C’en est fini du projet RESA qui avait pour ambition de renforcer de façon durable la résilience des communautés et des ménages vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle de la province du Yagha. La clôture du projet, financé par le Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’Union Européenne, est intervenue à l’issue d’un atelier qui s’est tenu les 30 et 31 janvier 2020 à Ouagadougou.

Lancé en 2017, le Projet RESA a été porté par un consortium de quatre organisations humanitaires que sont Médecins du monde Espagne, la Croix Rouge espagnole / burkinabè, Vétérinaires Sans Frontières Belgique et Humanité & Inclusion. Financé par le Fonds fiduciaire d’Urgence de l’Union européenne à hauteur de 20 milliards de francs CFA, le projet avait pour objectif, à court terme, de répondre aux besoins alimentaires de base et à moyen terme d’améliorer durablement la qualité et l’accès aux services de base ainsi que le renforcement des moyens d’existence dans quatre communes de la province du Yagha : Boundoré, Solhan, Titabé et Sebba. Après 32 mois de mise en œuvre, l’heure était au bilan avec les acteurs, vendredi, à Ouagadougou.

Midièba Fabrice Yonli, coordonnateur adjoint du projet RESA

2000 femmes sensibilisées sur la nutrition

Selon le coordonnateur adjoint du projet RESA, Midièba Fabrice Yonli, le projet qui a touché directement 3 700 ménages bénéficiaires est intervenu sur trois axes. Le premier axe a consisté au renforcement du système de santé et de l’accès des populations aux services sociaux de base. De nombreuses formations ont été initiées afin de renforcer les capacités des agents sur la prévention des maladies et de la malnutrition.

« 158 agents de santé à base communautaire (ASBC) et mères éducatrices ont été formés et presque 2 000 femmes ont été sensibilisées et informées sur la bonne alimentation du nourrisson, la supplémentation en micronutriments, la mise au sein précoce, les conseils sur l’allaitement maternel exclusif, la consultation postnatale, au sein de 120 Groupes d’apprentissage et de soutien à la promotion de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (GASPA) ».

Une vue des participants présents à l’atelier

Du matériel pour 400 ménages

Le deuxième axe a porté sur le renforcement des moyens d’existence des populations basés sur l’agriculture, l’élevage et les activités génératrices de revenus. Par exemple, pour le volet agriculture, presque 600 ménages ont reçu des intrants agricoles (semences, charrues, engrais, etc.) et ont amélioré leurs pratiques de culture, grâce aux formations sur les itinéraires techniques agricoles.

En ce qui concerne l’élevage, le projet RESA a distribué 4 965 chèvres pour faire de l’élevage naisseur, 1 791 moutons d’embouche et 1 080 sacs d’aliment bétail. Vingt auxiliaires de santé ont été formés, équipés et accompagnés. Pour ce qui est du volet « Activités Génératrices de Revenus » (AGR), presque 400 ménages ont reçu du matériel ou de l’argent pour créer ou renforcer une AGR.

Eric Pitois, gestionnaire de programme au Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne



Société civile et élus locaux sensibilisés sur la gouvernance locale

Le troisième axe a consisté à appuyer la société civile et les communes à une meilleure gouvernance au niveau local. Il a été organisé des activités de promotion de la paix par la coexistence pacifique entre agriculteurs et éleveurs. Des caravanes de la paix ont sillonné les communes d’intervention et sensibilisé 3 213 personnes. En plus, 78 pools de jeunes et femmes pour la paix ont été créés. En matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, 237 élus locaux ont été formés sur leurs rôles et responsabilités selon les cadres des politiques nationales à ce sujet.

Une approche multisectorielle saluée

A en croire Midièba Fabrice Yonli, il ressort des témoignages que les revenus des populations se sont accrus, la situation nutritionnelle s’est améliorée et les populations sont de plus en plus enclins à participer activement à la gouvernance au niveau local. Selon lui, la difficulté majeure rencontrée par les acteurs dans la zone d’intervention se trouve au niveau de la traversée de certaines localités pendant l’hivernage.


Selon Eric Pitois, représentant de la Délégation de l’Union européenne, le plus grand succès du projet RESA est son approche multisectorielle qui a permis une émulation importante pour plus de visibilité et de lisibilité des actions menées sur le terrain. Il a adressé ses félicitations aux différents acteurs pour l’immensité du travail abattu dans un contexte sécuritaire en dégradation perpétuelle. « Vous avez réellement impacté le quotidien des bénéficiaires », a-t-il laissé entendre.

La cohésion sociale en ligne de mire

Bien que le bilan du RESA soit jugé positif, il demande à être affiné selon les partenaires techniques et financiers qui ont décidé de réengager pour la période 2020-2023 une série de nouveaux financements de 25 à 30 milliards de francs CFA afin de continuer à appuyer les populations les plus vulnérables. Un accent sera mis sur les activités de cohésion sociale. A en croire Eric Pitois, ce projet futur sera mis en œuvre dans la Boucle du Mouhoun, dans le Nord, le Sahel et une partie de la zone Ouest du Burkina Faso.

Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net