Dans cette déclaration, l’organisme Slow Food affiche son soutien à la lutte du Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM) au Burkina. Pour cette organisation, l’introduction des OGM au Burkina menace la sécurité alimentaire et l’économie du pays. Elle invite donc les paysans à « rejeter cette invasion ».

Slow Food et la société civile burkinabè s’unissent à la mobilisation du Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) dans la lutte contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM) en participant à une grande marche contre les OGM, qui aura lieu à Ouagadougou le 2 juin prochain.

Au Burkina Faso, les expérimentations sur les OGM se poursuivent, grâce au financement de Monsanto, pour accroître la productivité et la résistance des cultures du sorgho nommé « biofort », du maïs et du niébé. Cette modalité vise à privatiser les semences paysannes et s’avère comme une grave menace pour le Burkina Faso et sa souveraineté alimentaire. Ainsi, le processus d’érosion des nombreuses variétés locales risque de s’accélérer, variétés pourtant adaptées aux territoires et résistantes au changement climatique.

Jean Marie Koalga, coordinateur de Slow Food au Burkina Faso et conseiller international de Slow Food pour l’Afrique de l’Ouest, explique : « Les OGM sont une menace sérieuse au Burkina Faso et l’histoire nous en donne raison. Notre rôle, en tant que Slow Food, est de nous unir aux autres organisations pour tirer la sonnette d’alarme, tant par le plaidoyer envers le gouvernement mais aussi pour conscientiser les consommateurs sur les impacts évidents sur l’environnement, mais aussi sur notre culture et notre identité locale : nous devons les avertir de la perte de la biodiversité, promouvoir les bonnes pratiques agro-écologiques et revaloriser notre gastronomie locale issue de nos semences traditionnelles. Le ‘‘bon, propre et juste” est crucial dans cette bataille contre Goliath ».

La marche du 2 juin

Le Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) organise, avec la société civile burkinabè, une marche générale le 2 juin prochain contre les OGM. En effet, le Burkina Faso est depuis une décennie un laboratoire pour la recherche et le développement des biotechnologies, menaçant la biodiversité et la souveraineté alimentaire du pays.

L’activisme de Slow Food au Burkina Faso contre les OGM

En avril 2017, Slow Food et le CCAE avaient également pris part à un « tribunal citoyen » organisé à La Haye, qui avait symboliquement fait condamner le géant américain Monsanto sur ce fondement. Encore, en février 2017, le réseau Slow Food avait organisé une table ronde sur les semences locales, en invitant Ali Tapsoba, porte-parole du CCAE, à parler du risque des OGM et de la lutte en cours.

OGM : une autre agriculture existe

Pour Slow Food, la véritable solution aux OGM réside dans la promotion et le développement de la biodiversité alimentaire locale et traditionnelle, ainsi que le soutien aux producteurs par de meilleurs mécanismes de gestion post-récolte, la réhabilitation agroécologique des sols, des techniques pour inverser la dégradation des sols dans les écosystèmes fragiles, une bonne sélection des semences et l’amélioration des structures dans les communautés rurales. Parmi les nombreux exemples de la biodiversité alimentaire burkinabè, signalés notamment dans le catalogue de l’Arche du Goût, il y a une variété de sorgho appelée « sorgho à grains sucrés du Plateau mossi ». Grâce à son cycle de croissance court (environ 95 jours) il arrive à maturité avant les autres types de sorgho et de mil, et est utilisé par les agriculteurs qui reproduisent ses semences comme source de nourriture en période de pénurie. Ce sorgho est aussi une source de revenus pour les producteurs, puisqu’ils vendent les oreilles. C’est pourquoi Slow Food appelle les petits agriculteurs à rejeter les cultures OGM et à résister collectivement à cette invasion.

L’histoire des OGM au Burkina Faso

Au début des années 2000, le Burkina Faso s’est lancé dans la culture du coton Bt (Bacillus thuringiensis, bactérie pour résister à certains insectes) en violation de la Convention sur la diversité biologique de 1992 et du Protocole de Carthagène sur la biosécurité de 2000. Depuis, Monsanto s’appuie sur le Burkina comme cheval de Troie pour essaimer les OGM (cultures de rente et vivrières) en Afrique de l’Ouest. En 2008 le coton Bt a donc été diffusé en plein champ malgré les inquiétudes de scientifiques indépendants et de la société civile burkinabè. Du fait d’une baisse de la qualité de la fibre de coton et d’une chute des ventes, le résultat fut catastrophique et les sociétés cotonnières sont revenues en 2016 au coton conventionnel. Toutefois les expérimentations sur les OGM se poursuivent, grâce notamment au financement de Monsanto : désormais la menace pèse sur le sorgho nommé « biofort », le maïs et le niébé. Cette modalité vise à privatiser les semences paysannes et est une grave menace pour le Burkina Faso et sa souveraineté alimentaire.

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Slow Food est une organisation mondiale de base qui envisage un monde dans lequel tout le monde peut avoir accès à une nourriture qui soit bonne pour eux, bonne pour ceux qui la cultivent et bonne pour la planète. Slow Food implique plus d’un million de militants, chefs, experts, jeunes, agriculteurs, pêcheurs et universitaires dans plus de 160 pays.

Source: LeFaso.net