Dans cette lettre ouverte, Yves K. Bambara, Burkinabè vivant aux Etats-Unis et qui se présente comme “militant de la démocratie et des droits humains” s’insurge contre la gestion de son parti, le MPP et contre la gestion du pays par le MPP.

La situation sociopolitique de notre pays suscite des questions, si bien qu’il est difficile pour moi de rester longtemps silencieux.

Je présente d’abord mes sincères condoléances à tous ceux qui ont perdu leurs chers parents brutalement arrachés durant ces dernières années ; nos frères et sœurs tombés pour la justice et la démocratie ainsi que nos éléments des forces de défense et de sécurité et leurs familles qui se battent jour et nuit pour la protection de notre chère et bénie patrie, le Burkina Faso.

I. De la gestion interne du parti au pouvoir.

A) Des adhésions opportunistes et calculatrices au retour des CDPistes radicaux, fervents supporteurs du pouvoir à vie de l’ex Président déchu

1) Au sein des Burkinabè de l’extérieur

a) Dans les communautés vivantes à l’étranger.

Il est vrai que tout parti politique recherche massivement des militants mais il est aussi contraire au progrès du pays de vouloir ramasser toutes sortes de graines (saines comme contaminées) pour remplir son grenier juste après que le peuple ait été contraint de passer par une insurrection pour se défaire d’un régime soutenu fanatiquement par les mêmes individus jusqu’au bout.

C’est ainsi qu’au sein de la diaspora comme au Burkina Faso plusieurs militants farouches supporteurs du pouvoir à vie de l’ex Président Blaise Compaoré ont renversé rapidement leur manteau pour occuper le premier rang dans les structures du MPP avec la complicité virtuelle des militants arrivistes chasseurs de postes sous la bénédiction de certains responsables ; quelque chose qui est contraire à la nouvelle volonté des burkinabé et très inquiétante pour l’avenir même de notre pays.

Même si l’on a le désir de rassembler le maximum des compatriotes, faut il attribuer sur plateau en or les premiers rangs à ceux qui ne voulaient pas entendre parler de la prospérité de leur pays car engloutis par des intérêts égoïstes ?

Ils créent la chienlit au sein de ceux qui ont battu les pavées et verser leur sueur, énergie et ressources pendant des années pour l’avènement de la démocratie dans ce pays.

Cela donne l’impression qu’il faut être un parent du Président Roch Marc Christian Kabore, un proche du Président de l’Assemblée Nationale Salifou Diallo ou du ministre Simon Compaore, un enfant de l’ami de tel membre du gouvernement ou une amie à un membre du Bureau Exécutif ou Politique du parti, pour avoir une dominance sur les autres y compris ceux qui ont démontré une compétence et un courage indiscutables pour l’intérêt de leur patrie, méritant une reconnaissance nationale.

N’est-ce pas ces mêmes pratiques de l’ancien parti état CDP qui avaient semé des divisions et des exclusions ayant conduit notre pays dans la situation désastreuse récente ? Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets.

Comment réincorporer, attribuer les places prépondérantes pire offert des récompenses et avantages à ceux qui par leur mauvaise vision et leur incompétence ont ouvré à conduire notre pays dans la situation qu’il vient de traverser ?

Logiquement nous devrions vivre dans la période de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

b) Au sein du personnel diplomatique

Il est vrai que beaucoup de fonctionnaires du ministère des affaires étrangères accomplissent des tâches énormes au profit de notre pays, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’entre eux étaient commis et agents de secours du défunt régime Compaoré auprès de la chancellerie occidentale et onusienne. Ceux qui ont passé tout leur temps à attaquer les fervents défenseurs du changement démocratique occupent toujours les mêmes positions au sein de la diplomatie après avoir œuvré à maintenir le régime dictatorial de Compaoré. J’ai énormément d’exemples à donner. Où est alors le changement souhaité et réclamé par notre brave peuple ?

C’est l’une des rares fois au monde que les mêmes individus sapeurs-pompiers d’un régime dictatorial soient toujours maintenus à leur position après un changement insurrectionnel démocratique populaire.

Aussi, comment les divisions et querelles au sein de certaines communautés burkinabé de l’extérieure pourront prendre fin tant que ceux-là qui ont contribué à leur aggravation à travers des structures comme le Conseil Supérieur des Burkinabé de l’Etranger (même si certains délégués se sont toujours bien distingués), et certaines associations seront toujours la ? Comment réorganiser et augmenter la rentabilité de la diaspora dont la contribution est très capitale au développement national.

B. Le clanisme, le copinage, le régionalisme et le favoritisme comme mode de choix de responsabilisation contre la méritocratie promise par le Président du Faso, son Excellence Kabore.

Voir les compositions des differents gouvernnements, du Bureau Executif Natioanl et Bureau Politique National anisi que les choix des elus, les nominations a la tete des societies d’etat et de la repercution de tout cela sur les structures de l’etranger.

Quelle assurance peut offrir le parti Etat MPP au peuple insurgé burkinabé sur la conduite de son destin en utilisant ces types de méthodes comme mode de gouvernance de l’ère Compaore ?

On a aussi l’impression que sans un appui on ne peut faire prévaloir ses valeurs sociopolitiques et souvent administratives. Il est vrai que le parti est jeune mais il est composé de leaders qui ont passé plus de deux décennies dans la gestion sociopolitique de notre pays. Logiquement ils devraient savoir apprécier chaque compétence afin de bien conduire le destin de notre pays.

Où est la rupture avec l’ancienne pratique du défunt régime de Blaise Compaoré ?

Pourtant le Président Roch Marc Christian Kaboré a plusieurs fois déclaré que la méritocratie sera la mode de responsabilisation depuis sa prestation de serment.

Un proverbe dit : « il est difficile de bien gérer une compagnie quand on n’arrive pas à bien diriger sa famille ».

II) De la gestion du pays.

A) Sur le plan sécuritaire.

Depuis la chute précipitée de l’ancien Président Blaise Compaoré qui était régulièrement impliqué dans plusieurs médiations des crises de la sous-région pendant que le nom du Burkina Faso était aussi cité comme complice de certains groupes armés, ajouter au démantèlement de l’ancien Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) après le putsch manque du General Gilbert Dienderé en Septembre 2015 suivi de l’attaque terroriste de notre capitale le 15 Janvier 2016, tout observateur bien avisé savait que l’objectif primordial national reste la protection du pays et de tous les citoyens contre toute éventualité néfaste future (venant de l’intérieure comme l’extérieure ).

Pourquoi le gouvernement n’avait pas mis des moyens suffisants et rapides à la disposition de nos forces de défense et de sécurité dès les premiers jours de sa prise de fonction afin de contribuer à réduire les pertes humaines (membres de nos FDS et leurs familles, civils et travailleurs etc.) que nous avions connues pour la première fois de notre histoire ?

Le gouvernement a promis le Programme National de Développement Economique et Sociale (PNDES) pourtant qu’on sait que nul n’ira visiter un pays ou la sécurité n’est garantie encore moins y investir.

Et surtout aux défenseurs de la déraison qui aiment faire le parallélisme entre les situations de différents pays en disant je cite « même à Paris, Londres, Bassam, Ndjamena ou Boston il y a des attaques ». Dans ces pays les autorités cherchent toujours à éviter rapidement des futures pertes humaines avec des mesures adéquates et urgentes. “Car une vie tombée est une valeur nationale perdue”

Pourquoi après toutes ces attaques le gouvernement n’a pas été en mesure de mettre la main sur les éventuels auteurs et complices se contentant de nous servir des paroles sans suivies de réels actes ?

Pourtant la Cote D’ivoire et le Tchad ayant subis des attaques sont arrivés à opérer des arrestations des complices et auteurs dans leur pays bien au-delà de leur frontière.

Comment le gouvernement compte réassurer les burkinabé de leur protection y compris celle de nos frères et sœurs des FDS ?

B). Sur la Situation sociale

La situation sociale du pays n’est pas reluisante malgré les garanties promises par le gouvernement de Paul Tieba Kaba dès les premiers jours de sa prise de fonction, en témoigne les grognes sociales permanentes et souvent légitimes de plusieurs couches du pays avec des grèves incessantes. Les solutions réelles à ces problèmes semblent être toujours reportées comme à l’époque du régime impopulaire de Blaise Compaoré. Comment rassurer et motiver aussi les investisseurs afin de venir dans notre pays et nous aider au décollage économique souhaité.

Toutes les couches sociales y compris la jeunesse revoient le chemin du désespoir après une courte durée de rêve nourri après la chute de régime de Blaise Compaoré.

Pour des dirigeants qui ont participé aussi à la gestion des affaires de l’État vingt et six ans durant sous le régime de Compaoré, ils devraient être sensé connaitre la situation socioéconomique politique et cultuelle du pays et en trouver des solutions. C’est l’une des raisons que le peuple a choisi de leur confier son destin après ces périodes de turpitudes et d’incertitudes traverser sous le règne des Blaisistes, restant convaincu d’obtenir vite des remèdes.

Malheureusement nous sommes toujours à la phase des discours et de promesses, laissant installer des doutes et de perte de confiance du grand peuple vis-à-vis du parti état MPP.

La corruption semble reprendre son souffle après le semblant recul constaté sous la seule année de la transition, en témoigne les différentes malversations financières et dépenses de complaisances faites par certains responsables, décrites par les medias et dans les rapports de l’Autorité Supérieure du Control de l’Etat ; pourtant que La gestion de cette Transition avait reçu de dures critiques Comme les choses allaient être meilleures. Certains dirigeants fonctionnent comme si le pays ne vient pas de sortir de durs moments de son histoire.

Où est l’application du slogan « Plus Rien ne sera Comme Avant » ?

C) De la Justice.

Depuis l’installation du gouvernement tous les dossiers judiciaires qui étaient pourtant ouverts sous la courte transition, traversent une léthargie synonyme souvent d’oubli.

En témoignent les dossiers Thomas Sankara, Dabo Boukare, David Ouédraogo, Norbert Zongo, le Juge Nébié Salif, de l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014, le putsch manque de Septembre 2015, les crimes économiques, de malversations des parcelles, des sociétés d’État, des privatisations, de gestion des fonds et marchés publiques etc… depuis le temps du régime de Blaise Compaoré a nos jours. Pourtant l’une des raisons ayant révolté le peuple burkinabé contre le régime impopulaire et à vie de Compaoré sont ces maux ci-dessus cités.

Quelles garanties le gouvernement pourra désormais nous donner afin qu’on sache que le destin de notre patrie n’est pas une fois de plus sur la même trajectoire que celle offerte par le défunt régime de Blaise Compaoré en voyant toutes ces pratiques version CDP de l’ère Compaoré ?

Tous les citoyens doivent rester mobiliser et déterminer pour supporter toute bonne volonté des gouvernants ou rejeter vite tout chemin incertain qui leur sera offert.

Nul ventre vide ne pourra permettre à l’esprit d’un corps de traverser la distance de la nuit avec des promesses offertes et répétées à longueur de journée.

Je m’arrête sur ces quelques points et rappeler que notre peuple dans sa majorité attend toujours une lueur nouvelle après avoir demis de force l’ancien Président Blaise Compaoré et son système au prix de grands sacrifices.

Je félicite et encourage la bravoure de nos frères et sœurs des forces de défense et de sécurité (FDS) et l’ensemble du peuple burkinabé qui sont entrain de vaincre les forces diaboliques venues du monde des ténèbres.

Que Dieu les assiste nuit et jour dans cette lourde tâche.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso et tous les Burkinabé.

New York le 23 Mars 2017

Yves K. Bambara

Militant de la Démocratie et des Droits Humains

Vivant à New York aux Etats Unis

917 653 2210

capeod@hotmail.com

Source: LeFaso.net