Selon les estimations du ministère de l’Urbanisme et de l’habitat, le taux d’urbanisation du Burkina est passé de 6,4% en 1975 à environ 32% en 2018. Si ce taux figure parmi les plus faibles au monde, le ministère, conscient que le processus d’urbanisation est générateur d’énormes défis sociaux, a élaboré un Programme de développement urbain (PDU). Ledit document a fait l’objet d’un atelier de validation, ce lundi 29 octobre 2018 à Ouagadougou.


Ce document en cours de validation permettra, selon le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Maurice Bonanet, d’obtenir une stratégie appropriée pour rendre opérationnels les axes prioritaires de développement des différentes villes du pays. « Le programme de développement urbain viendra fédérer l’intervention de tous les acteurs tels que le ministère de l’Urbanisme, les collectivités locales (les conseils municipaux), les acteurs de la société civile et des autres départements ministériels. Il faut que les actions des différents acteurs soient fédérées de manière à ce qu’on ait des villes qui répondent aux attentes des habitants », a expliqué le chef du département de l’Urbanisme.


Et le chargé de programme de l’ONU-Habitat, bras technique et financier du Programme pays urbain du Burkina Faso (PPUB), Yombi Ouédraogo, de soutenir que l’élaboration de ce document exprime la volonté des bailleurs de fonds de voir le gouvernement burkinabè prendre en charge la problématique du développement urbain à travers la poursuite dudit programme qui a pris fin en 2016.

« Notre mission, c’est d’accompagner les Etats dans la construction d’un développement urbain durable, de faire en sorte que les villes soient sûres, résilientes et durables pour tous et de faire en sorte que tout le monde ait accès aux services urbains de base et aux logements », a-t-il dit.

Insuffisance d’équipements structurants

Entre l’enquête démographique par sondage de 1960 et le Recensement général de la population et de l’habitation de 2006, le chef du département de l’Habitat confie que la population totale burkinabè aurait triplé, au moment où celle des villes était multipliée par quinze.

« Il va de soi qu’une telle croissance se traduise par des besoins nouveaux sans précédent en investissements, auxquels s’ajoutent les retards cumulés », a-t-il noté, relevant notamment le sous-équipement en infrastructures de transport et de production, en réseaux de distribution d’eau potable et d’électricité, les dysfonctionnements environnementaux, etc.


Pis, à l’heure de la mondialisation et des objectifs du développement durable, Maurice Bonanet indique que l’action publique en matière de développement au Burkina reste confrontée à d’énormes défis.

Des défis entre autres relatifs à l’atténuation de la macrocéphalie de Ouagadougou (concentration de 50% des citadins à Ouagadougou) par le renouvellement urbain, la maîtrise du développement urbain, la restructuration des espaces urbanisés et la transformation des centres urbains.

Il a aussi évoqué le problème de la résorption des quartiers informels et de la lutte contre l’accaparement des terres ; les besoins en matière de mobilité, en l’occurrence la réduction des obligations de déplacements motorisés par le développement des transports collectifs ; l’adaptation aux effets du changement climatique par des ouvrages adaptés pour la prévention des risques naturels en milieu urbain et la production énergétique à partir des sources renouvelables.


Soulignant par ailleurs que les réalités que couvre le processus de gestion des villes sont bien différentes d’une collectivité à une autre, et que l’insuffisance d’équipements structurants (marchés, gares, abattoirs) demeure l’une des caractéristiques de toute les villes du Burkina, le ministre de l’Habitat dit voir en ce PDU une solution pour combler un vide. Le PDU sera, selon lui, un référentiel de gestion urbaine au profit des acteurs des collectivités territoriales et de l’Etat Burkinabè.

Et quand on évoque l’occupation anarchique d’un certain nombre de réserves, le ministre de l’Habitat rassure : « Nous allons travailler avec les acteurs pour qu’à l’avenir, il n’y ait plus ces genres de dérives.

Ce n’est pas le document du Programme de développement urbain qui va régler ces questions, mais c’est la responsabilisation des différents acteurs et le respect des textes ».

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net