a rappelé que l’édition 2025 s’est tenue sous le signe de la vigilance collective, de la coopération renforcée, et de la souveraineté numérique. Une mobilisation qui devient impérative dans un contexte marqué par la montée fulgurante de la cybercriminalité au Burkina Faso et dans le monde. C’est à ce titre que le thème central intitulé « Bâtir une résilience nationale face à la cybercriminalité : un impératif pour la paix, la sécurité et la souveraineté numérique du Burkina Faso » a été retenu.
Des solutions face aux menaces
Dans le cadre de la Semaine nationale de lutte contre la cybercriminalité 2025, plusieurs actions concrètes ont été menées pour renforcer la sécurité numérique au Burkina Faso. L’opération de répression « Cyber Balayage » a permis plus de 12 déferrements au parquet, illustrant la détermination des forces de l’ordre. Aussi, huit panels thématiques ont abordé des sujets clés de cybersécurité. Tandis que des sessions de sensibilisation ont été conduites dans cinq régions (Kadiogo, Guiriko, Yaadga, Nando et Nakanbé). Cela, en vue de former et d’informer les citoyens sur les bonnes pratiques numériques. Des formations spécialisées ont également été organisées au profit des officiers de police judiciaire, afin de renforcer leurs compétences dans la lutte contre la cybercriminalité.

Les échanges au cours des panels ont permis d’analyser les principales menaces pesant sur la sécurité nationale, notamment la multiplication des discours de haine et les manipulations alimentées par l’intelligence artificielle. Cela a également permis de proposer la mise en place d’un plan national et d’un système de veille numérique, capable notamment de déconstruire les fake news.
Les discussions ont également porté sur le panorama des cybermenaces, soulignant la nécessité de renforcer les capacités techniques et d’intégrer plus rapidement les outils d’intelligence artificielle dans les dispositifs de défense et la protection des données. Elles aussi ont montré l’importance de mettre en place des mécanismes de réduction des vulnérabilités des systèmes d’informations, tout en renforçant la sensibilisation des populations et la formation des acteurs sur les bonnes pratiques. La gouvernance et la cyberdiplomatie ont été au cœur des débats, avec un appel à une meilleure coordination nationale et à une participation accrue du Burkina Faso aux instances internationales.

Les panels ont mis en lumière les défis spécifiques de la police judiciaire face à la criminalité numérique, en insistant sur l’adaptation des méthodes d’enquête, la coopération interservices et le renforcement des compétences. Dans le domaine financier, il a été recommandé de protéger davantage les utilisateurs face aux arnaques numériques et de consolider les partenariats entre acteurs publics et privés, notamment dans les services fintech et l’encadrement des cryptomonnaies.
Enfin, les enjeux liés aux jeux et investissements en ligne ainsi qu’à la protection de l’enfance ont été abordés. Les participants ont souligné la nécessité de réglementer ces secteurs pour prévenir les dérives, renforcer la responsabilité des familles et des plateformes, et limiter l’exposition des mineurs aux contenus dangereux dans l’espace numérique.

Ces échanges, selon le commissaire Hébié, témoignent de l’urgence de consolider une culture nationale de cybersécurité, désormais considérée comme un enjeu de sécurité publique, de stabilité sociale et de développement économique.
Les recommandations transversales de la SNLC 2025 définissent une feuille de route ambitieuse pour renforcer la cybersécurité au Burkina Faso. Elles préconisent notamment l’établissement d’un cadre stratégique national global, la réglementation des secteurs sensibles, ainsi que le renforcement de la sensibilisation du public et de la formation des professionnels.
Par ailleurs, l’intégration des technologies avancées, en particulier l’intelligence artificielle, est encouragée pour moderniser les dispositifs de protection numérique. La SNLC insiste également sur la nécessité d’intensifier la coopération, tant au niveau national qu’international, afin de mieux anticiper et contrer les menaces dans un cyberespace en constante évolution.

Dr Cyriaque Paré honoré
Lauréat du trophée d’honneur de la lutte contre la cybercriminalité, le Dr Cyriaque Paré a exprimé toute sa gratitude à la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, pour l’organisation réussie de cette première Semaine nationale, dédiée à la protection du cyberespace. Bien qu’il n’ait pas pu assister à la Nuit des acteurs, il a salué l’initiative ainsi que l’engagement de toutes les personnes physiques et morales œuvrant pour un environnement numérique plus sûr. Il considère cette distinction comme une marque de reconnaissance importante envers ceux qui se battent quotidiennement contre les menaces numériques et les dérives informationnelles.
Pour le Dr Paré, ce trophée représente aussi un appel à renforcer la mobilisation face aux défis croissants du monde numérique. Il insiste sur le fait que les désordres informationnels, en plus de compromettre la sécurité, mettent en péril la cohésion et la stabilité des États. D’où la nécessité de maintenir la vigilance, de promouvoir la collaboration entre acteurs, et de consolider la résilience nationale. Cette distinction vient donc renforcer son engagement à poursuivre, avec détermination, la lutte contre la manipulation de l’information et les cybermenaces qui fragilisent les sociétés modernes.

Mobilisation générale pour un cyberespace sûr
C’est avec une profonde émotion et une réelle satisfaction que le ministre de la sécurité, Mahamadou Sana, a pris la parole à l’occasion de la Nuit des acteurs de la lutte contre la cybercriminalité, qui vient couronner une semaine dense et riche en échanges. Selon lui, cette édition a réaffirmé une vérité fondamentale, celle que la cybersécurité est l’affaire de tous. Elle ne se limite pas aux spécialistes ou aux forces de l’ordre, dit-il, mais concerne chaque citoyen, chaque institution et chaque entreprise, à mesure que la révolution numérique transforme tous les aspects de la vie quotidienne, des administrations aux écoles, en passant par les interactions sociales.
Le ministre a rappelé avec force une citation de Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. » Dans le contexte de la lutte contre la cybercriminalité, cette maxime traduit l’importance de la sensibilisation et de la formation. Plus les citoyens sont informés et formés, plus ils deviennent capables de se protéger et de contribuer à une souveraineté numérique durable pour le Burkina Faso.

Pour le ministre, la première édition de la Semaine nationale de lutte contre la cybercriminalité, placée sous le thème « Bâtir une résilience nationale face à la cybercriminalité : un impératif pour la paix, la sécurité et la souveraineté numérique », a créé une dynamique nouvelle fondée sur la coopération entre l’État, le secteur privé, les universités, la société civile et les jeunes innovateurs. Les panels de haut niveau, les formations, les compétitions de maracaña, les journées portes ouvertes et les sensibilisations régionales ont montré que la résilience numérique repose sur la synergie de toutes les forces vives de la nation.
La Nuit des acteurs a permis de célébrer celles et ceux qui œuvrent, souvent loin des projecteurs, à protéger le pays contre les menaces du cyberespace. Le ministre a salué leur compétence, leur rigueur, leur créativité et leur patriotisme numérique, tout en remerciant les partenaires institutionnels, techniques et financiers ainsi que le Comité national d’organisation. Il a annoncé que la prochaine édition se tiendra du 27 au 31 octobre 2026, exhortant tous les acteurs à rester vigilants, solidaires et déterminés à bâtir un cyberespace sécurisé, éthique et souverain, au service du développement et de la paix.

Il a exprimé sa gratitude aux ministres, institutions partenaires, experts, médias, associations et jeunes innovateurs pour leur contribution au succès de cette première édition, soulignant l’importance de la collaboration pour renforcer la cybersécurité nationale.
Il a également rendu hommage au Comité national d’organisation pour son professionnalisme et son dévouement, qui ont permis de faire de cette semaine un événement de portée nationale et un modèle de mobilisation citoyenne. Le commissaire a conclu en appelant à maintenir la même passion et détermination pour les éditions futures, afin de bâtir une société résiliente face aux menaces numériques, dans un esprit de reconnaissance, de solidarité et de fierté nationale.

Révélé au grand public en 2021 avec son titre « Sodaga », l’artiste a su allier talent et émotion, apportant une touche festive et inspirante à cet événement dédié à la cybersécurité, et rappelant que la culture et la créativité ont également leur rôle à jouer dans la mobilisation citoyenne.
La SNLC 2025 se referme donc avec une conviction partagée : la protection de l’espace numérique est une responsabilité nationale. Et le Burkina Faso entend bien s’y tenir, avec l’accompagnement des entreprises citoyennes comme Orange Burkina Faso, partenaire officiel de cette présente édition.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents