L’avenir au Burkina Faso fait peur. Lorsque nous regardons la crise qui secoue le monde actuellement, nous devons avoir peur. Nous devons revoir notre manière de fonctionner, pour être maîtres de notre destin.

Maillon faible du système, nous voltigeons sans point de chute précis et, de surcroît, à reculons. Et lorsque nous jetons un coup d’œil à l’horizon, nous ne voyons que des nuages de désespoir et de misère. Notre pays, dans le concert des nations, est malheureusement logé dans le tableau des pays à difficultés. On a beau le dire aux premiers responsables, ils feindront de ne pas l’entendre.

Nous l’avons plusieurs fois dit et répété : on ne gère pas un pays avec de l’amateurisme. Depuis sa prise de pouvoir, quelle décision importante et de grande envergure le président Roch Kaboré a prise sans hésitation ? Même quand le pays était dans la ligne de mire des forces du mal, c’était le cas. Et voici encore une situation où les tâtonnements nous ont conduits dans des moments terribles. Un adage moaga dit ceci : « On ne laisse pas le fantôme entrer dans la maison avant de fermer la porte ».

Depuis le début de la crise liée au coronavirus, le gouvernement a voulu jouer à cache-cache avec le peuple. Il a même négligé la gestion de la crise, tout en oubliant que la maladie se propage à une vitesse inédite. Prenons par exemple le cas au Togo où, dès les premiers cas de Covid-19, les autorités ont réagi promptement en interdisant les regroupements de plus de quinze personnes.

Dans la gestion de cette crise, il y a des décisions qui entraînent la psychose chez les populations. La communication liée au Covid-19 connaît d’énormes difficultés. Certaines décisions des autorités ne sont pas souvent bien expliquées, ce qui crée des confusions. En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso détient le triste record du plus grand nombre d’infections au coronavirus.

Le comble, c’est le fait que le président n’apparaît que lorsqu’il s’agit d’un discours à l’adresse de la nation. Et de quelle manière ? Ce qu’il oublie, c’est que le discours d’un président fait avec conviction donne confiance au peuple. Mais si on continue de tâtonner avec des « mesurettes », on risque le pire. Pendant ce temps, certains pays, dans la même situation, prennent des mesures draconiennes parce que leurs responsables ont pris la pleine mesure du danger de ce virus.

Par exemple, quand le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’adressait à ses concitoyens dans la soirée du 23 mars dernier, il a, comme un père, tenu un langage de fermeté après avoir remarqué que les premières mesures prises pour stopper la propagation du virus n’étaient pas respectées. De même, au Sénégal, les autorités sont passées à une autre étape parce qu’elles ont pris au sérieux la maladie.

Le développement repose sur la confiance. Pourtant, au Burkina, il y a une rupture de confiance. Les populations ne semblent plus avoir confiance à leurs dirigeants, au regard de la manière dont certains évènements ont été gérés.

Lors de son investiture en 2015, Roch Kaboré avait pris, devant le peuple burkinabè, « l’engagement d’instaurer un dialogue social fécond avec tous les Burkinabè pour qu’ensemble, nous brisions les chaînes de la misère pour construire une nation forte, digne et respectée ». En comparant cette déclaration à la réalité sur le terrain, il y a des choses à revoir.

« Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte », a dit Emile de Girardin. Et voilà la situation dans laquelle ce manque de prévision nous a conduits. Dans la gestion d’un pays, il faut du réalisme pour donner une certaine confiance à son peuple. Nous sommes toujours surpris par les évènements et, le comble, on constate aussi des tâtonnements dans les prises de décisions pour sauver le pays.

Sur le plan individuel, ils sont nombreux, les Burkinabè à ne pas comprendre que leur Etat ne soit pas à mesure de gérer la situation actuelle. Dans l’histoire, aucune nation ne s’est développée grâce à l’aide. Mais dans notre pays, cette habitude de tendre la main est toujours ancrée dans les mentalités. Mais ce qu’on oublie, c’est que tendre la main, c’est tendre la main à la misère. Et c’est pourquoi nous devons revoir la gestion du pays.

Parmi les pays plongés dans cette crise, le Burkina semble être à la traine avec des déclarations. Dans la gestion de cette crise, comparativement à d’autres pays, nous continuons à être ouverts à tous les vents. Soyons pragmatiques au moins une fois. Dans un pays où une grande majorité de la population baigne dans la misère, où l’insécurité alimentaire tourmente des millions de citoyens, il faut éviter que les conséquences des solutions proposées ne soient plus cruelles que le mal. Et les grincements de dents se font de plus en plus sentir chez les populations.

Notons que ce pouvoir et ses collaborateurs étaient de plain-pied dans la pré-campagne électorale. Et maintenant que le pays est plongé dans une crise sanitaire, on manque de moyens pour accompagner les décisions. Mais il n’est pas tard pour se ressaisir afin de sauver le peu qui reste.

O. I.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net