Plus de 4 mois après l’ouverture du procès du putsch de septembre 2015, c’est finalement ce 29 juin 2018 que le premier accusé a été appelé à la barre. Les questions de procédures qui ont émaillées les audiences jusque-là, avaient finies par lasser le public qui ne venait plus, les avocats de la partie civils et le parquet qui accusaient les conseils des accusés de faire du dilatoire pour empêcher d’aller au fond du dossier. Mais ce vendredi, le premier accusé a été appelé à la barre. Qui est-il ? Nous vous proposons quelques éléments du ‘’commando” qui avait déjà comparu lors du procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi pour répondre des faits de « « désertion à l’étranger en temps de paix ». Il avait alors été condamné à trois ans de prison ferme. C’était en avril 2017.

Né en 1985, le Sergent-chef Mohamed Zerbo est marié et père d’un enfant. Fantassin, avec spécialité commando, il a reçu sa formation spécifique, non pas à Pô comme la plupart des commandos burkinabè, mais en France. Ce, à deux reprises. Au lendemain de l’insurrection populaire, il a été affecté pour assurer la sécurité du nouveau président, Yacouba Isaac Zida(YIZ), devenu plus tard Premier ministre.

Il a pourtant fui vers la Cote d’Ivoire au lendemain du coup d’Etat manqué. Pourquoi ? Voici sa version donnée le 31 mars 2017 au tribunal militaire quand il a comparu.

Ce n’est un secret pour personne, le torchon brulait entre le Général Diendéré et son ancien corps Yacouba Isaac ZIda. On se souviendra que lors d’un conseil de ministre interrompu par des éléments de l’ex RSP, le Premier ministre a été amené au carré d’armes du camp Naba Koom pour s’expliquer. A l’époque, la dissolution du corps et bien d’autres problèmes étaient en suspens.

La seule solution, « parce qu’un bon militaire doit pouvoir réfléchir en un laps de temps et prendre une décision ». C’est donc en ces termes que le Sergent-chef Mohamed Zerbo avait expliqué la raison de désertion en temps de paix. Et il est allé à Abidjan où réside la sœur de sa femme. Pour survivre, il s’est fondu dans la masse, devenant apprenti de « gbaka » (expression dans le largo ivoirien pour désigner les cars pour le transport en commun, souvent en mauvais état).

Foi de l’ancien garde de Yacouba Isaac Zida, il n’avait gardé aucun contact avec les autres éléments de l’ex RSP qui étaient également en exil au bord de la lagune Ebrié. Il a seulement vu une fois, le Sergent-chef Ali Sanou. Là il était dans son jean coupé, en pleine activité.

C’est plus tard qu’il a été arrêté et remis aux autorités burkinabè.

Cette fois, dans le procès du coup d’Etat, plusieurs charges pèsent sur l’inculpé : attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens. Des chefs-d’accusation balayés du revers de la main par l’intéressé. Son interrogatoire se poursuit ce 30 juin 2018.

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Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net