Une délégation du Socle citoyen pour la Libération (SOCL), composée de son président, David Moyenga, de membres et de “personnes-ressources”, a rendu visite le dimanche, 14 avril 2024 dans les communes de Saaba et de Ouagadougou, à Dr Arouna Louré et à Dr Daouda Diallo, deux leaders d’opinion et défenseur de droits humains ayant recouvré la liberté après leur “réquisition forcée”. Selon les initiateurs, il s’agit, par cette démarche, de réaffirmer les valeurs fondamentales de l’unité nationale, de cohésion sociale, du vivre-ensemble et, partant, de plaider pour la libération des personnes « arbitrairement arrêtées, réquisitionnées ou enlevées ».

Le chef de délégation, David Moyenga, a, à l’issue de la visite, souligné qu’il s’agit par cette démarche, d’apporter un soutien aux personnes concernées, à leurs familles et de réaffirmer la nécessité de préserver les valeurs fondamentales à la construction d’une société forte.

« Nous avons pris cette initiative dans le but de rendre visite à des personnes qui ont recouvert quand même une certaine liberté, après avoir vécu des épreuves. La visite vise dans un premier temps à les encourager, à leur dire que nous sommes fiers d’elles ; parce qu’elles ont exercé un droit burkinabè, en s’exprimant. Le deuxième aspect, c’est que la liberté de parole, c’est véritablement un bien au Burkina. La parole, c’est le ciment de la société et de l’unité du Burkina Faso ; c’est l’une des choses les plus précieuses qui tiennent aujourd’hui les fondements de notre État et de notre vivre-ensemble. C’est dire donc qu’elles n’ont pas commis un acte indélicat dans la société, au contraire, je pense que ce qu’elles ont fait, ragaillardit aujourd’hui notre unité, et ça, tout Burkinabè a le droit de s’exprimer, donner son point de vue sur ce qui se passe au Burkina Faso. C’est cette contribution et ce débat d’idées-là qui peuvent guider aujourd’hui l’évolution de la nation. Du reste, c’est une tradition au Burkina, des années 1960 à aujourd’hui, malgré les divergences de vues. Elles ont exercé les grands principes de la République, qui sont ceux de la liberté, le fait de s’exprimer simplement sur la manière dont la cité est gérée. (…). Il n’est pas nécessaire de chercher à étouffer l’opinion, empêcher les citoyens de s’exprimer, qu’ils donnent leur point de vue », a commenté David Moyenga avant d’appeler à ne pas remettre en cause les bases et fondements de l’unité de la nation.

Ici, la délégation chez le Médecin anesthésiste réanimateur, Dr Arouna Louré (à gauche).

C’est en cela que la délégation dit estimer qu’il n’est pas, aujourd’hui, nécessaire de maintenir la suspension des activités des partis politiques. « Il sera intéressant qu’aujourd’hui, on lève la suspension des activités des partis politiques, pour permettre à chacun de contribuer véritablement à sa manière à relever les défis de la nation », lance l’ancien leader estudiantin, M. Moyenga, chef de la délégation.

« Nous avons vu aussi que pendant leur période de terrain, il y a eu des images qui tendaient quand même vers une sorte de traitements pas intéressants, voire humiliants, et cela aussi, il faut le souligner, dans notre société culturelle, et même traditionnellement, ce sont des valeurs qu’il ne faut pas, en réalité, attaquer. C’est, au fond, une sorte de transgression culturelle que de prendre des personnes et de vouloir les présenter d’une certaine façon pas du tout intéressante. Enfin, nous estimons qu’à la lumière de ce qu’on a déjà entendu, écouté, vécu dans toute la société, il serait bon que tous ceux qui sont arbitrairement arrêtés, réquisitionnés ou enlevés, puissent être libérés.

Il y va de la décrispation même du climat social et politique, il y va du respect des droits des uns et des autres ; parce qu’une personne, c’est une famille, c’est une communauté, c’est un acteur public. Partant de là, elle contribue beaucoup à l’édification de la nation, ne serait-ce qu’en donnant un point de vue, et sans compter la contribution économique, sociale à divers endroits. Je pense que pour faire face à l’épreuve que le pays traverse, l’insécurité, on a besoin justement de tout ce potentiel, aux plans social, économique, intellectuel…, pour pouvoir y faire face. (…).

Ici, au premier plan, 2ème à partir de la gauche, Dr Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), posant avec la délégation conduite par David Moyenga (4ème à partir de la droite).

Dans un pays…, s’il y a des questions, qu’elles soient militaires, sociales…, ça n’arrête pas la parole. Est-ce qu’aujourd’hui, parce qu’il y a la guerre, on ne peut pas parler de santé ? Au nom de la guerre, on ne doit pas parler de l’éducation des enfants, de la jeunesse burkinabè ? Donc, la guerre n’est pas incompatible avec le débat d’idées dans la société. Au contraire, dans toutes les guerres, on débat des pratiques, des méthodes et sur le comment faire pour en sortir pour le bien de tout le monde. Aujourd’hui, tout le monde est préoccupé par la situation et souhaite qu’on en ressorte très rapidement. Mais, il faut que nous en ressortions en restant intacts et ne pas détruire l’essentiel de notre vivre-ensemble, dans lequel justement se trouve le débat d’idées », a soutenu l’ancien député du Conseil national de la transition (CNT), David Moyenga, exprimant la joie de sa délégation d’avoir trouvé leurs hôtes dans un « bonne disposition d’esprit, morale et physique ».

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net