Comme de coutume pour lui depuis quelques années, le Parti de l’indépendance, du travail et de la justice (PITJ) a effectué sa rentrée politique ce 30 mars 2017 à Ouagadougou. Occasion pour les responsables du « plus vieux parti politique » du Burkina d’explorer la situation politique nationale avec en toile de fond des révélations. Nous vous proposons in extenso le discours lu à cette occasion par le secrétaire général du parti, Soumane Touré.

Mesdames, Messieurs les représentants des organes de presse,

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations et partis politiques,

Au nom du Bureau exécutif central, des structures et des militants du PITJ, nous vous souhaitons la bienvenue au rendez-vous annuel que nous avons institué avec la presse, et qui nous tient lieu de rentrée politique, le 30 Mars, date anniversaire de la naissance du fondateur de notre partie. Il y a dix ans que ce rendez est honoré par vous et nous. C’est le lieu donc de saluer tout le monde pour cette performance, car nous avons réussi à en faire un évènement national. Félicitation donc et par la même occasion recevez nos vœux les meilleurs pour l’année 2017.

Comme vous le savez, c’est l’occasion que nous nous sommes donnée de rendre hommage au fondateur de notre parti, Amirou A. Thiombiano, ainsi qu’à tous les camarades disparus qui ont laissé un grand vide dans nos rangs. Le dernier en date étant le Dr Sanou Z. Jean, qui a pris part à toutes les luttes jusqu’à la création du PITJ dont il a été le premier secrétaire adjoint.

Bien que militant connu et reconnu comme militant actif et conséquent depuis 1971, c’était la première fois qu’il apparaissait dans la direction du parti malgré les importantes responsabilités qu’il a assumées à la fois sur les plans professionnel et politique. Les titres et les postes importent peu pour les militants engagés et déterminés. Et quelle que soit la position qu’ils occupent sur le front de la lutte, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes pour l’atteinte des objectifs dans les missions qui leur sont assignées.

Le meilleur hommage à ces militants disparus est la poursuite de la lutte avec détermination et esprit de suite afin que leurs efforts et leurs expériences soient capitalisés.

Minute de silence

C’est dans cet esprit que notre parti, créé en 1963, le plus ancien des partis à ce jour, est devenu la mémoire des luttes de notre peuple, une école du patriotisme, de la démocratie, de l’anti-impérialisme, de la révolution, dans un effort soutenu pour contribuer à un changement radical dans notre pays et en Afrique, changement qui ne peut survenir que par un changement profond des mentalités au sein du peuple.

Notre parti ne peut tolérer, ni accepter que les forces rétrogrades et obscures, que les descendants de collaborateurs du colonisateur et la petite bourgeoisie intellectuelle au service de l’impérialisme usurpent le pouvoir d’Etat, pour maintenir notre peuple dans les chaines de l’impérialisme.

Dès sa création, notre parti s’est assigné comme tâches prioritaires d’informer, de former, d’éduquer et d’élever la prise de conscience de notre peuple, et surtout de l’aider dans ses différentes composantes à s’organiser et à lutter pour l’instauration d’une démocratie véritable dans notre pays, d’une gouvernance vertueuse pour son progrès. Tout cela est clairement consigné dans les statuts et règlement intérieur de notre parti.

Pour ce faire, il fallait imposer aux différents régimes qui se sont succédé depuis Maurice Yaméogo, la reconnaissance et la garantie des libertés individuelles et collectives. La conviction de notre parti est que les libertés sont des moyens qui permettent aux travailleurs et au peuple de s’organiser et lutter pour leurs intérêts immédiats et la réalisation de leurs aspirations profondes à la démocratie véritable, à la bonne gouvernance, et au progrès.

Pendant près de six décennies d’indépendance, notre parti et ses militants, à quelque niveau qu’ils se trouvent, ne se sont guère lassés d’expliquer et de lutter pour la garantie et l’élargissement des libertés individuelles et collectives et qu’elles soient consignées dans une constitution. C’est tout le sens de l’exigence répétée d’un retour à une vie constitutionnelle normale, et de l’exigence tout aussi répétée du respect strict de la constitution dans laquelle sont consignées clairement ces libertés et les droits et devoirs des citoyens.

C’est pourquoi notre parti est très dur et intransigeant à l’égard de tous ceux qui portent atteinte à la constitution. C’est aussi pourquoi notre parti ne peut accepter que les partis politiques et les OSC, qui doivent leur existence aux libertés individuelles et collectives consacrées par la constitution, qui doivent s’exprimer et agir conformément à la constitution, aux lois et règlements de la république, aillent soutenir le Lieutenant-colonel Zida après que ce dernier ait suspendu la constitution pour instaurer une transition non conforme à cette constitution.

Ces partis politiques et ces OSC ne savaient-ils pas qu’en acceptant la suspension de la constitution, qu’ils acceptaient de ce fait la suspension de leur propre existence ? Pour ces crimes politiques graves (art 166 de la constitution), ces partis politiques et ces OSC devraient être dissouts ou à tout le moins être suspendus pour une durée conséquente afin que tout le monde sache le respect dû à la constitution.

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition politique n’a même pas tenté d’exiger le respect de la constitution comme la loi portant chef de file de l’opposition le lui imposait. Il est devenu de ce fait chef de file des criminels qui doivent être durement châtiés pour avoir conduit notre processus démocratique dans l’impasse politique avec l’usurpation du pouvoir par le MPP. Les atteintes à la constitution ne doivent pas être minimisées et leurs auteurs, ne doivent pas être exonérés de leurs responsabilités.

Nous sommes des démocrates par conviction car c’est la démocratie qui permet au peuple de faire l’apprentissage de la gestion et de la bonne gouvernance, qui pose les bases du changement qualitatif profond, qui prépare la révolution. C’est pourquoi, nul ne peut nous prendre à défaut sur la question de la défense des libertés individuelles et collectives et du respect de la constitution.

En cette rentrée politique du 30 mars 2017, les usurpateurs du MPP et leurs supporteurs auraient aimé nous voir faire comme les autres en portant de vagues critiques sur leur gouvernance chaotique et mafieuse. Ce serait pour eux le signe qu’ils ont réussi à imposer à tous le fait accompli de leur usurpation du pouvoir. Ce serait pour eux la preuve qu’ils ont réussi à normaliser, légitimer et à légaliser leur forfaiture, leurs crimes graves à l’encontre du peuple par les atteintes multiples à la constitution (art. 166) et par la violation de nombreuses lois et règlements de la république. Les usurpateurs du MPP et leurs supporteurs ne doivent pas se tromper si lourdement sur notre compte.

A cette rentrée politique nous allons :

- Premièrement, faire l’historique de la lutte déterminée de notre peuple pour la construction d’un Etat de droit véritable pour la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique ;

- Deuxièmement, analyser le blocage et l’impasse dans laquelle se trouvent les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent face aux exigences de notre peuple ;
- Troisièmement, aborder la question de la réconciliation nationale impossible derrière laquelle courent les usurpateurs du MPP et ceux qui les soutiennent ;
- Quatrièmement, exposer les deux possibilités pour notre peuple de renouer avec une vie constitutionnelle normale ;
- Enfin, lancer un appel aux burkinabé de l’intérieur et de l’extérieur que nous appelons les quarante-huitards.

I. De la lutte déterminée de notre peuple pour la construction d’un Etat de droit véritable pour la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique

Il est unanimement reconnu que ce qui a fait l’admiration du monde entier pour notre peuple a été la résistance qu’il a opposée à la modification de l’art. 37 de la constitution, qui a contraint Blaise Compaoré à la démission le 31 Octobre 2014. C’est donc la lutte de notre peuple pour le respect de la constitution qui lui a valu l’admiration de tous.

Et le monde entier s’est souvenu alors que le 03 Janvier 1966, par un soulèvement populaire, notre peuple avait balayé le régime autocratique et gabégique de Maurice Yaméogo qui avait été contraint à la démission. Une commission d’enquête sur la gestion de son régime a été mise en place, présidée par un des dirigeants émérite du soulèvement populaire, Amirou Ajdima Thiombiano, fondateur de notre parti. Il avait exigé de tous les membres de la commission d’enquête le respect strict du Président déchu et de ses droits. Un tribunal spécial a jugé et condamné Maurice Yaméogo et l’a privé de ses droits civiques pour une période bien déterminée.

Ensuite, en tant que principal dirigeant du mouvement syndical, Amirou A. Thiombiano a conduit les discussions avec le régime militaire pour envisager les mesures financières internes pour sortir l’Etat de la banqueroute. Il n’y a pas eu de mendicité ni d’aide internationale. Les travailleurs et le peuple se sont engagés à consentir des sacrifices salariaux, fiscaux et sur leurs carrières pour réussir le redressement financier du pays. Au bout de huit (08) ans, le pari était gagné et le ministre des finances, Tiémoko Marc Garango a pu écrire sa plaquette sur le Redressement Financier de la Haute-Volta.

Le monde entier, les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds sont restés ébahis devant cette prouesse de notre peuple d’autant plus qu’il n’y avait eu ni blessé, ni mort, ni dégradation de bien public et privé.

Le monde entier a retenu son souffle lorsque, en novembre 1975, notre peuple s’est engagé à nouveau dans la résistance à l’instauration d’un parti unique par les militaires et pour exiger d’eux le retour à une vie constitutionnelle normale, par une grève générale de quarante-huit (48) heures les 17 et 18 décembre 1975 et par une opération ville morte dans la capitale. Suite à la convocation d’une commission spéciale (genre de conférence nationale souveraine avant l’heure), après (03) ans de transition, le retour à une vie constitutionnelle normale survint en 1978. Le monde entier a été à nouveau ébahi à l’occasion de l’élection présidentielle équitable et transparente organisée en 1978, de voir pour la première fois en Afrique un président en poste depuis douze (12) ans mis en ballotage par un inconnu de la scène politique.

Les travailleurs et le peuple, s’étaient mobilisés derrière les candidats civils pour renvoyer démocratiquement par les urnes Lamizana et les militaires à la caserne.

Macaire Ouédraogo était candidat de l’UNDD, parti créé par Maurice Yaméogo, premier président de notre pays renversé par le soulèvement populaire du 03 Janvier 1966 qui avait recouvré ses droits civiques et que nul n’a empêché par quelque artifice que ce soit de jouir de ses droits constitutionnels.

C’est uniquement la peur que Maurice Yaméogo se venge qui a affaibli le mouvement de soutien au candidat civil et cette peur avait été suscitée et alimentée par les forces rétrogrades et obscures du Centre que le régime de Maurice Yaméogo avait malmenées.

Toutefois, le monde entier est resté admiratif de notre peuple qui avait réussi la prouesse d’empêcher l’instauration du parti unique et d’obtenir de la couche supérieure de l’Armée le retour à une vie constitutionnelle normale sans aucune violence.

Tout le monde a retenu qu’en Afrique de l’Ouest, notre pays avait le plus beau mouvement démocratique et que l’instauration d’une démocratique véritable était possible. Cela était possible d’autant plus que les revendications n’étaient pas seulement politiques en rapport avec l’élargissement des libertés individuelles et collectives et le retour à une vie constitutionnelle normale, mais portaient tout aussi fortement sur la moralisation de la gestion de la chose publique avec l’exigence de faire la lumière sur des contentieux relatifs à la gestion de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et des secours aux populations sinistrées par la grande sécheresse de 1973.

Le monde entier s’attendait une fois de plus à une prouesse pacifique similaire dès qu’il a vu notre peuple s’engager dans un mouvement de résistance à la modification de l’art.37 de la constitution. Le monde entier attendait que notre peuple, tirant leçon de son expérience de lutte passée, renforçât et consolidât le processus démocratique dans notre pays et posât les bases de la bonne gouvernance en s’inspirant de l’expérience du Tribunal Spécial, des TPR et du rapport du Collège des Sages.

Le mouvement syndical, le 13 septembre 1979, par lettre ouverte en 13 points adressée au Général Lamizana démocratiquement élu réitérait son exigence de la moralisation de la gestion de la chose publique. Toutes les quatre (04) centrales syndicales de l’époque était signataires de cette lettre. C’est pourquoi, lorsque le 12 septembre 2013 Luc Adolphe Tiao, après avoir rendu publique la liste des malversations avait promis leurs jugements en fin octobre de la même année, notre parti lui rappela qu’il faisait là écho à cette lettre du 13 septembre 1979.

Nous venons de rappeler, dans la vraie lutte de notre peuple pour la démocratie véritable et la bonne gouvernance jusqu’en 1979 ce qui lui a valu le respect et l’admiration du monde entier pour son engagement déterminé et pacifique pour construire une démocratie véritable.

Les forces rétrogrades et obscures du Centre qui n’ont pas digéré leur défaite depuis le coup d’Etat manqué du Morho Naaba de 1958 ont guetté et saisi toutes les occasions pour s’allier aux bonapartistes de la couche supérieure de l’Armée pour infliger des revers à la lutte de notre peuple pour faire reculer la construction d’une démocratie véritable dans notre pays. Cependant, elles n’ont jamais pu infléchir la détermination de notre peuple qui, patiemment, a toujours su trouver les ressorts et les ressources pour reprendre vigoureusement sa lutte pour l’instauration d’une démocratie véritable et la bonne gouvernance.

Les forces rétrogrades et obscures du Centre et les bonapartistes de la couche supérieure de l’Armée ont tout mis en œuvre pour amener le Général Lamizana démocratiquement élu à durcir son régime et à abattre la répression sur les travailleurs et le peuple.

Le Général Lamizana, père de notre Armée, connaissait bien notre peuple, sa lutte et ses aspirations à la démocratie véritable et à la bonne gouvernance depuis son accession au pouvoir le 03 Janvier 1966. C’est pourquoi il n’a jamais voulu user de la violence ; il a toujours préféré reculer et manœuvrer en fin stratège qui avait pris la mesure de la faiblesse de la classe politique et surtout la force du mouvement démocratique conduit par un front syndical lucide et pondéré.

Le Général Lamizana connaissait et respectait les militants de notre parti qui, dans la clandestinité dirigeaient le mouvement démocratique et le mouvement syndical. Il les connaissait pour leur patriotisme et leur profond attachement à la démocratie. Et c’est pourquoi il n’entreprenait rien de grave contre eux en raison du bien fondé et de la justesse des mots d’ordre autour desquels ils mobilisaient les travailleurs et le peuple. En cela, on peut dire que le Général Lamizana était un bon père de famille qui aimait et respectait le peuple et voulait son évolution pacifique vers le progrès.

L’accusant de mollesse qui laissait s’installer la pagaille, les forces rétrogrades et obscures du Centre se sont alliées aux bonapartistes de la couche supérieure de l’Armée pour mettre fin à l’expérience démocratique de la IIIème république.

De même que le 08 Février 1974 il avait été mis un terme à l’expérience de la IIème république par un coup d’Etat sans que les ressources de la constitution aient été épuisées, le 25 Novembre 1980, par un coup d’Etat, il a été mis fin à l’expérience de la IIIe république sur fond de rivalités ethnico-régionalistes. Le Colonel Saye Zerbo qui avait pris la tête du CMRPN s’en mordra les doigts et dénoncera toute la manipulation sordide dont il fut l’objet dans une interview accordée au journal le Pays avant sa mort.

C’est pourquoi notre parti a rappelé amicalement à Salif Diallo qui joue au tout-puissant maitre du pays qu’aux yeux des forces rétrogrades et obscures du Centre, il est affecté d’une double tare : celle d’être du Yatenga et celle d’avoir un patronyme peulh, ce qui rappelle des souvenirs douloureux aux forces rétrogrades et obscures du Centre qui ont des fétiches à récupérer au Yatenga objet du faux départ du Morho Naaba tous les Vendredis et la rage d’avoir été obligées de couronner un peulh Morho Naaba, Empereur des Mossé.

Le Colonel Saye Zerbo et son CMRPN se sont heurtés à l’intransigeance du mouvement syndical sur la question de la bonne gouvernance et ont été contraints de créer plusieurs commissions d’enquêtes sur la gestion des finances publiques auxquelles les travailleurs ont participé.

Cependant, leur volonté affichée de liquider les libertés individuelles et collectives, de liquider le mouvement syndical allait se heurter à la résistance farouche des travailleurs qui non seulement réclamaient le rétablissement complet de ces libertés, mais aussi le rétablissement du droit de grève supprimé et le rétablissement de la CSV qu’ils ont dissoute.

Il faut noter que c’est à ce moment précis que l’Eglise catholique conduite par le Cardinal Paul Zoungrana, alors qu’il soutenait avec ferveur par des messes la lutte du syndicat Solidarnosc de Lech Valessa et du Cardinal de Dansk en Pologne contre le Général Jaruzelski, c’est au même moment qu’il soutenait paradoxalement le coup d’Etat du Colonel Zerbo et de son CMPRN qu’il a qualifié de don de Dieu. Le Cardinal Paul Zoungrana et l’Eglise catholique du Centre ont soutenu le Colonel Saye Zerbo dans l’atteinte à la constitution de la IIIème république, le bafouement des libertés individuelles et collectives, la répression du mouvement syndical.

Il faut croire que chaque fois que le Pape fait d’un prélat cardinal dans notre pays, c’est pour le malheur de notre peuple dans sa lutte pour une démocratie véritable. Le frère en Christ Philippe Ouédraogo à peine fait cardinal a conduit l’Eglise Catholique du Centre pour soutenir le coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Zida en l’adoubant au palais du Morho Naaba après que ce dernier eut suspendu la Constitution et dissous l’Assemblée. Ils l’ont accompagné de leur soutien jusqu’au bout de la transition bâtarde en dépit de leurs multiples bafouements de la constitution dans sa lettre et dans son esprit, après les bafouements de toutes les lois et règlements de la république, après une mascarade électorale. Ils ont installé Roch Marc Christian Kaboré à la tête de l’Etat.

Le Cardinal Philippe Ouédraogo lui-même l’a conduit au Vatican pour le faire bénir par le Pape François. Roch Marc Christian Kaboré serait-il une autre bénédiction du ciel pour le Burkina ? Au vu de la gouvernance chaotique, mafieuse et pleine de périls pour notre pays de Roch Marc Christian Kaboré, nous sommes dans l’attente que Dieu nous sauve.

Le colonel Saye Zerbo, son CMPRN, les forces rétrogrades et obscures du Centre ont été balayées du pouvoir par le coup d’Etat du Médecin Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo en moins de 15 mn. C’est alors que toutes les forces rétrogrades et obscures du Centre reportèrent tout leur soutien sur Jean-Baptiste Ouédraogo et firent étalage de leur haine du mouvement syndical. Il a fallu que le mouvement syndical, par écrit à Jean Baptiste Ouédraogo menaçât de reprendre la lutte pour le contraindre au rétablissement du droit de grève et de la CSV qui avait été dissoute.

Soutenu et poussé par les forces rétrogrades et obscures du Centre, JBO va perpétrer le coup d’Etat du 17 Mai 1983 et procéder à l’arrestation de jeunes officiers et des dirigeants du mouvement syndical qu’il fit enfermer au Nouveau camp (aujourd’hui Camp Lamizana).

La jeunesse et le peuple se mobilisèrent pour exiger la libération du Capitaine Thomas Sankara et autres, et pour reprendre la marche vers la construction d’une démocratie et la bonne gouvernance. Au bout de cette résistance est survenu le coup d’Etat du CNR dirigé par Thomas Sankara. Thomas Sankara et le CNR comprirent très vite qu’il fallait faire droit à l’exigence de bonne gouvernance et de la moralisation de la gestion de la chose publique réclamées par les travailleurs et le peuple depuis 1975.

Les dossiers ayant été apprêtés par le Colonel Saye Zerbo et son CMRPN, les tribunaux populaires de la révolution (TPR) démarrèrent le 03 Janvier 1984 en souvenir du premier soulèvement populaire du 03 Janvier 1966.

Pendant que les TPR siégeaient, Thomas Sankara et son CNR se lancèrent dans la répression du mouvement démocratique et des tentatives de démantèlement du mouvement syndical sur une échelle de violence inégalée. Thomas Sankara et son CNR pensaient qu’en satisfaisant la revendication de bonne gouvernance, les travailleurs et le peuple lui concéderaient sa revendication d’une démocratie véritable qui leur permettrait d’installer leur régime bonapartiste. Mauvais calcul. La résistance que leur ont opposée les mouvements démocratique et syndical finit par isoler complètement Thomas Sankara, provoquant la désaffectation du peuple vis-à-vis de son régime.

En cinquante-quatre (54) mois de pouvoir, les seuls rapports que Thomas Sankara, Fidèle Toé, ministre du travail et de la fonction publique, Nongma Ernest Ouédraogo ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ont entretenus avec le mouvement syndical et le mouvement démocratique furent la répression, les arrestations arbitraires, les emprisonnements, les tortures et les putschs syndicaux. La révolution de Thomas Sankara et du CNR pouvait-elle tenir sans les travailleurs ou contre les travailleurs ?

Le 15 octobre 1987, isolé des travailleurs et du peuple, abandonné par ses CDR qui avaient largement contribué à son discrédit par leurs exactions, Thomas Sankara fut abattu au nom de la rectification par le coup d’Etat sanglant du front populaire de Blaise Compaoré.

Le front populaire dont Salif Diallo et Halidou Ouédraogo étaient les principaux accompagnants, très officiellement le premier comme planton supérieur, le second comme conseiller juridique auprès de Blaise Compaoré, fit régner la terreur par les assassinats. C’est ainsi qu’au fil du temps, Salif Diallo est devenu l’âme damnée de Blaise Compaoré. Publiquement, dans les média, Salif Diallo et Halidou Ouédraogo sont acculés à se dédouaner mutuellement de leur implication dans l’assassinat de l’étudiant Dabo Boukary. Salif Diallo aurait réécrit pour Halidou Ouédraogo le texte de son interview sur la question.

De même, nous ne sommes nullement surpris que Salif Diallo ait imposé à la tête de la fameuse commission constitutionnelle son comparse de tous temps Halidou Ouédraogo pour réécrire la constitution qui lui permettrait de réaliser son coup d’Etat institutionnel contre Roch Marc Christian Kaboré en le dépouillant de ses prérogatives constitutionnelles pour s’en habiller dans le cadre d’un régime parlementaire.

Dans le cadre du contrat avec l’impérialisme américain d’une part et l’impérialisme français d’autre part, que Salif Diallo a signé pour le renversement de Blaise, ce qui est ressorti, c’est que Salif Diallo pouvait réussir l’action de renverser Blaise Compaoré, mais qu’il ne pouvait, par le suffrage universel, prendre sa place. C’est pourquoi l’affaire a été séquencée : dans un premier temps, renverser Blaise et installer Roch, qui pouvait bénéficier du soutien des forces rétrogrades et obscures du Centre er l’Eglise catholique et ensuite, par la réforme constitutionnelle, installer Salif Diallo aux commandes de l’Etat.

A moins que Roch soit un taré politique, il devrait voir les choses venir, et prendre les dispositions qui s’imposent à lui en usant des ressources de la constitution de la IVème république.

Fort du soutien actif de Salif Diallo, de Halidou Ouédraogo et du PCRV, le front populaire acheva le démantèlement et la domestication du mouvement syndical. Le front populaire crut ainsi naïvement avoir réussi là où avaient échoué le Colonel Saye Zerbo et son CMRPN, le médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et ses CSP, et Thomas Sankara et son CNR.

Le front populaire crut avoir mis un terme aux mouvements démocratique et syndical ; il crut béatement avoir mis fin à la lutte du peuple pour la démocratie et la bonne gouvernance. A tour de bras, le front populaire révisa les décisions rendues par les TPR, allant jusqu’à indemniser ceux qui, pourtant s’étaient rendus clairement coupables de malversations et de détournements pour s’attirer leur sympathie et leur soutien.

Survint alors le discours de la Baule et notre peuple en profita pour relancer sa lutte pour la construction d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de gestion de la chose publique.

Ce fut long et lent à cause de toutes les manipulations, de la corruption endémique et des fraudes électorales massives organisées. Ce fut long et lent à cause des manipulations de la constitution, des lois et règlements de la République. C’est ce qui explique la longévité de Blaise Compaoré au pouvoir.

La dernière tentative de manipulation de l’art. 37 de la constitution par Blaise Compaoré s’est heurtée à une résistance farouche et déterminée de notre peuple qu’il était loin de soupçonner. Elle lui fut fatale.

La lutte de notre peuple pour la démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique a souvent été entravée. Notre peuple dans sa lutte a subi des revers et des reculs. Mais patiemment, il a toujours su puiser en lui des ressources insoupçonnées pour relancer sa lutte pour la démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique de façon plus vigoureuse.

II. Du blocage et de l’impasse dans laquelle se trouvent les usurpateurs du MPP

Ceux qui n’ont jamais participé à la lutte de notre peuple, ceux qui ignorent tout de cette lutte, qui ont tout oublié et qui n’ont rien appris se sont rapidement et hâtivement regroupés pour tenter de donner un autre cours à l’évolution politique de notre pays au lendemain de la démission de Blaise Compaoré le 31 octobre 2014.

Ils ne savent pas et ne comprennent pas jusqu’à présent qu’à leur tour, ils sont confrontés plus tôt qu’ils ne le prévoyaient à la même résistance farouche et déterminée de notre peuple, à ses exigences de construction d’une démocratie véritable, de la bonne gouvernance et de la moralisation de la gestion de la chose publique.

Le Lieutenant-Colonel Zida et sa clique de putschistes, les forces rétrogrades et obscures du Centre, toute la classe politique regroupée autour du CFOP et les OSC qui ont instauré une transition bâtarde contraire à la constitution l’ont appris à leurs dépens. Le Lieutenant-colonel Zida qui a perpétré le coup d’Etat a dû fuir en exil sous les huées après s’être fait général. Roch Marc Christian Kaboré qui l’a aidé à s’évader l’a urbi et orbi accusé de malversations et de corruption en déclarant que pendant la transition, rien n’ a été fait conformément à la constitution en oubliant de mentionner la mascarade électorale qui les a hissés à la tête de l’Etat.

Le MPP de Roch Marc Christian Kaboré que toutes les organisations putschistes, les forces rétrogrades et obscures du Centre ont aidé à usurpé le pouvoir se trouvent bloqués et dans l’impasse. Les usurpateurs du MPP se trouvent bloqués par l’exigence du rétablissement des normes constitutionnelles. En cela, c’est le dossier du coup d’Etat manqué du Général Diendieré qui les tient à la gorge. Le tribunal militaire ayant abandonné le chef d’inculpation d’atteinte à la constitution. Par contre, pour leur défense, le Général Diendéré et les éléments du RSP pourraient se justifier en prétextant avoir voulu balayer une transition non conforme à la constitution pour permettre à notre peuple de renouer avec sa constitution.

Le procès du coup d’Etat manqué du Général Diendiéré et des éléments du RSP risque de tourner à la mise en accusation pour atteinte à la constitution et bafouement des lois et règlements de la république par le Lieutenant-Colonel Zida et sa clique, les autorités religieuses et coutumières, toute la classe politique réunie autour du CFOP et les OSC, M’ba Michel Kafando et Sy Chériff du CNT. Il sera ainsi ouvert dans ce procès le vrai procès des crimes politiques commis depuis la démission de Blaise Compaoré par la non-application de l’art. 43 de la constitution.

Les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent sont également bloqués face à l’exigence de bonne gouvernance et de moralisation de la gestion de la chose publique par les milliers de dossiers qui encombrent les armoires et les ordinateurs de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption.

Les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent constituent la nouvelle bourgeoisie qui a éclos sous le fauteuil de Blaise Compaoré et ont prospéré dans la prédation de la république par des détournements et des malversations se chiffrant par milliards. Ils ne peuvent de ce fait juger ces dossiers car ce serait se juger eux-mêmes. Bien qu’ils déclarent n’être pas au-dessus des lois et qu’ils sont prêts à lever leurs immunités pour répondre devant la justice, ils n’oseront pas le faire parce que le résultat est garanti : c’est la MACO direct pour eux, pour crimes économiques.

Les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent croient faire diversion en parlant de réconciliation nationale basée sur les crimes de sang. Ils font du bruit autour des dossiers emblématiques de Thomas Sankara, Dabo Boukary, Norbert Zongo et des martyrs de l’insurrection. Mais, le contentieux est beaucoup plus lourd. Pour faire diversion, il a été confié à l’HCRN de Bénoît Kambou auquel ils ne donnent pas les moyens de travailler sous prétexte qu’il n’a pas à se presser d’autant plus qu’il est installé pour cinq ans.

Les usurpateurs du MPP conduits par Roch Marc Christian Kaboré et tous ceux qui les soutiennent espèrent ainsi endormir le peuple et escamoter ce lourd contentieux.

En vérité, ils sont bloqués et dans l’impasse avec ce lourd contentieux des crimes de sang qui s’est nourri d’assassinats, de torture, de séquestrations et autres exactions contre nombre de nos concitoyens et leurs vies de 1982 à l’insurrection d’octobre 2014 sous les régimes des CSP I et II, du CNR, du front populaire et de la IVème république.

Les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent sont ceux-là qui ont animé ces différents régimes et pourraient être accusés de crimes de sang ou de complicité. Ce n’est pas gratuitement que notre parti a qualifié le MPP d’association de malfaiteurs et de criminels dès sa naissance.

Bloqués et dans l’impasse, les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent cherchent à créer un écran de fumée en suscitant et en entretenant un débat oiseux sur le triptyque : vérité ; justice, et réconciliation pour savoir lequel des volets doit être abordé en premier.

Que les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent ne se fassent aucune illusion ; ils ne réussiront pas à piétiner à nouveau les exigences de notre peuple pour une démocratie véritable, la bonne gouvernance, et la moralisation de la gestion de la chose publique. Il n’y a pas d’autre issue que d’y faire droit. Ils en sont incapables, bloqués qu’ils sont et dans l’impasse.

III. De la réconciliation nationale

La couche supérieure bonapartiste de notre armée a usurpé et confisqué le pouvoir d’Etat du 03 janvier 1966 avec le Général Lamizana à décembre 2015 avec le lieutenant-colonel ZIDA. Les coups d’Etat successifs ont introduit la violence dans notre évolution politique et cette violence est devenue très meurtrière avec l’irruption des jeunes officiers menés par le médecin Commandant Jean Baptiste Ouédraogo. De ce moment, le bilan macabre de leurs exactions contre nos concitoyens et leurs vies s’est alourdi au point de plomber l’évolution politique de notre pays.

Depuis l’avènement de la IVème république, il devient pratiquement impossible d’évoluer vers la construction d’un Etat de droit démocratique véritable sans avoir au préalable vidé correctement le lourd contentieux des crimes de sang.

Après les deux soulèvements populaires du 03 janvier 1966 et de décembre 1975, les contentieux portaient uniquement sur les crimes politiques et économiques et il était facile alors, dans le cadre de la constitution, des lois et règlements de la république et des institutions d’apporter des réponses rapides et justes. Depuis l’avènement de la IVème république, et surtout depuis l’insurrection d’octobre 2014, le règlement des contentieux, notamment celui des crimes de sang semble plus compliqué. Cette complication vient du fait que ce sont les mêmes acteurs, militaires et civils qui ont animé les différents régimes, qui ont usurpé le pouvoir d’Etat et qui, par des artifices, cherchent à se faire absoudre de leurs crimes à bon compte. Ils courent en réalité derrière une amnistie générale qui les dispenserait de répondre de leurs crimes. Ils ont alors inventé le concept de Réconciliation nationale autour duquel ils entretiennent des confusions et le dilatoire à dessein.

La première tentative s’est située en janvier 1992 avec la convocation par décret signé de Blaise Compaoré appelant un forum pour la réconciliation nationale. La peur d’un étalage des crimes et de leurs auteurs, à huis clos ou radiodiffusé était trop grande pour les participants au forum eux-mêmes. Ce fut le blocage, et Blaise Compaoré dut prendre un autre décret pour reporter sine die le forum. Ceux qui, quelques semaines auparavant réclamaient bruyamment la tenue d’une conférence nationale souveraine se sentirent soulagés et reprirent leurs grenouillages politiques sans état d’âme. Les ténors cherchèrent des arrangements pour se rapprocher de Blaise Compaoré et certains allèrent même jusqu’à fusionner leurs partis avec celui de Blaise Compaoré pour donner le CDP.

La deuxième tentative de réconciliation nationale eut lieu le 30 Mars 2001 avec l’organisation de la journée nationale du pardon sur la base des travaux du Collège des sages.

Au cours de cette cérémonie, Blaise Compaoré demanda vaguement pardon aux victimes des violences en politique au nom de l’Etat. Près de quatre milliards CFA furent versés aux victimes et à leurs ayants droit. Les recommandations du Collège des sages furent escamotées à l’exception de l’art. 37 de la constitution qui fut rétabli.

Notre parti qui avait vainement tenté au cours des travaux de la commission ad hoc de la table ronde de poser la question des contentieux des crimes de sang et des crimes économiques s’est réjoui du rapport du Collège des Sages, et l’a considéré avec beaucoup de respect. Il a reconnu et accepté le Collège des Sages parce qu’il a été créé et installé conformément aux art. 170 et suivants de la constitution. Notre parti a en outre approuvé les recommandations du Collège des Sages parce qu’elles préconisaient les recherches de solutions aux différents contentieux et à la sortie de crise pacifiquement en s’appuyant sur la constitution, les lois et règlements de la république et tout cela dans le cadre des institutions. C’est pourquoi notre parti n’avait pas hésité à entrer dans le gouvernement du protocole. C’est là l’explication simple de l’engagement de notre parti pour le respect de la constitution et la construction d’un Etat de droit véritable.

C’est donc très loin des élucubrations et des accusations de corruption que le Collectif des organisations de masse et des partis politiques dirigés par Halidou Ouédraogo diffusait contre notre parti. Le collectif le faisait d’autant plus allègrement que Philippe Ouédraogo lui avait vendu sa querelle. Au nom du collectif, Halidou Ouédraogo se mêlera des affaires internes de notre parti en exigeant par lettre adressée au ministre de l’Administration Territoriale qu’il donnât récépissé du PAI à Philippe Ouédraogo. La troisième tentative de réconciliation nationale a été initiée par le Lieutenant-colonel Zida qui, dès sa prise du pouvoir, a déclaré qu’aucun crime du régime de Blaise Compaoré ne resterait impuni.

M’ba Michel Kafando lui a emboîté le pas avec ses déclarations irresponsables sur le dossier Thomas Sankara et sur les crimes économiques. Ils iront jusqu’à convoquer au Conseil des ministres qu’ils ont tenu à Bobo-Dioulasso, Luc Marius Ibriga qu’ils ont bombardé à la tête de l’ASCE auquel ils donnaient deux semaines pour compléter et boucler les dossiers des crimes économiques. Une commission pour la réconciliation nationale a été installée.

La transition bâtarde conduite par le Lieutenant-colonel Zida et M’ba Michel Kafando a sombré à tous les étages jusqu’au CNT de Sy Chériff sous les accusations de corruption et de malversations.

Le lieutenant-colonel Zida lui-même a vu sa responsabilité engagée dans le lourd dossier des crimes de sang de l’insurrection. La transition a quitté la scène politique en refilant la patate chaude du dossier de la réconciliation nationale aux usurpateurs du MPP et à ceux qui les soutiennent qui, à leur tour, se trouvent bloqués et dans l’impasse.

La réconciliation nationale que l’on cherche vainement à réaliser en lieu et place des exigences de notre peuple pour la construction d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique ne peut prospérer. Elle ne peut pas se réaliser parce qu’elle ne vise qu’à cultiver l’impunité. Elle ne vise qu’à blanchir les auteurs de crimes politiques, de crimes de sang et de crimes économiques et à blanchir les milliards dont ces auteurs ont spoliés notre peuple.

Par contre, notre peuple peut, par l’expérience qu’elle a eue après le premier soulèvement populaire du 03 janvier 1966 et par celle corrigée des TPR, vider tous les contentieux de crimes politiques, de crimes de sang et de crimes économiques en s’appuyant sur la constitution, les lois et règlements de la république et dans le cadre des institutions. Pour ce faire, notre peuple doit renouer avec une vie constitutionnelle normale en se débarrassant des usurpateurs du MPP. A l’état actuel de notre situation politique nationale, deux possibilités pacifiques s’offrent au peuple qui doit se mobiliser pour obtenir la mise en œuvre de l’une ou l’autre.

IV. Des deux possibilités pacifiques de renouer avec une vie constitutionnelle normale

Il existe deux possibilités pacifiques. La première peut être offerte par Roch Marc Christian Kaboré qui a été installé à la tête de l’Etat, s’il a le courage patriotique d’user des pouvoirs constitutionnels dont il dispose.

La deuxième possibilité, à défaut de la première, doit être une opération de prévention des conflits graves exécutée par les FDS.

1) De la possibilité que Roch Marc Christian Kaboré doit donner à notre peuple de renouer avec une vie constitutionnelle normale

Ce n’est pas la première fois que notre parti s’autorise à donner des conseils à Roch Marc Christian Kaboré. Ce que l’opinion ne sait pas, c’est que Bila Charles Kaboré a été tout jeune adopté et éduqué par une princesse de Zorgho et un prince du Gourma qui sont les mère et père de Amirou A. Thiombiano, fondateur de notre parti. Charles Bila Kaboré est de ce fait le grand-frère d’Amirou Thiombiano qui a reçu la belle éducation qui a fait de lui comme Amirou Thiombiano, le patriote intègre, humble et modeste dont nous sommes très respectueux et très fiers.

A deux reprises, au cours de la lutte de notre peuple pour la construction d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique, notre parti a suggéré le nom de Charles Bila Kaboré pour conduire une transition politique.

La première fois, c’était après le soulèvement populaire du 03 janvier 1966 quand Amirou Thiombiano, principal dirigeant du soulèvement soutint qu’il ne fallait pas appeler les militaires au pouvoir et que c’était plutôt aux civils d’assumer la transition. Il lui fut demandé s’il connaissait un civil capable d’assumer les fonctions de chef d’Etat. Il répondit par l’affirmative et donna le nom de Charles Bila Kaboré. Tout le monde reconnut que l’homme avait le profil de l’emploi. Cependant, des considérations subjectives et régionalistes amenèrent les forces rétrogrades et obscures du Centre à repousser cette proposition et à appeler l’Armée au pouvoir.

La deuxième fois, après le soulèvement populaire de décembre 1975 qui a instauré la IIIème république. Le PRA (Parti de Regroupement Africain) deuxième parti de l’époque avait déjà décidé à son congrès de soutenir la candidature du Général Lamizana. En 1978, le RDA à son tour tenait son congrès pour désigner son candidat à la même présidentielle. C’est alors que notre parti qui était toujours dans la clandestinité a infiltré le congrès du RDA, le plus grand parti de l’époque, pour proposer la candidature de Charles Bila Kaboré qui donnait des chances de renvoyer démocratiquement le Général Lamizana et les militaires à la caserne.

La proposition fut faite et acceptée par le congrès qui entra en contact avec Charles Bila Kaboré qui était en poste à la BCEAO à Dakar. C’est Charles Bila Kaboré lui-même qui, par écrit au congrès réuni déclina l’offre, par loyauté et par respect pour le Général Lamizana dont il fut le directeur de cabinet depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir en 1966, jusqu’à son départ à la BECEAO. Charles Bila Kaboré aurait pu donc diriger valablement la transition à la tête de l’Etat comme l’avait proposé Amirou Thiombiano.

Roch Marc Christian Kaboré est le fils de Charles Bila Kaboré, mais ne lui ressemble pas. Comme dit un adage de chez nous, « on ne met pas son caractère au monde ». Malgré tous les efforts d’éducation, le fiston Roch Marc Christian Kaboré est demeuré superficiel avec une propension à se mettre dans des situations difficiles dont le grand-frère Charles Bila Kaboré doit le tirer.

Récemment, en 2010, alors qu’il était président du CDP, Roch marc Christian Kaboré fit prendre une résolution en congrès pour la modification de l’art 37 de la constitution aux motifs que les dispositions de cet article étaient anti-démocratiques.

Notre parti produisit des arguments jamais contredits contre ses propos et conseilla à Roch Marc Christian kaboré de « sortir de sa couardise pour chercher un candidat autre que Blaise Compaoré à son parti ».

A-t-il compris ce conseil de travers ? Toujours est-il qu’il finit par démissionner carrément du CDP en janvier 2014 et mit son pied dans le pied de Salif Diallo pour créer le MPP et s’embarquer dans une aventure politique dangereuse pour l’honneur et la respectabilité de son père et pleine de périls pour le pays.

Salif Diallo a réussi à convaincre Roch Marc Christian Kaboré que, par ses méthodes criminelles de gangster, il pouvait le porter à la tête de l’Etat. Il accepta avec le soutien de l’impérialisme américain et français, avec le soutien des forces rétrogrades et obscures du Centre, qui n’ont jamais aimé son père et le lui ont fait savoir depuis 1966. Les forces rétrogrades et obscures du Centre n’ont jamais aimé Roch Marc Christian lui-même, et le lui ont fait savoir dans le cadre du CDP en refusant qu’il se présente au Kadiogo, ce qui l’obligea à aller présenter sa candidature dans le Ganzourgou.

Roch Marc Christian Kaboré est bloqué et dans l’impasse, accumulant sur sa tête tous les risques d’implosion du pays. Il ne sait ni comment avancer, ni comment reculer, ni comment déposer ce fardeau qui risque de lui provoquer un infarctus fatal d’autant plus que Salif Diallo ourdit des complots pour s’installer à sa place ou à tout le moins, le dépouiller de ses prérogatives constitutionnelles.

Le PITJ s’autorise à nouveau à donner un conseil à Roch Marc Christian KABORE. Ce conseil, est inspiré d’un proverbe togolais, de nos beaux-parents, puisque Roch a pris femme chez eux, « le jour où un moustique atterrit sur tes testicules, c’est le jour où tu comprends qu’il y a des moyens de résoudre des problèmes sans violence ».

Le PITJ, face à la situation dans laquelle se trouve Roch Marc Christian Kaboré qui avait déjà demandé pardon pour sa bourde politique de 2010, lui demande d’être sincère vis-à-vis du peuple, et de faire preuve pour une fois de courage patriotique.

Pour se sortir de la situation, le PITJ conseille à Roch Marc Kaboré qui déteste la violence, de se faire un coup d’Etat à lui-même comme celui que le général Lamizana s’était fait le 08 Février 1974.

Il lui suffit, conformément à ses prérogatives constitutionnelles de dissoudre l’Assemblée nationale et les conseils municipaux et régionaux et le gouvernement. Il pourrait au passage boucler Salif Diallo pour ses risques de troubles à l’ordre public. Ensuite, il s’adresse au peuple pour sincèrement lui demander pardon et l’inviter dans sa souveraineté à mettre en œuvre l’art 43 de la Constitution pour reprendre sa marche pour l’instauration d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique.

Roch Marc Christian Kaboré a-t-il suffisamment le sens de l’honneur, de la dignité pour poser un tel acte patriotique ? En tout cas, ce coup d’Etat qui ne tient qu’en une seule déclaration radio télévisée serait conforme à la constitution et à sa portée.

Le 08 février 1974, le Général Lamizana parce que les dissensions au sein du parti majoritaire RDA entre Gérard Kango premier ministre et Joseph Ouédraogo, Président de l’assemblée, bloquaient le fonctionnement régulier des institutions, se fit un coup d’Etat simplement, en s’adressant au peuple pour dire que l’assemblée et le gouvernement sont dissouts. Il mettait fin ainsi à la IIème république.

C’est l’inverse que le PITJ propose à Roch Marc Christian de faire. Il dissout l’assemblée, le gouvernement, etc. et invite le peuple à faire application de l’art 43. N’est-ce pas là un coup d’Etat qui vise à restaurer la normalité constitutionnelle ?

2) Une opération de prévention des conflits graves exécutée par les forces de défense et de sécurité

La deuxième possibilité à défaut de la première doit être une opération de prévention des conflits graves exécutée par les FDS. La responsabilité des forces de défense et de sécurité est gravement engagée dans la situation de blocage et d’impasse dans laquelle se trouve notre pays.

Du 03 janvier 1966 au coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Zida, dix coups d’Etat ont été perpétrés par les éléments des forces de défense et de sécurité. Ils visaient tous à contrer la lutte de notre peuple pour la construction d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique.

A cela il faut ajouter les deux accrochages avec l’armée malienne au cours desquels les forces de défense et de sécurité ont pris des raclées mémorables avec une amputation du territoire national à la clé.

Chaque fois que les FDS prenaient une raclée, elles se rabattaient, comme pour se venger, sur notre peuple pacifique pour le terroriser et lui imposer les affres de la pensée unique dans le cadre d’un parti unique : le MNR ou le CNR.

Depuis 1966, les FDS qui devaient constituer nos forces de défense et de sécurité n’ont fait que mener une guerre intérieure contre notre peuple pacifique qui n’aspire qu’à vivre dans une démocratie véritable et à gérer honnêtement pour le bien de tous, les maigres ressources du pays.

Par leurs coups d’Etat successifs, les FDS ont introduit la violence en politique et le bilan meurtrier est lourd et constitue le contentieux des crimes de sang qui plombe notre évolution politique.

Notre peuple ne peut avancer dans la construction d’un Etat de droit démocratique véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique sans avoir fait le deuil de ses fils et filles assassinés, sans que ce lourd contentieux des crimes de sang ait été vidé correctement.

Il se trouve que ce sont des éléments des forces de défense et de sécurité et leurs complices civils regroupés autour des usurpateurs du MPP et leurs supporteurs qui doivent s’expliquer et répondre de ces centaines de crimes de sang. Depuis le coup d’Etat du médecin Commandant Jean Baptiste Ouédraogo en Novembre 1982, c’est tout ce beau monde qui, dans des intriques et complots ont animé les différents régimes d’exception et de terreur en jonchant le pays de cadavres, de blessés et de meurtris jusqu’à l’usurpation du pouvoir par le MPP.

La conséquence pour les FDS elles-mêmes, c’est qu’elles sont dans un état bordélique lamentable, divisées en factions sur la base de complicités meurtrières ou du fait de la corruption qui les a complètement minées et fragilisées.

Depuis la démission de Blaise Compaoré, l’indiscipline dont le chef d’Etat-major des armées, le Général Honoré a donné le ton en refusant d’obéir en ne faisant pas application de l’art 43 de notre constitution, la pagaille s’est installée. Le coup d’Etat manqué du Général Diendiéré et la dissolution du RSP ont fait de nos FDS pire qu’une armée mexicaine. Tous les corps ont leurs services de renseignements et devraient vérifier car des rumeurs persistantes et graves font état de ce que le Lieutenant-Colonel Zida, à coups de dizaines de millions, aurait créé sa faction qu’il continue d’entretenir depuis l’extérieur et que depuis l’insurrection, Salif Diallo serait également à l’œuvre à coups de centaines de millions.

Nos FDS sont donc en bonne voie de privatisation et d’éclatement en milices privées en l’absence d’un commandement sérieux, cohérent. Les FDS ont besoin d’être commandées et doivent être commandées par des hommes intègres, énergiques et résolus. Les FDS ont besoin d’aimer, d’admirer et d’obéir au prix de leur vie à un commandement auquel elles croient.

Dans un Etat de droit démocratique, le Haut Commandement est civil. Ce n’est donc pas Roch Marc Christian Kaboré, chef suprême des armées secondé par le fêtard Jean Claude Bouda ministre de la défense et par le sanguin et irresponsable Simon Compaoré, ministre de la sécurité qui peut constituer le commandement civil dont nos forces de défense et de sécurité ont besoin pour se ressaisir.

Ce n’est pas avec leurs « Lib-Lib », leurs « Mouta-Mouta » et les « Lab-Lab » de généraux planqués que les FDS seront réorganisées et en état d’assumer les tâches de défense et de sécurisation des populations et du territoire et pour la défense de notre intégrité territoriale et pour la sécurisation des populations.

Près de soixante ans après leur création par Maurice Yaméogo, premier Président civil, les FDS sont dans un état lamentable. L’intégrité territoriale est menacée par l’action des terroristes et les idées séparatistes et les populations sont au bord de la panique tant l’insécurité est grandissante.

Pour leur honneur et leur dignité, les FDS doivent se ressaisir pour sauver leur cohésion, sauver le pays de l’éclatement et de la guerre civile. Elles savent, pour avoir été dans des missions onusiennes de maintien de la paix ce qu’il en coûte quand, dans un pays, ça se met à tirer dans tous les sens. Les FDS savent que la paix ne revient dans ces pays que lorsqu’une vie constitutionnelle normale y est établie.

Les FDS, en réparation des torts, des entraves et des crimes de sang qu’elles ont commis contre le peuple dans sa lutte pour la construction d’une démocratie véritable, la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique, doivent offrir à notre peuple une possibilité pacifique de renouer avec une vie constitutionnelle normale en balayant les usurpateurs du MPP et tous ceux qui les soutiennent par le retour à l’application de l’art 43 de la constitution.

Cette possibilité pacifique donnée par les FDS doit être offerte à notre peuple pour renouer avec une vie constitutionnelle normale et ne sera pas un coup d’Etat, mais relèverait plutôt d’une opération de prévention de conflits graves dans notre pays.

V. Appel aux quarante-huitards

Notre pays, comme tous les pays francophones d’Afrique de l’Ouest est héritier du découpage colonial avec ses frontières artificielles. Pour les besoins de la mise en valeur et de l’exploitation de ses colonies de l’AOF, le territoire de la Haute-Volta et ses habitants ont été disloqués et répartis entre la colonie du Soudan français (actuel Mali), la colonie du Niger et celle de la Cote d’ivoire.

C’est le 04 septembre 1947 que le territoire de la Haute-Volta a été reconstitué. Ce qui constitue une particularité de notre pays et de notre peuple à la différence de beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest.

Si les frontières sont héritées de la colonisation, les populations des différentes régions qui y vivent, bien que n’étant pas d’une même ethnie, ni d’un même ancien empire avant la colonisation, ont demandé et obtenu que le territoire soit reconstitué pour y vivre ensemble en formant le projet de constituer une nation.

L’autre particularité réside dans le fait que le colonisateur en accédant à cette requête de reconstruction de la Haute-Volta n’a pas accepté le retour massif des populations qui avaient été déportées pour les besoins de main-d’œuvre et la réalisation des grands chantiers coloniaux.

C’est donc en 1948 qu’a été établi l’état civil de la Haute-Volta qui ne prenait pas en compte ceux qui étaient restés au-delà des frontières reconstituées. C’est donc pourquoi nous employons le terme quarante-huitard pour désigner nos concitoyens de l’intérieur et de l’extérieur car cela permet de poser tous les problèmes relatifs à l’unité nationale et d’en appeler à la conscience patriotique de ceux de l’intérieur comme ceux de l’extérieur pour que le projet formé par nos devanciers ne soit remis en cause avec tous les périls d’une nouvelle dislocation de notre pays et de notre peuple.

Le 11 décembre 1958, nos devanciers avaient officiellement proclamé que la forme de l’Etat reconstitué serait la république, une république démocratique fonctionnant sur la base d’une constitution approuvée et adoptée par le peuple.

Après la démission de Blaise Compaoré, un groupe criminel des FDS mené par le lieutenant-colonel Zida, des politiciens débiles tout aussi criminels, des OSC qui ne sont pas mieux ont décidé de perpétrer un coup d’Etat contre la république et ont reçu publiquement au palais du Morho Naaba le soutien des autorités religieuses et coutumières pour ce funeste projet.

Notre parti n’a pas été surpris par ce funeste projet. Il a tout simplement aiguisé sa vigilance pour s’en démarquer et pour le combattre.

Les forces obscures et rétrogrades du Centre regroupées autour du Morho Naaba étaient hostiles à la reconstitution du territoire dans ses limites coloniales. C’est la lutte opiniâtre conduite par Daniel Ouezzin Coulibaly et le Rim Philippe Zinda Kaboré qui a fait aboutir le projet de reconstitution. Au bout de cette lutte, ils sont morts d’épuisement ou d’empoisonnement, c’est selon les versions.

En 1958, les forces obscures et rétrogrades du Centre conduites par le Morho Naaba ont tenté un coup d’Etat contre la république qui a échoué.

Tous ceux qui ont pensé et réalisé la transition bâtarde contraire à la constitution et qui ont permis que les affaires civiles et militaires de la république soient transférées au palais du Morho Naaba pour en faire le centre de gouvernance du pays peuvent mesurer à présent la gravité des crimes commis contre le peuple, la trahison du peuple et de nos devanciers.

Ce n’est donc pas par simple juridisme que notre parti dénonce la non application de l’art 43 de notre constitution. La désobéissance civile à laquelle notre parti appelle depuis les atteintes à notre constitution jusqu’à l’usurpation du pouvoir par le MPP ne relève pas d’attitude et de propos provocateurs de politiciens en panne. Bien au contraire ! La non application de l’art 43 de la constitution a profondément ébranlé les fondements de l’unité nationale et de la république.

Notre parti continuera d’exiger que tous les moyens pacifiques soient mis en œuvre pour balayer le pouvoir usurpateur du MPP et que soit mis en œuvre l’art 43 de notre constitution.

L’intérêt général du pays, l’intégrité du territoire national, l’unité nationale et la paix de notre pays commandent que le pouvoir du MPP soit balayé pour que notre peuple renoue avec une vie constitutionnelle normale et reprenne sa lutte pour la construction d’une démocratie véritable, pour la bonne gouvernance et la moralisation de la gestion de la chose publique.

C’est ce qui permettra à notre peuple de consolider les fondements de l’unité nationale et de la république.

Notre parti appelle tous les quarante-huitards, tous les burkinabé de l’intérieur comme de l’extérieur à sortir de leur réserve, à se mobiliser activement pour empêcher que le projet de vivre ensemble dans une république démocratique formé par nos devanciers ne soit remis en cause.

Vive le Burkina Faso uni et démocratique

Vive le PITJ

La lutte continue

Source: LeFaso.net