« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Cette maxime pourrait sans doute caractériser Kadré Sawadogo, jeune entrepreneur dynamique qui s’est lancé dans l’entreprenariat alors qu’il était encore étudiant en génie civil en Turquie. Fabrication de couveuses semi-automatiques et automatiques, formation en fabrication de couveuses, conseils en aviculture, etc., le promoteur de Mira élevage et de Mira Incubator fait son bonhomme de chemin, lui qui a été distingué personnalité de l’année 2018 dans la catégorie innovation par Intelligence burkinabè pour le développement (IBD).

Tout a commencé en 2016. Alors qu’il était encore étudiant en génie civil en Turquie, Kadré Sawadogo a l’idée de mettre en place, au Burkina Faso, un projet avicole. Ayant besoin de couveuses pour mener à bien son activité, il se renseigne sur les prix en Turquie et se rend compte qu’il lui faut débourser au moins 300 000 F CFA pour une couveuse de 200 œufs.

Une somme qu’il trouve exorbitante. Il continue donc ses recherches et tombe sur un article de presse dans lequel il est question de fabriquer soi-même sa couveuse. Il cherche à en savoir davantage et alors qu’il est en séjour au Burkina Faso, il essaye de fabriquer lui-même une couveuse avec un vieux réfrigérateur et les pièces nécessaires achetées en Turquie. Et bingo ! Ça fonctionne. Il obtient un taux d’éclosion de 70%.

Fort de ce succès, il retourne au pays d’Erdogan, approfondit ses recherches et améliore ainsi son produit. Il fait d’ailleurs venir sa première couveuse automatique de la Turquie où il l’a fabriquée. De retour définitivement au pays, il cumule un stage dans une société minière de la place avec la fabrication de couveuses à domicile.

Après son stage, il monte son entreprise et se lance entièrement dans la formation et dans la fabrication de couveuses semi-automatiques et automatiques dont les pièces sont importées de la Turquie. Ainsi naissent Mira élevage et Mira Incubator, deux entreprises distinctes dont l’une est spécialisée dans les conseils et prestations en aviculture, et l’autre, consacrée entièrement à la fabrication de couveuses.

Aujourd’hui, Kadré Sawadogo, en plus de la fabrication de couveuses, s’est aussi lancé dans la formation en fabrication de couveuses.


A ce jour, ce sont plus de 1 000 personnes qui ont bénéficié de ses formations. Et ils ne viennent pas que du Burkina Faso. Des Ivoiriens, des Maliens, des Togolais sont aussi venus à son école. Une initiative qui n’a pas été du goût de tous, se souvient-il.

« Au début, quand j’ai commencé à former des gens en fabrication de couveuses, il y avait des amis qui me disaient qu’au lieu de former des gens, je devrais garder le secret et être le seul à en fabriquer pour revendre. Ce qui va me rendre riche. Mais moi ce n’était pas ma vision. Mon objectif, c’est que même les plus démunis, ceux qui sont en campagne, sachent fabriquer et puissent se procurer une couveuse », confie-t-il.

Produits innovants et accessibles

Ce qui fait le succès des couveuses du jeune entrepreneur de 29 ans, marié et père de deux enfants, c’est non seulement leur faible consommation en énergie, mais également leur coût accessible. Pour une couveuse manuelle de 200 œufs, il faut débourser en moyenne 30 000 F CFA. Ses produits sont également adaptés au climat du pays, ce qui fait que le taux de rendement est élevé. Et pour les clients qui le souhaitent, les couveuses automatiques peuvent être conçues de sorte à fonctionner avec des plaques solaires ou l’électricité.

Ce sont toutes ces innovations qui ont valu à Kadré Sawadogo d’être désigné par Intelligence burkinabè pour le développement (IBD), personnalité influente de l’année dans la catégorie innovation. Outre les couveuses et les conseils en aviculture, Kadré Sawadogo propose également, dans sa boutique, du matériel d’aviculture.

« De 100 000 F CFA, je suis aujourd’hui à plus de 20 millions de F CFA d’investissement »

A peine deux ans et demi après avoir fabriqué sa première couveuse, Kadré Sawadogo se dit assez satisfait du chemin parcouru par sa petite entreprise. En effet, nous confie-t-il, alors qu’il a débuté avec seulement 100 000 F CFA, il se retrouve aujourd’hui avec un investissement de plus de 20 millions F CFA et d’autres projets plein la tête qui n’attendent que l’accompagnement de structures financières pour être mis en œuvre.


C’est le cas de son projet de mise en place d’une ferme à quelques encablures de Ouagadougou où il pourra produire des œufs fécondés, car la demande existe et est même forte. Ce qui permettrait par ricochet de faire évoluer son entreprise de fabrication de couveuses.

« Avec la couveuse, on a besoin d’œufs pour éclore. Et si la personne n’a pas de volaille, il faut qu’elle puisse avoir des poussins ailleurs pour commencer. C’est pourquoi j’ai mis en place ce projet pour appuyer le projet de promotion de couveuses », a-t-il soutenu.

Si son parcours a été jalonné de quelques difficultés, M. Sawadogo préfère ne pas s’y attarder. Faire grandir son entreprise, c’est ce qui le préoccupe. Et le souhait le plus ardent du promoteur de Mira incubator, c’est surtout que chaque aviculteur au Burkina Faso puisse disposer d’au moins une couveuse. Une façon de contribuer à sa manière à la promotion de l’entreprenariat des jeunes.

Justine Bonkoungou

Lefaso.net

Source: LeFaso.net