La Maison du peuple a refusé du monde à l’occasion du meeting de l’opposition politique burkinabè tenu, samedi 29 avril. C’est une opposition « caillou » qui n’entend n’accorder aucun répit au pouvoir en place, que nous avons rencontrée hors des quatre murs fébriles de la Maison du peuple.

Comme l’on pouvait s’attendre, la sécurité a été au rendez-vous à ce meeting de l’opposition. Les éléments de la police nationale étaient postés à l’entrée et un peu partout à la Maison du peuple. Vêtus de Tee-shirt à l’effigie des partis politiques tels que l’Union pour le progrès et le changement (UPC), le Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP), l’Alliance pour la démocratie et la fédération – Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), le Mouvement africain des peuples (MAP), les militants allaient et venaient. N’ayant pas accès à une salle déjà comble de la Maison du peuple, ils restèrent mobilisés dans la cour, prêts à immortaliser les différents discours prononcés avec leurs téléphones scotchés sur les baffles. Si l’ambiance était électrique à l’intérieur, elle l’était tout aussi à l’extérieur avec des militants visiblement révoltés contre le régime actuel.


« La jeunesse pleure. Le Burkina est en crise. Rien ne va », s’écrie Youssouf Soré, secrétaire général de la section Mouvement africain des peuples de l’arrondissement 9 de Ouagadougou. Pour lui, le discours du Premier ministre sur la situation de la Nation ne reflète pas la réalité du terrain par contre la mobilisation des jeunes à ce meeting du CFOP pour « dénoncer l’incompétence des dirigeants est tangible ». Et de préciser « les tentatives de démobilisation du MPP n’ont pas eu raison de notre engagement ».

Pour Baguira Olivier, cette forte mobilisation des militants « recto verso » est un signal lancé à l’endroit des dirigeants qui ne semblent plus crédibles à ses yeux. « Sur tous les plans, ils ont échoué. Ils ont échoué sur le plan économique, sécuritaire et politique. Ils nous ont montré leur limite », a-t-il déploré avant de demander leur départ. Un départ qui profiterait, selon lui, au peuple qui va ouvrir la voie d’une nouvelle ère de transition différente de celle connue de novembre 2014 à décembre 2015.


Les partis d’opposition auraient-ils faits mieux que les dirigeants actuels ? A cette question Kouanda Mohamed, militant du CDP dans l’arrondissement 9, répond par l’affirmative sans ambages. Il pense tout de même que les dirigeants actuels pourraient mieux faire s’ils arrêtaient de contenter certains pontes du pays. Dénonçant, le « laissez faire et la politique de l’autruche des autorités », il a également dénoncé l’absence de justice au Burkina Faso. Actualité oblige, il pense que le procès du gouvernement TIAO 3 est politique et que son renvoi au 4 mai n’est que de la poudre aux yeux. Pis, il craint que ce procès n’ait jamais lieu. Un avis partagé par Baguira Olivier qui pense également à un « procès-divertissement ».


« Ce meeting n’est que le début du commencement », prévient Bayili Ousséni qui s’attendait à une mobilisation plus grande à ce meeting. Il a lancé un appel à la jeunesse dite « consciente car même si elle n’a plus d’avenir, elle doit se battre pour celui de ses enfants ». « Le Burkinabè est modeste. Il ne demande que le minimum », renchérit-il avant de citer le philosophe, Epicure : « Un peu de pain, un peu d’eau, un peu de paille pour dormir, un peu d’amitié…, suffisent à l’homme pour rivaliser de bonheur avec les dieux ».

En attendant que cela n’arrive, des militants comme Paul Sawadogo, secrétaire national chargé de la mobilisation des jeunes du CDP, disent ne pas craindre d’un contre-meeting qui pourrait être organisé par le parti au pouvoir. « C’est leur droit », a-t-il laissé entendre.

Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net