Le débat fait rage depuis que les partis politiques ont mis sur la place publique des débats qui devaient trouver leur solution dans les discussions au sein de la CENI où ils ont leurs représentants…
Cela aurait pu être une très bonne chose car il est bon que le peuple soit impliqué dans les choix faits pour le pays. Mais pour cela, il aurait fallu que le débat soit honnête et sincère afin d’éclairer l’opinion publique. Or, à l’évidence, il ne l’est pas !
Pour les élections de 2020, il y a, selon des projections concordantes de l’INSD, de l’ONI et de la CENI ; un potentiel électoral de 9,5 millions de Burkinabè à l’intérieur du pays. Ils sont les premiers concernés par ce qu’il s’y passe de positif ou de négatif.
Pourquoi est-ce sur le potentiel de 2,5 millions d’électeurs de la diaspora (mêmes sources) dont on sait pertinemment que l’écrasante majorité ne s’enrôlera pas et ne votera pas que le débat se polarise ?
Réfléchissez un peu !
Les masses électorales rurales supposées ignorantes ne semblent donc plus assez ignorantes pour voter aveuglément. Il faut donc aller chercher les voix plus loin, auprès de nos compatriotes de la diaspora encore a priori moins au fait des réalités du pays…
La carte consulaire en Côte d’Ivoire et au Gabon notamment, c’était dans le cadre d’accords pour protéger nos concitoyens dans ces pays, leur donner un statut clair et sécurisant, principalement la facilitation de l’obtention d’un document sécurisé nécessaire aux démarches administratives dans leurs pays d’accueil.
Si des politiciens leur ont raconté autre chose, qu’ils s’en démerdent !
Dans les autres pays, Europe, USA, Canada, elle ne sert strictement à rien !
À part peut-être permettre aux ambassade d’avoir les coordonnées des gens pour les contacter lors de la venue des autorités pour venir faire la claque, et accessoirement leur soutirer un peu d’argent au passage.
Tous les Burkinabè qui comme moi ont vécu ou vivent dans ces pays le savent parfaitement et peuvent en témoigner…
Nos ambassadeurs et consuls également. C’est le moment pour eux de moins penser à leur carrière et de se rendre utiles pour une fois en témoignant !
Leur parole a bien plus de poids que celle du simple activiste que je suis…
Ces cartes ne sont pas assimilables à des CNIB ou à des passeports qui sont eux, des documents d’une autre nature.
La CNIB et le passeport qui est en plus un document de circulation (voyages à l’international), sont des documents d’état-civil nationaux. Gérés et garantis uniquement et exclusivement par le pays émetteur. Ce sont des attributs de souveraineté !
Les cartes consulaires burkinabè émises en RCI et au Gabon sont des documents de séjour cogérés par le Burkina et les autorités de ces pays d’accueil !
Allez vérifier les textes là-dessus !
D’aucuns m’objecteront le fameux texte produit par Simon Compaoré alors MATDSI… A mon humble avis, ce texte ne visait qu’à faciliter la vie à nos compatriotes munis uniquement de ce document lors de leurs séjours au pays. Sa formulation était maladroite.
Deuxièmement, dès lors où il est question de transformer les documents d’état-civil en documents de votation, il faut une loi générale.
Comment voulez-vous que pour la même élection, les citoyens utilisent des documents de natures différentes, donc sans base de données commune ?
Du reste, l’ONI n’a pas la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre des bases de données des cartes consulaires en RCI et au Gabon. Elle n’en n’a même pas la propriété et le contrôle ! La CENI non plus !
Troisièmement, quand bien même on voudrait faire une exception pour les expatriés burkinabè, encore faut-il qu’ils disposent tous de la même carte consulaire. Ce qui est loin d’être le cas !
Il y a des pays où le registre est un simple cahier d’écolier, et la carte imprimée sur papier simple et plastifiée !
Comment des politiciens prompts à crier à la fraude électorale, qui disent publiquement ne pas faire confiance à l’ONI car chapeautée par le ministère de l’intérieur d’un gouvernement en qui ils ont pas confiance peuvent en même temps nous expliquer qu’ils ont confiance à de telles cartes par ailleurs gérées par le ministère des affaires étrangères du même gouvernement ?
La solution la plus évidente consisterait à prendre des dispositions pour délivrer dans nos ambassades et consulats des CNIB dans les règles de l’art et en leur facilitant les démarches au lieu de chercher à détourner un autre document de son objectif premier !
L’autre solution serait de leur délivrer dans les mêmes conditions des cartes d’électeurs. La CENI a déjà eu à se déplacer pour le faire à l’étranger.
Seulement, voilà. Nous avons déjà une CNIB et un passeport biométriques. Pourquoi remettre de l’argent dans un troisième document biométrique unique pour les élections au coût que l’on sait ?
Mais le plus grave, c’est qu’avec ce débat où la mauvaise foi le dispute à la malhonnêteté intellectuelle, nous sommes en train d’envoyer un signal désastreux dans nos pays voisins à propos de ces cartes consulaires.
Or nous connaissons tous l’histoire récente de la Côte d’Ivoire et ce qui s’y prépare encore en 2020 !
Qui parmi ces politicards pense réellement au sort de nos compatriotes dans cette poudrière identitaire qu’est la Côte d’Ivoire ?
Et je vous garantis que la xénophobie au Gabon est pire qu’en Côte d’Ivoire !
Ressaisissons-nous s’il vous plaît. Je vous en supplie. Je vous en conjure.
Cette fois-ci, si des burkinabè subissent encore des exactions et des spoliations en RCI, ces politiciens irresponsables, mais également leurs suiveurs auront tous leur part de responsabilité là-dedans !
Le pouvoir à ce prix-là, POUR/QUOI FAIRE ?
Ceux qui ont l’oreille du président RMCK doivent lui dire que si le vote de la diaspora ne peut pas être organisé de façon raisonnable et consensuelle, il vaut mieux l’abandonner quitte à être accusé de n’avoir pas tenu une promesse de campagne.
De toutes les manières, beaucoup d’opposants n’auront pour seul argument de campagne que de dire qu’il n’a rien fait et que le peu qu’il a fait a conduit le pays au bord du gouffre….
Donc il ne devrait pas se préoccuper d’eux ! Le peuple jugera.
Le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle.
La politique, c’est aussi cela !
Pourtant, je suis de la diaspora ! Mais je préfère renoncer à mon droit de vote que d’être l’otage de calculs criminels !
Maixent SOME
Citoyen engagé
Source: LeFaso.net
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