Depuis quelques temps, des rumeurs concernant une convocation des hauts gradés de l’armée devant la justice militaire pour répondre de faits datant de la période douloureuse du putsch envahissent l’espace public. La récurrence de ces rumeurs qui n’ont jamais été confirmées (mieux, elles ont été démenties par l’état major) ressemble à une tentative de déstabilisation de l’institution militaire.

Plusieurs éléments nous invitent tous à la plus grande vigilance quand on sait que beaucoup de gens ne nous veulent pas que du bien :

Le premier élément de doute réside dans le sens même de ces supposées convocations qui, selon plusieurs sources (pour reprendre les termes de nos amis journalistes) se basent sur la parole du Général Diendéré et de Rambo. Non seulement la parole de ces traîtres de la Nation peut légitimement être soumis au doute mais aussi, ces messieurs ont de sérieuses raisons d’en vouloir à la hiérarchie militaire à la base de leur déclin. Quoi donc de plus normal qu’ils essaient de décrédibiliser le commandement pour ne pas couler seuls ?

Le second doute concerne l’intérêt de faire circuler de telles rumeurs. A qui profite le climat ambiant de suspicion et de doute dans un contexte où on gagnerait tous à s’atteler à la reconstruction et à la réconciliation ? Tout cela laisse l’impression d’une orchestration, d’une manipulation pour tenter de mettre dans la tête des gens qu’il y a un problème, un problème qu’il faut régler en décapitant l’armée. Manipuler l’opinion pour régler des comptes personnels, voilà une hypothèse plus que plausible.

Le troisième doute, et le plus gros à mon sens, vient de la justice militaire. Les tergiversations des juges dans le dossier du putsch, ont fini de nous convaincre que l’instruction, si elle n’est pas partiale est tout au moins partielle. La justice a mis de l’eau au moulin de ceux qui doutaient déjà d’elle. En témoigne la sortie malheureuse du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire concernant les problèmes sur le mandat d’arrêt de Guillaume Soro qui avait plus qu’alarmé l’opinion. Le clou de l’aberration étant la levée des mandats d’arrêt contre les Blaise et autres pour vice de forme. Quelle crédibilité accorder à ces techniciens du droit qui brillent par leur amateurisme ? Deux hypothèses possibles : soit ils sont complètement incompétents, soit ils se moquent du peuple insurgé.

Tout cela nous commande beaucoup de prudence et de lucidité pour éviter de se faire embobiner par des gens qui refusent d’accepter qu’ils ont perdu et qui n’ont plus pour seule but que de nous diviser pour se prouver à eux-mêmes qu’ils étaient indispensables.

Julie Gueda (guedajulie@outlook.fr)

Source: LeFaso.net