Le rapport d’activités 2015 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption a été rendu public. Après sa remise officielle au président du Faso, le 29 mai 2017, l’institution a animé une conférence de presse, ce 02 juin pour présenter ledit document aux Hommes de médias. Ce rapport concerne les gestions 2014 et antérieures et met à nu des malversations portant sur 31 144 599 350F CFA. Et, c’est la Présidence du Faso qui tient le bonnet d’âne avec plus de 25 milliards de francs CFA répartis entre détournements de fonds, manquants de caisse et absence de pièces justificatives.

La publication du rapport 2015 de l’ASCE-LC qui devait se faire en 2016 a connu un retard. Ce qui n’a pas manqué de semer la confusion chez beaucoup de personnes qui ont cru, à tort, qu’il s’agissait des investigations et audits portant sur la gestion de la transition. En réalité, le rapport 2015 est le condensé des activités menées en 2014 et antérieure. Ce retard s’explique par la demande faite par l’ex-premier ministre d’auditer la gestion de la transition, une demande corroborée par le président Roch Marc Christian Kaboré. Ce qui a perturbé le calendrier normal de l’institution de contrôle. Après l’audit de la transition auquel, elle a consacré les trois mois de l’année 2016, elle devait faire l’audit de la dette intérieure, une des conditionnalités pour le décaissement d’un certain nombre de financements pour l’Etat burkinabè. Puis, vient s’ajouter une interpellation relative aux avantages servis aux personnels des ministères de la santé et de l’éducation nationale dans les régions.

« Les contrôleurs d’Etat ont fait plus d’un mois dans les régions pour faire le point de cette situation suite au billetage qui avait été fait pour vérifier si l’Etat ne perdait pas de l’argent. Ce rapport indique que l’Etat perd, par an, au bas mot 1,2 milliards de francs CFA du fait des personnes qui perçoivent indûment des indemnités de logements », précise le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga. C’est donc après ces activités que les contrôleurs d’Etat ont fait les compilations de 2014 et les audits lancés à la fin de 2014.

Malgré le retard accusé par le rapport 2015, celui de 2016 ne devrait pas connaître le même sort. « Nous allons revenir ici avant la fin de l’année pour vous présenter le rapport 2016 qui prend en compte la gestion 2015 », précise le contrôleur général.

De l’audit de la présidence du Faso

L’audit de la présidence a concerné la période 2012-2014. Cet audit financier et organisationnel qui s’est déroulé du 19 octobre au 20 novembre 2015 a révélé des cas de détournement de fonds et/ou manquants de caisse d’un montant de 1 857 124 032 FCFA, des absences de pièces justificatives de dépenses portant sur 12 019 423 967 FCFA et autres types de malversations qui se chiffrent à 11 516 619 680 FCFA, soit un total à recouvrer au titre de la présidence du Faso estimée 25 393 167 679F CFA. Le montant total à recouvrer pour l’ensemble des structures auditées se chiffrent 31 144 599 350 FCFA.

Cet audit n’a pas concerné la période de la transition. « Mais, cela sera fait parce qu’à partir de 2017, il a été acté qu’on fera l’audit de la gestion n-1 du gouvernement et donc la présidence est inclue. Cet audit est une des conditionnalités de déblocage des financements de l’union européenne », a précisé Luc Marius Ibriga. C’est dire donc que le rapport 2016 est très attendu pour savoir quel a été la gestion du président Michel Kafando.

Des lenteurs dans le traitement des dossiers en justice


Actuellement, plus de 55 dossiers ont été transmis à la justice pour suite à donner. Mais, « on regrette la lenteur dans le traitement des dossiers transmis en justice. La création des pôles judiciaires spécialisés dans le traitement des dossiers économiques et financiers devrait permettre de résoudre ce problème », confié le secrétaire général de l’ASCE-LC, Ousmane Jean-Pierre Siribié qui a présenté le rapport au cours de cette conférence de presse. Par ailleurs, il invite à veiller sur « la mise en œuvre des rapports de contrôle », notamment la prise de sanctions administratives à l’encontre des auteurs de malversations. « La prise de sanctions administratives relève du gouvernement. L’ASCE-LC se charge de mener les audits et investigations et de transmettre les dossiers en justice », a-t-il rappellé.

De l’affaire du CSC

Actualité oblige, le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga a été amené à se prononcer sur les investigations que son institutions vient de mener au niveau du Conseil supérieur de la communication (CSC) suite à une dénonciation sur la gestion des fonds alloués pour les élections 2015. « Concernant le CSC, le rapport définitif a été déposé et le procureur du Faso a été saisi. Le rapport a été transmis au Président du Faso, au premier ministre, à la présidente du CSC. La question est aux mains de la justice et aux mains des autorités administratives », a-t-il expliqué. Et, à en croire Dr Ibriga, l’ASCE-LC a aussi saisi la gendarmerie qui poursuit actuellement ses investigations.

Sur la demande de contre-expertise manifestée par la présidente du CSC, le contrôleur général affirme que cela n’est pas autorisé par les textes. « Après le rapport de l’ASCE-LC, il n’y a que deux voies à savoir l’autorité hiérarchique et la justice, mais il n’y a pas de contre-expertise possible. Les textes ne l’autorisent pas. S’il y a une contre-expertise, l’ASCE-LC n’a plus sa raison d’être, c’est qu’elle n’est une autorité supérieure de contrôle et on n’aura jamais de rapport définitif… », a-t-il expliqué. C’est donc dire que Nathalie Somé et des collaborateurs devront réserver leurs arguments pour le procureur.

Moussa Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net