
Le Conseil supérieur de la communication (CSC), en partenariat avec le Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF), a ouvert le mardi 4 novembre 2025 à Ziniaré un atelier de trois jours sur le thème : « Contribution des communicateurs religieux et des médias confessionnels au dialogue interreligieux et à la promotion de la paix en temps de crise ». L’activité, qui se tient du 4 au 6 novembre, réunit des communicateurs, des représentants de médias confessionnels et des leaders religieux autour des enjeux du vivre-ensemble au Burkina Faso.
Le Burkina Faso traverse l’une des périodes les plus complexes de son histoire. Entre défis sécuritaires, fractures sociales et montée des discours de haine, le tissu national se trouve mis à rude épreuve. Les réseaux sociaux amplifient parfois la désinformation, brouillant les repères et attisant les tensions communautaires. Dans ce climat fragile, les voix des communicateurs religieux comptent plus que jamais. C’est pourquoi pendant trois jours, communicateurs religieux, journalistes confessionnels, leaders d’opinion et représentants d’institutions publiques vont s’interroger sur leur rôle dans la sauvegarde du vivre-ensemble.
Présidée par Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo, président du CSC, la cérémonie d’ouverture a connu la présence du conseiller national du DCAF et du secrétaire général de la région de l’Oubri, représentant la gouverneure. Le président du CSC a salué la qualité du partenariat entre le CSC et le DCAF, qui, selon lui, « illustre la complémentarité entre gouvernance sécuritaire et communication responsable ». Ce partenariat, a-t-il rappelé, s’inscrit dans une collaboration de longue date, le CSC étant membre du comité consultatif du DCAF, chargé d’orienter les réflexions sur la gouvernance du secteur de la sécurité au Burkina Faso.

Pour Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo, président du CSC, la régulation de la parole publique religieuse est aujourd’hui un impératif. Dans son discours d’ouverture, il a rappelé que les propos haineux et les interprétations abusives, parfois diffusés sur les ondes ou les plateformes numériques, menacent la cohésion du pays. « Le discours religieux, lorsqu’il est responsable, éclaire les consciences et favorise la réconciliation. Mais mal orienté, il peut devenir source de division », a-t-il averti. Le CSC, explique-t-il, ne cherche pas à censurer, mais à accompagner. L’objectif de cet atelier est de renforcer la capacité des acteurs religieux et médiatiques à communiquer avec discernement, dans le respect des valeurs du vivre-ensemble.
La gouverneure de la région de l’Oubri, représentée par son secrétaire général, a salué le choix de Ziniaré pour accueillir cette rencontre. « Notre ville vous ouvre largement ses portes », a-t-elle lancé d’une voix claire, avant d’inviter les participants à devenir des ambassadeurs du dialogue interreligieux et de la tolérance. Dans son allocution, elle a rappelé que la paix n’est pas un concept abstrait mais un effort collectif, nourri de gestes quotidiens, de respect mutuel et de confiance retrouvée. Elle a félicité le CSC et le DCAF pour leur engagement à donner une dimension humaine et éducative à la communication religieuse.

Le DCAF, un partenaire du CSC
Partenaire technique et financier de cette initiative, le Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF) œuvre depuis plusieurs années à renforcer la gouvernance démocratique au Burkina Faso. Dans son intervention, le conseiller national du DCAF a rappelé que cette session s’inscrit dans le projet « Espace civique au Burkina Faso », financé par le Royaume de Belgique et aligné sur le Plan d’actions pour la stabilisation et le développement (PASD).
Le DCAF accompagne les autorités, la société civile et les médias dans la promotion d’une sécurité inclusive et respectueuse des droits humains. « Les communicateurs religieux et les médias confessionnels ne sont pas de simples vecteurs d’information. Ils sont des bâtisseurs de sens, des gardiens de la cohésion sociale. Leur parole, lorsqu’elle est éclairée, peut désamorcer les tensions et restaurer la confiance », a affirmé Saïdou Sidibé.
Tuundarim Quentin Ouédraogo, chargé de projet Contrôle externe et société civile au DCAF, a quant à lui justifié l’organisation de cet atelier par la période difficile sur le plan sécuritaire. « Il y a de quoi sensibiliser les populations à promouvoir la paix et la cohésion sociale. Avec l’utilisation des réseaux sociaux, il y a la prolifération des messages de haine et de la désinformation. Ce cadre se veut celui de la sensibilisation et de la co-construction sur les valeurs à enseigner aux jeunes », a-t-il souligné. À travers donc cet atelier, le DCAF confirme son ancrage dans la vie civique burkinabè, en soutenant un dialogue interreligieux fondé sur la connaissance mutuelle et la tolérance.

Les participants, venus de divers horizons, bénéficieront de trois modules de formation. Le premier, conduit par le président du CSC, revient sur le rôle du régulateur dans la gestion du discours religieux. Le second, animé par Abdoulaye Dao, directeur général de la publicité et de l’observation des contenus, fait un état des lieux des manquements dans les médias confessionnels. Enfin, Issaka Sourwema, chef de Dawelgué et ancien ministre en charge des affaires religieuses, abordera les valeurs endogènes burkinabè comme leviers de paix. Ces échanges seront complétés par un panel interconfessionnel sur « Religion, paix et cohésion sociale », un moment qui permettra de confronter les expériences et de bâtir une approche commune.
Farida Thiombiano
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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