Le Burkinabè nouveau post insurrectionnel a décidé de prendre sa destinée en main pour construire pour lui et pour ses semblables un havre de paix dans lequel le développement reste le principal leitmotiv pour soutenir les efforts des braves populations qui chaque jour et au prix de grands sacrifices assez souvent passés sous silence font honorablement face aux défis de la nature avec les moyens de bord ; ces sacrifices devant tous concourir a bâtir un nouveau Burkina Faso selon les rêves des pères fondateurs basés sur un minimum de valeurs cardinales si chères à l’homme intègre qui probablement somnole en chacun de nous.

Cette quête perpétuelle a conduit le peuple burkinabè a passé contre vents et marées sous une transition qui a abouti à l’élection du Président Kaboré à la tête du nouveau Burkina Faso ou plus rien ne devrait être comme avant. Néanmoins, en tant que citoyen, le devoir en appelle à chacun à chaque fois que de besoin de partager certaines informations au public pour prendre la mesure de la loyauté avec laquelle nos autorités nous gouvernent et décident de notre avenir commun. Cet écrit vise à prendre l’opinion publique à témoin sur des faits graves et nuisibles pour l’avenir du pays qui auraient cours au ministère des infrastructures.

En effet, dans le cadre de ses efforts de développement, le Burkina Faso sollicite constamment l’appui de pays amis dont le Japon pour faire face aux défis du développement. Ainsi et ce depuis belle lurette, le pays du soleil a toujours accompagné les braves populations du Burkina Faso dans leur quête d’un mieux-être, en témoigne de nombreux projets réussis dans les domaines de l’éducation, la santé, l’agriculture, l’environnement, le sport, etc.

Au Burkina Faso, au sortir de la dernière TICAD (Conférence de Tokyo sur le Développement de l’Afrique) initiée par le Japon depuis 1993 après la fin de la guerre froide pour apporter sa contribution au développement du continent avec lequel il entretient des liens séculaires en matière de contribution au développement. Les dernières conférences tenues au Japon et dernièrement sur le continent africain ont abouti au choix du secteur des infrastructures comme étant une priorité pour le développement du continent africain.

Pour traduire cet état de fait, la coopération japonaise a entrepris de réaliser après moult consultations avec les autorités du Burkina Faso à l’époque de refaire le tronçon de 6,5 kms du Boulevard des Tensoba, mieux connu sous l’appellation de Boulevard Circulaire situé entre les échangeurs de l’est et de Ouaga 2000, cette route de par son caractère stratégique et son état de dégradation avancé devant à terme représenter le symbole du savoir-faire nippon en matière de construction de routes. La réfection de cette route par le Japon est envisagée sous forme de DON, ce qui implique qu’elle sera construite gratuitement aux frais du contribuable Japonais pour les populations du Burkina Faso. Ce projet couterait autour de 25 milliards de francs CFA pour faire une voie à double sens avec des ponts et éviter que les gros camions ne croisent les autres types de véhicules.

L’accord du gouvernement étant acquis, le Japon en préparation à la future construction a entrepris comme cela se doit de réactualiser les études sur ce tronçon qui dataient des années 2008. Ainsi, un consortium de cabinets japonais a été recruté pour ces nouvelles études et sur le terrain, il s’est attaché les services de deux bureaux d’études burkinabè pour conduire des études topographiques, géotechniques, de déplacement des réseaux (ONATEL, ONEA, SONABEL, etc.) et les études d’impact social et environnemental qui devront à terme aboutir à un plan de réinstallation/dédommagement pour les personnes affectées par le projet. Ces nouvelles études ont déjà couté près de 500 millions aux contribuables japonais. Les dites études sont en cours de finalisation et un atelier de validation est prévu courant juin/juillet 2016 pour celles-ci.

Malgré la bonne volonté du Japon à construire cette route sous forme de DON, un défi de taille est apparu après la mise sur pied du nouveau gouvernement avec l’arrivé du banquier Eric BOUGMA au ministère des infrastructures. En effet, celui-ci faisant table rase de l’accord du gouvernement de la transition de permettre au Japon de construire le boulevard des Tensoba sous forme de DON a commencé à freiner l’avancée du projet. Il a notamment dit que ce n’est pas le nouveau gouvernement qui a accepté ce projet comme si l’état n’était pas une continuité.

En effet, le banquier par ailleurs cousin du président du Faso pense que le délai des japonais qui tablent sur un début des travaux en début 2017 (parce que le dossier doit d’abord passer en conseil des ministres au Japon après les études et seuls deux conseils de ministres sont organisés là-bas par an) est long et qu’il préfère prendre un prêt avec la BOAD pour construire la route en question.

Différentes démarches furent entreprises pour ramener le ministre à la raison mais rien ne semble avancer pour l’instant. Le banquier ne connait que le langage des prêts et tient à encore endetter le Burkina Faso et les générations à venir pour une route qui nous aurait été construites gratuitement et les japonais avaient assuré le même ministre qu’ils construiraient la meilleure route au Burkina Faso avec toutes démonstrations possibles et les types de bitume qui seront utilisés. Selon leurs dires, ils veulent construire une route qui « respire » et qui est durable pour supporter les gros camions pendant de très longues années.

En tant que citoyen, je me pose un certain nombre de questions : pourquoi un pays pauvre comme le Burkina Faso peut refuser un don pour un prêt auprès d’une banque avec des taux élevés ? Est-ce la seule route au Burkina Faso qui demande à être bitumée ? Quel intérêt particulier a le ministre des infrastructures à freiner un élan qui devrait à terme nous permettre d’avoir d’autres infrastructures gratuitement et utiliser les prêts pour construire d’autres infrastructures routières ? Peut-on construire une route en quelques jours comme il le croit ? Les financements n’étant pas encore mobilisés, combien de temps souffriront encore les burkinabè sur cette route qui défraie la chronique surtout en cette saison des pluies ? La saison pluvieuse passée, l’Association One Village (chapeau bas au passage pour leurs efforts constants) qui officie comme régulateur de la circulation dans la zone avait à plusieurs reprises mobilisés ses volontaires pour combler les nombreux nids de poule.

Le ministre des infrastructures aurait déclaré à l’ambassadeur nippon que le Président du Faso et le Premier Ministre seraient au courant de la décision de préférer un prêt pour la construction de la route. Doit-on penser que nos gouvernants ne sont pas raisonnables ? Le leadership pourtant exige de prendre des décisions pour le bien des populations, ce qui est loin d’être le cas dans la situation présente. Avons-nous besoin d’endetter les générations futures pour une route que le Japon veut nous offrir gratuitement ? Quelles sont les implications pour la coopération entre le Burkina Faso et le Japon en matière d’infrastructures ? Le Japon ne va-t-il pas suspendre tous ses appuis dans ce domaine si important ? Etre banquier veut-il dire qu’on ne sait pas ce qu’un don veut dire pour des populations qui ne demandent qu’une route de grande qualité le plus rapidement possible ?

J’ai pris la décision de rédiger ce coup de gueule parce que toutes ces questions m’empêchent de dormir et dans l’espoir que les journalistes iront auprès des personnes concernées pour confirmer les informations mises en exergue et apporter les réponses à toutes ces questions pour lesquelles toute la population mérite d’avoir des réponses, je l’espère satisfaisantes.

Le ministre est banquier et cousin du président, du coup ses techniciens qui pour certains par lâcheté et d’autres pour protéger leurs postes, évitent de lui dire la vérité qui est que le Burkina a besoin de ce don japonais au lieu du prêt sur la tête de ses enfants. Le prêt pourra servir à construire de nombreuses routes qui attendent d’être bitumées.

Comme pour paraphraser l’artiste, Monsieur le Président, si vous laissez faire, ça tombera sur vous.

Un citoyen consterné.

Source: LeFaso.net