L’annonce des débrayages des syndicats continue de faire des gorges chaudes. Dans la tribune qui suit, le consultant indépendant Issa Linga note que le pouvoir d’achat des salariés a considérablement évolué sous l’avènement du présent Roch Kabore. Le paiement de l’IUTS est donc normal. Selon lui, Si le gouvernement ne peut plus décider de ce qu’il y a de mieux pour le peuple qui lui a confié le pouvoir, il faudra réinventer un autre modèle de démocratie. Lisez !

Depuis que le président Roch est arrivé au pouvoir, les revenus des salariés du secteur public ont considérablement augmenté.

Des investissements importants ont aussi été réalisés pour améliorer le quotidien des populations. Il en va ainsi dans les secteurs des infrastructures routières (la route du développement passe par le développement de la route), la santé dont la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, l’agriculture à travers les subventions opérées au profit du monde agricole (plusieurs dizaines de milliards), la participation politique en garantissant le vote des burkinabé de la diaspora (une première dans notre histoire politique). Les investissements les plus massifs ont été faits dans le secteur de la défense et de la sécurité.

Mais, comment l’Etat dans un contexte de quasi guerre et de contestation syndicale jamais vécues dans notre pays peut-il faire face au défi de garantir le bien-être du peuple ?

La décision d’appliquer l’IUTS sur les indemnités et primes servies aux agents su secteur public répond donc à une nécessité impérieuse. Par exemple au Mali, au Bénin, au Sénégal et au Niger, cette mesure est appliquée depuis plusieurs années.

Qu’est ce qui vaut la levée de bois vert contre le gouvernement ?

On note que :

- 71,03% des effectifs ont une variation inférieure à 5000 F ;

- 93,54% des effectifs ont une variation inférieure ou égale à 10 000 F ;

- 6,46% des effectifs ont une variation supérieure à 10 000 F.

Si les taxes et impôts doivent s’appliquer selon le principe de la solidarité, ceux qui gagnent plus paient plus, il n’y a aucune raison légitime d’exonérer des citoyens disposant de revenus régulier du paiement des impôts. Si de facto, le gouvernement n’a pas appliqué cette mesure depuis 2017 alors qu’elle s’appliquait déjà dans le secteur privé, on ne peut pas s’en prévaloir de jure pour la rejeter.

Si le gouvernement ne peut plus décider de ce qu’il y a de mieux pour le peuple qui lui a confié le pouvoir, il faudra réinventer un autre modèle de démocratie. Du reste, la loi consacrant l’IUTS a été votée par l’Assemblée nationale. L’opposition s’est juste abstenue. L’abstention signifie « je ne suis ni pour, ni contre la mesure ».

Après le vote de la loi, conformément à la vision du président du Faso qui fait du dialogue social, un principe de gouvernance, des négociations ont été engagées pour une mise en œuvre intelligente de la loi. La CGT B qui se caractérise par des positions extrémistes a boycotté le cadre des échanges. Il ne faut pas se faire d’illusions sur ce syndicat d’extrême gauche dont la doctrine et l’idéologie sont aux antipodes des valeurs de la démocratie libérale. Un syndicat d’obédience marxiste-léniniste se préoccupe très peu du sort des travailleurs que de son action politique qui vise à renverser l’ordre politique établi.

Ce qui se joue en ce moment c’est moins la lutte pour la suppression de l’IUTS que de faire tomber un régime que la CGT B considère comme étant illégitime. L’IUTS n’est qu’un alibi servant des causes qui lui sont complètement étrangères. Sinon comment comprendre un tel déchaînement de propos excessifs où sont mélangés les problèmes de gouvernance générale et la question de l’IUTS. Qu’il y ait des cas de corruption dénoncés par la presse et les rapports de contrôle de l’ASCE/LC, nul n’a la prétention de le contester. Mais à ce niveau, il faut rappeler qu’il n’appartient pas au gouvernement de juger les auteurs de faits de corruption. C’est le travail de la justice. Le président du Faso ne cesse de répéter que nul n’est au-dessus de la loi et qu’il ne lui appartient pas de s’ingérer dans le travail des juges. L’indépendance de la justice est garantie au Burkina Faso depuis les États généraux de la justice de 2015.

Parce qu’il y a des soupçons de faits de corruption, les travailleurs ne doivent plus être imposés. Autant dire que les travailleurs du public soient exonérés de tout impôt. Dans quel pays sommes-nous là ? Comme si nous n’avions pas des problèmes plus urgents tels que la lutte contre le terrorisme et la prise en charge des déplacés internes, on essaye de mettre de l’huile sur le feu.

Ensemble, le gouvernement et les partenaires sociaux, doivent combattre avec la dernière énergie tous les faits de corruption. Mais en attendant d’avoir la situation idéale de corruption zéro, l’Etat doit continuer de fonctionner pour le bien du plus grand nombre. Il y va de l’avenir de notre pays !

Issa Lingani

Consultant Indépendant

Source: LeFaso.net