Le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré a entamé une tournée de sensibilisation à l’endroit des Koglwéogo. Et au vu des deux étapes qu’a déjà parcouru le ministre, le constat général qui se dégage est que l’autorité gouvernementale et les Koglwéogo sont loin de parler le même langage. En tout cas, sur certains points qui sont pourtant d’une importance capitale.

En initiant cette tournée qui le verra parcourir les localités du Burkina Faso à la rencontre des Koglwéogo, Simon Compaoré se doutait certainement que sa mission ne serait pas facile.

S’il s’est décidé à dire ses quatre vérités aux Koglwéogo, ces derniers aussi n’ont pas avalé leur langue. En effet, beaucoup de passion a été relevé dans les interventions des uns et des autres, aux étapes de Boulsa dans le centre-nord et Zorgho au plateaucentral.

Simon a fait son « show » comme il l’aime, les Koglwéogo aussi ont fait le leur. Chaque camp est finalement resté sur ses positions, toute chose qui nous fait dire, qu’il s’agit d’un véritable langage de sourds qui a vu les deux protagonistes, prêcher chacun son évangile.

Dans la forme, l’autorité a usé tantôt du bâton et tantôt de la carotte dans le ton même du discours. Mais, elle s’est toujours évertuée en guise de conclusion, à jouer balle à terre pour ne pasfroisser son vis-à-vis ou se laisser déborder par des propos trop désobligeants. Ainsi, on a pu sauver les meubles et les apparences, et chacun est reparti avec son honneur sain et sauf.

Faites mais n’en faites pas trop tout de même !


C’est en ces termes qu’on peut résumer quant au fond, le message transmis par le ministre aux Koglwéogo des deux localités déjà visitées. En effet, le ministre n’a pas pu convaincre ses interlocuteurs, de la nécessité et de l’obligation d’abandonner les pratiques qui vont à l’encontre du respect des droits de l’homme et de la vie tout court tels les bastonnades et autres sévices corporels.

Pour les Koglwéogo, il est difficile d’obtenir des résultats sans ces pratiques. Ils ont tout de même promis, devant l’intransigeance du ministre, de ne plus battre ceux qu’ils arrêtent, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le ministre a prévenu les auteurs d’éventuelles atrocités, du danger qui les guettent, d’ être traduit devant les tribunaux. Autrement dit, tant qu’il n’y aura pas de problème, vous aurez la caution du gouvernement. Mais, on se lavera les mains en cas de pépin en laissant l’auteur face à ses responsabilités.

La question de la défiance aux autorités étatiques et des amendes

Certains éléments des forces de l’ordre ont été mis en cause par les Koglwéogo. Ils reprochent à ses derniers, des accointances avec les malfrats, s’ils ne sont tout simplement pas eux-mêmes des bandits.

Au sujet des amendes, les Koglwéogo ne semblent pas vouloir y renoncer. En effet, ils justifient ce fait par la nécessité de disposer de moyens financiers, qui leur permet de mener à bien leurs activités. Ils ont d’ailleurs saisi cette occasion pour solliciter l’appui de l’État en moyens financiers.

Le ministre, Simon Compaoré « chef suprême des Koglwéogo », qui a aussi reçu le titre de « président de l’association nationale des Koglwéogo »à Zorgho, a invité ses « éléments » (Koglwéogo), à collaborer avec ses autres éléments des forces de défense et de sécurité. Pour lui, les brebis galeuses existent dans tous les corps de métier et aussi au sein des Koglwéogo. Cependant, il a promis de faire le ménage aux seins des forces de défense et de sécurité.

Si le ministre n’a pas promis un appui financier de l’État, on a eu cette impression que la question sera examinée. Il a plutôt évoqué la possibilité de décorer les Koglwéogo qui vont s’illustrer positivement.

Quel avenir pour les Koglwéogo


L’Etat a opté d’encadrer les Koglwéogo et non de les supprimer. Et comme raisons avancées, les Koglwéogo répondent à « un réel besoin sécuritaire des populations ». Et pour le ministre, le pays ne dispose pas assez de forces de sécurité à même d’assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national et à tous les Burkinabè. Il a insisté sur le fait qu’il faut considérer les Koglwéogo comme étant des initiatives locales de sécurité.

A Zorgho, l’un des chefs Koglwéogo a dit que leur mission prendra fin avec la réduction sensible de l’insécurité, mission à laquelle ils s’attèlent. Il a demandé à l’État de leur donner 5 ans pour bouter l’insécurité hors de nos frontières.

Simon Compaoré a avancé l’idée de leur organisation en coordination au niveau des communes, une chose qui sera effective après les élections municipales. Toute chose qui laisse penser que les maires, auront un droit de regard, sur les Koglwéogo qui exercent sur l’espace territorial d’une commune donnée.


L’encadrement sera confié aux forces de sécurité des lieux où les Koglwéogo mènent leurs activités. Pour ce faire, il est prévu des rencontres bilan tous les trois ou six mois.

C’est donc clair que la fin des Koglwéogo , ce n’est pas pour bientôt. Reste alors à espérer que les jours prochains ne voient pas encore, ces derniers commettre des atrocités sur des personnes, pendant même que le ministre Simon Compaoré est en tournée de sensibilisation. Car ce serait bien embêtant pour le ministre. Cela donnera alors du grain à moudre, à tous ceux qui demandent leur démantèlement.

Angelin DABIRE

Lefaso.net

Source: LeFaso.net