La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest, en collaboration avec le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), a organisé un forum sur l’amélioration de la sécurité des journalistes au Burkina Faso, ce lundi 30 août 2021 à Ouagadougou.

Dans un contexte marqué par l’insécurité, les journalistes sont souvent pris à partie. Ils sont entre le marteau et l’enclume. D’un côté, des forces de l’ordre qui leur reprochent de « faire l’apologie du terrorisme » à travers leurs informations ; d’autre part, des terroristes qui les accusent de les discréditer aux yeux de la population. « Médias et sécurité », c’est sous ce thème que la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest, en collaboration avec le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), a organisé un forum sur l’amélioration de la sécurité des journalistes au Burkina Faso.

Selon le président du pilotage du CNP-NZ, Boureima Ouédraogo, ce forum vise à mettre en évidence les problèmes de sécurité des journalistes face aux menaces terroristes et aux lois répressives au Burkina Faso. Il s’agit aussi de sensibiliser les parties prenantes à la sécurité et à la protection des journalistes tout en améliorant leur coopération.

Le président du pilotage du CNP-NZ, Boureima Ouédraogo.

Ainsi, trois communications ont été au menu de ce forum. Pour montrer à quel point le duo « médias et sécurité » est assez complexe, le journaliste Hyacinthe Sanou et le commandant Hervé Yé, de la communication de la gendarmerie nationale, ont fait une présentation conjointe sur « Comment le journaliste doit-il se protéger sur le terrain de collecte de l’information ? » Pour le journaliste, il faut penser à sa propre sécurité avant de donner l’information. Quant au commandant, toujours dans le même sens, il a ajouté que les médias doivent dire aux populations civiles qu’elles ne doivent pas rester indifférentes dans ce contexte.

298 civils tués en moins de trois mois

L’enseignant-chercheur Dr Lassané Yaméogo s’est entretenu avec les hommes de médias sur le thème : « Menaces contre les journaliste ». Il a recensé huit types de menaces et violence contre les journalistes. Il y a entre autres l’assassinat, les menaces de mort, le cambriolage et l’insécurité économique. Le chercheur a partagé des témoignages des journalistes qui sont pris à partie par des terroristes dans l’exercice de leur fonction et la précarité dans laquelle vivent certains hommes de médias. Citant une étude de l’UNESCO en 2019, Dr Lassané Yaméogo a indiqué que 90% des meurtres des journalistes sont restés impunis, avec une moyenne de 58 morts par an dans le monde.

Les participants sont essentiellement des journalistes.

« Médias et contexte sécuritaire : ce qu’il faut savoir de la situation de sécurité et comment se comporter ? » C’est sous ce thème que l’expert en sécurité Mahamoudou Sawadogo a ouvert le bal des communications. Il a affirmé, des statistiques à l’appui, que le Burkina Faso est en train de « surplomber le Mali et Niger » qui connaissent les attaques terroristes depuis dix ans. Alors que le Pays des hommes intègres n’est qu’à sa sixième année. Entre le 1er janvier et 31 mars 2021, le Burkina compte 86 civils tués dans 105 incidents et entre 1er avril et le 14 juin, ce sont 298 civils qui sont tués dans 115 incidents, a-t-il énuméré.

Pour l’expert en sécurité Mahamoudou Sawadogo, les journalistes doivent éviter le « syndrome de la grenouille ».

A chacune des présentations, des conseils ont été prodigués aux hommes de médias et des recommandations ont été formulées afin d’adopter une stratégie visant à améliorer la sécurité et la sûreté des journalistes au Burkina Faso.

Plus tôt, les ministres de la Communication et de la Sécurité ont présidé la cérémonie d’ouverture. Les deux membres du gouvernement ont salué cette initiative du CNP-NZ.

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net