A l’appel de l’opposition politique, regroupée au sein du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), plusieurs milliers de manifestants ont battu le pavé ce samedi, 29 septembre 2018 à Ouagadougou. Cette marche-meeting a été un cadre pour l’opposition pour égrener plusieurs maux à la charge du pouvoir Kaboré et parmi les messages lancés, figurent celui demandant le limogeage des ministres de la sécurité et de la défense, l’appel au président du Faso à convoquer une assise nationale sur la réconciliation nationale, la révision du nouveau code électoral.

Prévue pour partir à 8 h du point de ralliement, Place de la nation, la marche de l’opposition n’avait pas enregistré grand monde à cette heure sus-mentionnée. Seuls les sifflets et les vuvuzuelas faisaient leur loi, dans une ambiance des maîtres de cérémonie qui décochaient des flèches contre les dirigeants. A 9 h, quelques cadres de partis politiques et d’organisations de la société civile prennent place sous les tentes dressées pour l’occasion. « Malgré les obstacles dressés contre la marche-meeting de l’opposition, les hommes intègres sont sortis et mobilisés », galvanisent les maîtres du micro. A 9 h 30, les leaders du CFOP-BF, avec à leur tête, le porte-parole, Zéphirin Diabré, font leur entrée sur l’ère du meeting.

L’hymne national est entonné, suivi de la présentation des leaders politiques et civils. Avant d’entamer la marche, Zéphirin Diabré adresse quelques mots aux manifestants. A 10 h, c’est le top de départ pour un circuit fermé qui ramera les manifestants au point de départ, une quarantaine de minutes après.


La foule est de plus en plus grandissante et gonflée à bloc, au fil du trajet. « Au fait, les accès à la Place de la nation étaient barricadés, et les éléments des Forces de sécurité qui sont là faisaient la ronde à vive allure, de façon incessante, les armes pointées, pour dissuader les gens. Il a fallu notre vigilance pour aller nous plaindre aux forces de l’ordre et leur demander d’arrêter », confie un membre de l’organisation. L’interlocuteur ajoute, peu avant le démarrage de la marche, avec un sourire : « Mais, c’est mal connaître les gens. Comme c’était barricadé, beaucoup ont replié pour se positionner dans les bretelles du circuit pour prendre le cortège en cours de route. Donc, la foule sera inestimable au fur et à mesure, vous verrez ».


A mi-chemin, un autre organisateur apprécie : « c’est comme si c’est tout Ouaga qui est sorti maintenant ». Les solgans et cris de guerre hostiles au pouvoir MPP et alliés, il y en a eu en cette matinée dans les artères arpentées par les manifestants.

De retour à la Place de la nation, le podium est partagé entre les maîtres de la cérémonie, des « artistes engagés » et les intervenants attitrés à la marche-meeting.


Ainsi, deux interventions ont eu lieu. Il s’agit du message du porte-parole de l’Unité d’action de la société civile (UNAS), Siaka Coulibaly, et le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré. « Nous sommes-là ce matin, parce que le pays va mal », justifie M. Coulibaly. Il précise également que son organisation a décidé de prendre part à cette activité, parce que les conclusions de son diagnostic de la situation nationale convergent avec celles faites par l’opposition. « Aujourd’hui, le slogan des soldats, au lieu d’être défendre la patrie, est devenu mourir pour la patrie. C’est insupportable », déplore Siaka Coulibaly.


Le politologue fustige aussi les atteintes aux libertés fondamentales, avec les arrestations de certains citoyens (Auguste Denise Barry, Naïm Touré, Pascal Zaïda, Safiatou Lopez…) dans des conditions sujettes à des interrogations.

Le moment attendu a été sans doute l’intervention du porte-parole de l’opposition, Zéphirin Diabré. Il va d’abord solliciter une minute de silence en la mémoire des soldats tombés sur le front.

Pour M. Diabré, au lieu de « forte mobilisation », il faut désormais parler de « très, très, très forte mobilisation ». Ce qui l’amène à lancer que « malgré les tentatives de démobilisation », les populations étaient au rendez-vous.


Le Chef de file de l’opposition a ensuite rendu un vibrant hommage aux Forces de défense et de sécurité. « Honneur à nos Forces de défense et de sécurité. Victoire à nos Forces de défense et de sécurité », a lancé Zéphirin Diabré. Sur l’union sacrée prônée, Zéphirin Diabré acquiesce, mais prend le soin de préciser…. « Oui pour l’union sacrée, mais pas n’importe quelle union sacrée. Notre union sacrée, c’est pour soutenir les Forces de défense et de sécurité, ce n’est pas une union sacrée pour sauver le MPP », ajuste l’opposition. D’ailleurs, sur cet aspect précis de la sécurité, Zéphirin Diabré demande au Chef de l’Etat de limoger les ministres de la Sécurité et de la Défense.

La question du nouveau code électoral, qui a fait jaser, il y a quelques temps de cela, revient en surface. « Ce code ne passera pas, il faut le réviser », annonce l’opposition.

Tout comme son prédécesseur au parloir, Zéphirin Diabré répète que la gouvernance actuelle pose problème à plusieurs niveaux. « PNDES par-ci, PNDES par-là, c’est zéro », résume le porte-parole.


C’est pourquoi l’opposition n’entend plus baisser la garde. « A partir de ce jour, les marches-meetings de l’opposition reprennent au Burkina Faso », annonce Zéphirin Diabré, soutenu par Me Gilbert Noël Ouédraogo, pour qui, « ce n’est que le début du commencement ». Mieux, selon Zéphirin Diabré, les prochaines marches-meetings pourraient prendre la direction du Sud de la capitale (palais présidentiel) pour directement remettre le message au président du Faso.


En outre, l’opposition politique, via son porte-parole, a lancé un appel au Président du Faso à l’organisation d’une assise nationale des Forces-vives sur la réconciliation nationale.

Tout en invitant ses participants à rester mobilisés et à se tenir prêts, les organisateurs ont exhorté les populations à poursuivre les gestes de solidarité aux Forces de défense et de sécurité à travers le dispositif mis en place.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net