Le Tribunal de grande instance de Dédougou, en collaboration avec le Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), a tenu une audience foraine le vendredi 5 novembre 2021 à Ouarkoye, dans la province du Mouhoun. À la barre, huit prévenus ont répondu de faits de tentative d’excision (déjouée le 24 septembre 2021 grâce à une intervention des forces de l’ordre). L’exciseuse est toujours introuvable.

Douze mois de prison et une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis à exécution. C’est la peine dont ont écopé quatre femmes lors d’une audience foraine tenue le vendredi 5 novembre 2021 à Ouarkoye, dans la province du Mouhoun, région de la Boucle du Mouhoun. Reconnues coupables de complicité de tentative d’excision, ces femmes comparaissaient avec quatre autres prévenus, dont trois hommes et une autre femme, qui ont été relaxés pour infraction non-constituée.

En rappel, les faits remontent au 24 septembre 2021. La veille 23 septembre, un agent de l’Action sociale a reçu un appel anonyme l’informant qu’une pratique d’excision se préparait pour le lendemain dans le village de Sokoura. Celui-ci a fait remonter l’information à sa hiérarchie qui a saisi le procureur près le Tribunal de grande instance (TGI) de Dédougou. Le TGI, à son tour, a instruit la brigade territoriale de gendarmerie de se saisir du dossier. C’est ainsi que la gendarmerie a pu empêcher la cérémonie d’excision et procédé à des arrestations. Au total, cinq fillettes âgées de 2 à 4 ans ont été sauvées de cette pratique.

Le procureur du Faso près le TGI de Dédougou, Lamoussa Hema.

Selon le procureur du Faso près le TGI de Dédougou, Lamoussa Hema, cette audience a été délocalisée non seulement pour rapprocher la justice des justiciables, mais aussi pour se déporter sur les lieux des faits afin de dissuader les partisans de cette pratique. « Nous sommes venus à Ourkoye pour toucher un grand nombre de personnes. Si c’était à Dédougou, nous n’allions pas avoir ce monde-là », a affirmé le procureur.

L’objectif de cette audience foraine est de sensibiliser la population, dans une approche pédagogique, à l’interdiction de la pratique de l’excision au Burkina Faso.

La secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), Alphonsine T. Sawadogo.

Selon la secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), Alphonsine T. Sawadogo, la tenue de cette audience est une satisfaction en ce sens qu’elle a permis de sensibiliser la population aux méfaits de la pratique de l’excision et d’observer l’effectivité de l’application de la loi. « En ce qui concerne les peines prononcées, on aurait souhaité que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur car la loi prévoit, dans ces genres de cas, des peines d’emprisonnement ferme et des amendes », a-t-elle souligné. Pour elle, l’essentiel est que la loi ait été appliquée. « Nous souhaitons que ce procès fasse tache d’huile au sein de la communauté et qu’on n’entende plus parler d’excision dans cette localité », a ajouté Alphonsine T. Sawadogo. De ce fait, elle a invité la population à signaler toute tentative ou cas d’excision dont elle aurait pris connaissance.

Le directeur régional en charge de la Femme de la Boucle du Mouhoun, Innocent Stanislas Tuina.

Quant au directeur régional en charge de la Femme de la Boucle du Mouhoun, Innocent Stanislas Tuina, il a dit sa satisfaction de la tenue de ce procès. Pour lui, au-delà de la condamnation, il est important que la population sache qu’il y a eu dénonciation, arrestation et jugement. « L’essentiel, c’est de faire passer le message auprès des populations. Ce n’est pas le verdict qui importe mais c’est le message passé pour que la population sache que la loi interdit cette pratique », a-t-il conclu.

Yipénè NEBIE

Lefaso.net

Source: LeFaso.net