Le Premier-ministre, Paul Kaba Thiéba a rencontré, ce samedi 25 février 2017, les organisations syndicales. Au menu des échanges, la lutte syndicale orientée vers l’amélioration des conditions de vie et de travail des employés qu’ils soient du public ou du privé.

Le principe de la concertation et du dialogue permanent se veut une pierre angulaire des rapports entre le gouvernement et les organisations syndicales. C’est ainsi que par trois fois de suite, en espace de l’année, ils se sont déjà rencontrés sur des questions et préoccupations communes, sans oublier la rencontre annuelle tenue du 24 janvier au 1er février dernier. La rencontre de ce samedi 25 février 2017 s’inscrit dans cette dynamique.

A l’occasion, le Premier-ministre, Paul Kaba Thiéba n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer l’installation progressive dans notre pays d’une pratique de lutte, qui mue en tradition, et à travers laquelle tous les points de revendication sont au même niveau d’importance et donnent lieu à des débrayages systématiques, souvent sans préavis, sous la forme de sit in, boycott d’activités professionnelles spécifiques quand ce ne sont pas des grèves intempestives ou à répétition. « Tout se passe comme si, les yeux fermés, certains travailleurs n’ont pas la moindre affection pour le bien commun et pour l’équilibre de l’Etat », déplore le chef du gouvernement. Pour lui, tous les moyens sont bons pour obliger l’Etat à accroitre les avantages même secondaires, au risque d’engager le pays dans une escale et un cycle sans fin. D’où son questionnent sur les motivations de cette agitation « frénétique et contagieuse ».


Evoquant quelques raisons qui lui paraissent les plus importantes, le Premier-ministre a en premier lieu cité l’accumulation des problèmes sous le régime déchu et que la parole libérée a révélée au grand jour en faveur de l’insurrection populaire et de l’installation d’un régime démocratique. Puis, les rivalités voire des guerres de tranchées entre les corporations. L’illustration en est que de nombreux corps de l’Etat revendiquent des statuts spéciaux avec traitement préférentiels, « afin de se surclasser vis-à-vis des autres corps ». Comme autre source d’explication, il y a la volonté à peine voilée de certaines organisations et de certains acteurs politiques. A en croire le Premier-ministre, ils se servent d’agitations syndicales comme piédestal pour atteindre leurs objectifs « politiciens ».

« Ces acteurs politiques cherchent à déstabiliser l’Etat en instrumentalisant le monde syndical. Nous le savons. Nous sommes des enfants du Burkina, nous avons tous grandi ici. On se connait tous dans ce pays », a-t-il lancé. Avant de demandé a ceux qui veulent faire de la politique, de quitter le syndicalisme pour rejoindre « l’arène politique (…) ».

La politique et la pratique de surenchères doivent être enrayées

Pour Paul Kaba, au cours de l’année écoulée, ils ont essayé autant que faire se peut d’y apporter des réponses convenables aux préoccupations sectorielles exprimées dans les ministères par les organisations. Cependant, il estime que la politique et la pratique de surenchères doivent être enrayées. « Nos marges de manœuvres sont limitées avec une masse salariale au dessus de 40% des ressources propres de l’Etat », a-t-il indiqué. A l’entendre, baisser les impôts en augmentant les charges ne peut que conduire à plomber tous les efforts de reconstruction de notre pays.

Egalement, consacrer la quasi-totalité des ressources publiques au fonctionnement de l’administration elle-même et à la solde des fonctionnaires s’apparenterait à une confiscation de l’effort du contribuable par ceux-là qui ont pour mission de la protéger. Pire, soutient-il, « ce serait aller à l’encontre de l’esprit de l’insurrection populaire qui signifie gouvernance vertueuse, attention aux plus faibles de la société, priorité à notre jeunesse qui ne veut plus que sont avenir soit hypothéqué, prise en compte des sans-travail (…) ».

Remettre à plat les questions touchant aux systèmes de rémunération des agents de l’Etat


Au regard de ce qui précèdent, le gouvernement a invité les organisations syndicale à une introspection collective sur l’avenir du pays. « Nous devons sans plus tarder nous remettre autour de la table et s’il le faut, remettre à plat toutes les questions touchant aux systèmes de rémunération des agents de l’Etat », a expliqué le chef du gouvernement. Une telle démarche ne servirait à rien si le désordre actuel devait se poursuivre en érigeant des pressions incontournables et des barrières infranchissables, prévient-t-il. C’est pourquoi, il recommande une trêve sociale pour accompagner cet effort de dialogue.

« Nous avons bien écouté le Premier-ministre dans son discours. Nous allons partir et puis lui revenir avec notre position par rapport à cela », a, pour sa part, signifié le président de mois des centrales syndicales, Paul Kaboré. Avant d’incriminer le gouvernement dans le mouvement d’humeur au ministère du commerce. « S’il avait respecté les accords signés avec le Syndicat national du ministère de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, je crois qu’il n’y aurait aucun problème ».

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net