
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) a tenu, ce mardi 18 novembre 2025, une conférence de presse dans ses locaux. Il a apporté des éclaircissements sur certains points du nouveau Cahier des charges (CDC) des Institutions privées d’enseignement supérieur (IPES) adopté par l’arrêté nᵒ 2025-363/MESRI/SG/DGESup du 13 novembre 2025.
Le jeudi 13 novembre 2025, le MESRI a présenté aux promoteurs des IPES le nouveau CDC. Le point de presse de ce 18 novembre 2025 a été l’occasion de revenir sur les principales innovations du nouveau dispositif réglementaire qui encadre désormais la création, l’ouverture, le fonctionnement, l’évaluation et la fermeture des IPES. Certaines mesures de la réglementation ont été l’objet de vives discussions sur les réseaux sociaux. Le MESRI a donc apporté des éclaircissements sur certaines incompréhensions survenues après la présentation du CDC aux promoteurs des IPES.
Le ministère est revenu en long et en large sur quatre innovations majeures, à savoir l’organisation des examens nationaux ; les exigences en matière de recrutement des enseignants permanents ; la création obligatoire d’une personne morale et l’obligation des premiers responsables de résider au Burkina Faso ; la question particulière des formations de licence et de master en sciences infirmières et obstétricales (LSIO et MSIO).
Face aux polémiques suscitées par la mesure concernant les examens nationaux, le MESRI a précisé qu’elle s’applique aussi bien aux établissements d’enseignement privés qu’aux établissements publics. La première communication ciblait uniquement les IPES, d’où la perception que la mesure ne s’appliquait qu’à elles.
Le ministère a expliqué que le gouvernement souhaite réformer le système éducatif aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public afin de permettre aux étudiants du Burkina Faso d’atteindre un excellent niveau et d’être plus compétitifs. Il faut noter que, dans le principe, les diplômes délivrés par les IESR (des Institutions d’enseignement supérieur et de recherche) publiques sont d’office reconnus par l’État et sont, dans certains cas, des diplômes d’État (art. 28 du décret 2018-1271 du 31 décembre 2018 portant organisation de l’enseignement supérieur). Ce qui n’est pas le cas des diplômes délivrés par les IPES qui doivent encore faire l’objet de reconnaissance par l’État. Il faut mentionner que cette mesure permet aux IPES de préparer leurs étudiants à passer des diplômes délivrés par l’État (art. 46 du décret 2018-1271). Ces diplômes n’auront ensuite plus besoin d’être reconnus par celui-ci.
Pour toutes les IPES ne formant pas en sciences de la santé, l’obtention des diplômes de licence (3ᵉ année), de master (5ᵉ année) et de doctorat (8ᵉ année) se passera à travers des évaluations nationales, organisées par les IESR publiques pour l’ensemble des étudiants de ce domaine.
Pour les IPES formant spécifiquement en sciences de la santé, tous les passages en classe supérieure (de la première année de licence à la dernière année de doctorat) feront l’objet d’évaluations nationales organisées par les IESR publiques.
Selon le ministère, ce dispositif vise à harmoniser les standards de formation mais aussi à dispenser les titulaires des diplômes d’IPES de procédures quelquefois longues imposées avant toute reconnaissance de ces diplômes par l’État.

La question des enseignants à la retraite
Conformément à l’article 16 du nouveau Cahier des charges, toute IPES doit, au moment de son ouverture effective, disposer pour chaque offre de formation d’un minimum de trois enseignants permanents, titulaires d’un doctorat unique, d’un PhD (Philosophiæ doctor) ou équivalent, pour un institut supérieur ou une grande école ; de cinq enseignants permanents, titulaires d’un doctorat unique, PhD ou équivalent, s’il s’agit d’une université.
Pour l’ensemble du personnel enseignant n’ayant pas le statut d’enseignant-chercheur, d’enseignant hospitalo-universitaire ou de chercheur, il faut une autorisation d’enseigner, délivrée par le ministère en charge de l’enseignement supérieur. La délivrance de cette autorisation est désormais subordonnée à une formation préalable justifiée par la présentation d’un certificat de pédagogie universitaire délivré par une IESR. En outre, toute IPES doit compter dans l’effectif total de ses enseignants au moins 20 % d’enseignants permanents après 10 années académiques de fonctionnement ; au moins 50 % d’enseignants permanents après 25 années académiques.
Toujours dans la même dynamique, l’extension de l’IPES à une nouvelle offre de formation (ou filière) impose le recrutement d’au moins un enseignant permanent supplémentaire dans le domaine de l’offre de formation à ouvrir.
Pour ce qui est du cas spécifique des IPES formant en sciences de la santé, des exigences particulières sont prévues sur la question des ressources humaines. Il est important de comprendre l’exigence de personnels enseignants et encadrants hautement qualifiés au regard de la sensibilité des questions liées à la santé des citoyens et des populations, justifie le ministère.
C’est pour cette raison que toute IPES qui sollicite la délivrance d’une autorisation d’ouverture d’une offre de formation en médecine, pharmacie ou chirurgie dentaire ou encore en sciences et médecine vétérinaires, doit préalablement disposer d’au moins 60 % d’enseignants hospitalo-universitaires permanents dans certaines spécialités médicales précisées dans le cahier des charges.

Ces enseignants hospitalo-universitaires enseignants permanents doivent avoir 50 ans ou moins pour au moins 50 % des effectifs totaux ; avoir entre 51 et 65 ans pour au plus 30 % des effectifs ; plus de 65 ans pour au plus 20 % des effectifs totaux.
Pour le cas spécifique de la santé, tout en n’excluant pas du tout le recrutement des enseignants permanents de l’institution ayant un âge supérieur à 65 ans (donc admis à la retraite), il est clairement fixé un quota qui ne saurait excéder 20 % du personnel enseignant permanent.
Abordant la question du quota imposé pour les enseignants retraités, le MESRI a expliqué qu’il s’agit d’une mesure visant à offrir davantage d’opportunités aux jeunes compétences. Le ministère insiste sur le fait qu’il ne s’agit nullement d’une « chasse aux sorcières » contre les retraités, mais plutôt d’un rééquilibrage permettant de valoriser la relève. Le MESRI affirme ne plus souhaiter que certains établissements privés privilégient quasi exclusivement des enseignants retraités, au détriment de jeunes professionnels.
« Les réformes engagées par le gouvernement traduisent une volonté ferme d’améliorer durablement la qualité de l’enseignement supérieur privé, de sécuriser les parcours académiques des étudiants, et de consolider la valeur et la compétitivité des diplômes délivrés aux plans national et international. Le ministère reste entièrement disponible pour accompagner l’ensemble des acteurs (actionnaires, sociétaires, promoteurs, IPES, étudiants) parents d’apprenants ainsi que le public burkinabè dans la bonne compréhension et dans la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions », a déclaré le secrétaire général du MESRI, Pr Samuel Paré.
D’autres innovations
Conformément aux dispositions de l’article 5 de l’arrêté portant cahier des charges des IPES, toute IPES doit désormais être une personne morale de droit burkinabè, constituée en association ou en société, avec un contrôle effectif exercé par des Burkinabè.
Le siège social doit donc nécessairement être établi au Burkina Faso, et le premier responsable (le directeur général, le recteur ou le président) est astreint à l’obligation de résider sur le territoire national, conformément à l’article 57. Ces innovations n’enlèvent en rien à l’État du Burkina Faso le droit d’initier ou de participer directement ou indirectement à la création d’IPES dans le cadre des accords et traités internationaux que le Burkina Faso a conclus, souligne le ministère.
Les formations de licence et de master Sciences infirmières et obstétricales (SIO) font également partie des innovations du cahier des charges. Au sujet des offres de formation en SIO, elles ne relèvent plus du cahier des charges des IPES. Pour les formations ante-bac (de niveau BEPC ou diplômes inférieurs), elles relèveront désormais d’agréments délivrés par le ministère de la Santé. En revanche, pour les formations post-bac (formations universitaires), elles sont réservées aux Institutions d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) publiques. Elles devraient être créées à terme dans les universités publiques ou en affiliation avec elles pour conduire éventuellement jusqu’au doctorat.
Le MESRI compte organiser une autre rencontre avec la presse pour expliquer le déroulement des examens nationaux. À noter que la mesure entrera en vigueur au cours de l’année académique 2026-2027.
Samirah Bationo
Crédit photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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