En marge de l’audience accordée à la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) ce jeudi 9 mars 2017, Safiatou Lopez/Zongo, présidente d’honneur du Cadre de concertation national des organisations de la société civile (CCNOSC), s’est prononcée sur la situation nationale. Dans les lignes qui suivent, elle dénonce « un bicéphalisme au sommet de l’Etat », et parle du silence de la société civile qui ne présage rien de bon pour le pays des hommes intègres.
Lefaso.net : Quelle lecture faites-vous de la situation politique actuelle ?
Safiatou Lopez/Zongo : Au regard de ce qui se passe, on a voulu le changement, on ne sait pas si on l’a eu ou pas. Chacun dira ce qu’il pense. Je suis toujours sceptique. J’espère que nous allons avoir le changement et que les aspirations profondes du peuple burkinabè seront respectées.
Vous êtes donc toujours en attente d’un quelconque changement ?
Nous attendons toujours le changement et nous espérons que les mêmes manœuvres qu’on a eues sous Blaise (Compaoré), on ne les aura pas. Quand on regarde certaines choses on se demande ce qui se passe au Burkina Faso. On se pose des questions et on est en droit de le faire. Si des gens sont morts pour avoir ce changement, et aujourd’hui nous sommes toujours en train de nous poser des questions, il y a un problème.
Le malaise est assez profond. Le calme qu’il y a au Burkina Faso aujourd’hui est un calme qui doit faire peur à tous ceux qui connaissent ce pays. Qu’on se dise la vérité. On regarde et on espère qu’il y aura un sursaut qui va nous rassurer et donner plus de crédibilité au gouvernement. Aujourd’hui, la société civile s’est mise à l’écart et regarde. Il faut craindre parce qu’elle ne croit plus. Et dans tous les cas, elle abandonne. Donc, ce n’est pas bon.
En se mettant à l’écart, la société civile a donc décidé de subir alors ?
On regarde parce qu’on a élu une personne. Nous avons parlé de bicéphalisme au sommet de l’Etat. Il est toujours là.
Qu’entendez-vous par bicéphalisme au sommet de l’Etat ?
On a l’impression que Salif Diallo (le président de l’Assemblée nationale, ndlr) a la mainmise sur le fonctionnement du gouvernement. Je dis donc qu’il y a bicéphalisme au sommet de l’Etat. Il y a problème parce que c’est un fauteuil (présidentiel), ce n’est pas un banc. Le président a été élu et c’est un fauteuil normalement. Ça ne devrait pas être un banc.
Aujourd’hui, nous avons l’impression que d’autres personnes sont assises et chacun s’identifie comme le chef de l’Etat, même si le peuple burkinabè et ceux qui ont voté ne reconnaissent qu’un individu. Et quand vous regardez au niveau du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), le parti au pouvoir, il joue très bien le rôle d’opposition et de parti au pouvoir. L’opposition n’a pas grand travail à faire. Ils (les partis de l’opposition) sont en vacance technique parce que le MPP seul joue parfaitement les deux rôles.
Le parti majoritaire joue à l’opposant !
Ils sont opposants et au pouvoir. Nous, nous regardons parce qu’il faut bien réfléchir avant de réagir ou d’agir. Si vous pensez intérêt général, il faut beaucoup réfléchir ; regarder ce que nous pouvons poser comme acte pour que le peuple burkinabè ne subisse pas encore.
Entretien réalisé par Marcus Kouaman
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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