L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a remis son rapport 2015 au Président du Faso, le 29 mai 2017. Ce rapport qui est la somme des audits, investigations et contrôles menés par l’ASCE-LC elle-même et par les inspections techniques des services révèle des malversations portant sur plus de 31 milliards de francs CFA. 28 entités ont été investiguées et onze structures auditées dont la présidence du Faso et le contrôle de certains comptes de dépôts. Aussi, 55 dossiers sont actuellement en justice.

Luc Marius Ibriga, le contrôleur général d’Etat, avait rendez-vous avec Roch Marc Christian Kaboré en cette matinée du 29 mai 2017. Objet de la rencontre : remettre au chef de l’Etat le rapport 2015 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Ce rapport est le premier de l’institution à se pencher sur la gestion de la période post-insurrectionnelle. Il condense ainsi des audits, investigations et contrôles menés par l’ASCE-LC elle-même, mais aussi par les inspections techniques des services.

« Dans ce rapport, vous avez des contrôles post-insurrection, 28 entités ont été investiguées, l’audit des lotissements à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, 11 structures ont été auditées dont la présidence du Faso et le contrôle de certains comptes de dépôts. Il y a également la mise à nu de certaines malversations qui ont été réalisées par des agents publics. Et à ce niveau, la somme des malversations s’élève à 31,144 milliards de francs CFA », a précisé le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga.

Présidence du Faso : Une gestion aux antipodes des règles de bonne gouvernance

Au nombre des structures contrôlées par l’ASCE-LC, il y a la présidence du Faso. Et la structure sensée donner le ton en matière de bonne gouvernance est loin d’être un exemple. L’audit sur la Présidence du Faso révèle une gestion aux antipodes des règles de bonne gouvernance. « On ne peut pas être à la Présidence du Faso et ne pas avoir une comptabilité matière en bonne et due forme. C’est dire qu’on ne sait même pas quelles sont les personnes, quels sont les biens de la Présidence du Faso. De la même façon, on ne peut pas être à la Présidence du Faso et faire travailler des prestataires sans contrat. Vous ne pouvez pas non plus donner la gestion des comptes de dépôts à des personnes qui ne sont pas des comptables », s’indigne le contrôleur général.

55 dossiers en justice

Dans le rapport, on trouve également des recommandations et des actions en justice. 55 dossiers sont actuellement en justice. Mais, il y a une certaine lenteur dans le traitement des dossiers. Une lenteur qui s’expliquerait par le fait que les dossiers de crimes économiques ne soient pas prioritaires dans leur traitement au niveau de la justice, mais aussi du fait que les cabinets d’instruction sont surchargés.

La création des pôles judiciaires économiques et financiers permettra sans doute de résoudre cette situation. C’est du moins, ce qu’espère le contrôleur général d’Etat et ses collaborateurs. « Nous sommes au regret de constater qu’il y a des dossiers introduits depuis 2009 qui, jusqu’à ce jour, sont en cours d’instruction. C’est dire que nous sommes très contents qu’on ait créé les pôles économico-financiers et nous espérons qu’avec ces pôles judiciaires qui sont spécialisés dans la délinquance économico-financière, les rapports de l’ASCE-LC et les dossiers seront traités avec plus de célérité », a confié Luc Marius Ibriga.

L’autre point de satisfaction des membres de l’institution de contrôle, c’est la mise en œuvre des recommandations des rapports antérieurs qui connait une nette amélioration, avec un taux d’exécution de plus de 50%. Mais, ils souhaitent surtout que la restructuration des corps de contrôle soit menée à bout pour aller vers un contrôle basé sur les risques et sur la performance. Toute chose qui permettra d’anticiper les risques de détournement et permettre de sauvegarder le bien public.

Un système de gestion trop procédurier et peu efficace

Aussi l’ASCE-LC souhaite-t-elle une amélioration de notre système de gestion financière qui est actuellement trop procédurier et peu efficace. « Tout le temps, on dit qu’il y a une faible absorption des fonds mis à la disposition du Burkina parce que les procédures sont trop lourdes et bien que trop lourdes, elles n’empêchent pas la corruption », a souligné le contrôleur général d’Etat. C’est dire la nécessité d’aller vers une démarche préventive. Et c’est ce qui a été engagé avec le statut des corps de contrôle où les inspections techniques deviendraient des auditeurs internes des ministères afin d’anticiper les risques. Pour plus d’efficacité, il est aussi recommandé l’adoption d’une loi sur les biens infractionnels qui permettra de saisir les biens acquis sur l’argent détourné.

Moussa Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net