Dans son rapport sur la gouvernance 2016, publié en octobre 2017, l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) avait relevé des irrégularités dans la gestion des ressources par les institutions publiques. Ledit document faisait ressortir que « 98% des irrégularités » provenaient de la présidence du Faso. Une information qui avait nourri de nombreux commentaires au sein de l’opinion (la présidence était perçue comme celle-là qui doit donner l’exemple en matière de bonne gouvernance). Une année après ce rapport, c’est avec une « surprise agréable » que l’institution de contrôle note une amélioration dans la gestion de cette institution. C’est ce que révèle le rapport 2017, rendu public ce vendredi 30 novembre 2018 à Ouagadougou.

« Sur une consommation totale de 7 535 034 074 F CFA, les consommations irrégulières (pièces justificatives irrégulières ou sans pièces justificatives) représentent 250 558 270 F CFA dont 245 875 770 proviennent de la présidence du Faso, soit 98,13% », avait présenté le rapport 2017 de l’ASCE-LC (http://lefaso.net/spip.php?article79988). Le département de Luc Marius Ibriga, qui avait constaté en 2015 que le carburant était devenu le « lieu de prédation » le plus élevé, recommandait l’élaboration des textes sur la gestion du carburant et des lubrifiants.

« Nous avons tiré la sonnette d’alarme. En 2016, il y avait eu une amélioration, mais on avait des acteurs qui ne respectaient toujours pas les règles. C’était le cas par exemple de la présidence du Faso », a rappelé le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, avant d’annoncer qu’une année après, son institution note que les insuffisances sont prises en compte par la présidence du Faso.

« Vous vous rappelez qu’en 2016, l’audit de la présidence du Faso avait révélé une utilisation anarchique du carburant. Nous avons été agréablement surpris que la présidence du Faso soit la structure dans laquelle il y a des textes sur la gestion du carburant et la consommation du carburant y a véritablement diminué », confient les responsables de l’ASCE-LC.


Les équipes d’audit de l’ASCE-LC indiquent avoir noté une amélioration d’ensemble dans la gestion du carburant par les institutions. « Presque tous les acteurs ont au moins un texte qui réglemente l’utilisation du carburant », apprend M. Ibriga, souhaitant que le système soit encore parfait (car des possibilités de rétention ou de déperdition de carburant demeurent).

« Et nous avons vu à la présidence du Faso, quand nos auditeurs sont partis, l’administration disait qu’elle n’était pas prête pour qu’on fasse l’audit. Nous avons saisi le président du Faso, qui a intimé l’ordre à l’administration de se soumettre au contrôle. Cela veut dire que, de ce point de vue, la présidence du Faso est traitée de la même façon que les autres administrations de l’Etat », révèle Luc Marius Ibriga, qui rappelle au passage qu’une telle action n’était envisageable à une certaine époque. A en croire le contrôleur général d’Etat, au temps du président Compaoré, l’on s’était rendu compte que la présidence du Faso était en dehors de toute réglementation.

Au compteur des bons exemples, l’institution de Paul Kaba Thiéba, le Premier ministère. « Au niveau du Premier ministère, il n’y a pas de marchés irréguliers. C’est une réalité que nous pouvons vous donner », ont noté les auditeurs de l’ASCE-LC.

Ce qui fait dire à Luc Marius Ibriga que sur ce point précis (et de ce qui leur a été donné de constater), l’exemple est donné au plus haut niveau.

Cependant, ces notes de satisfaction n’ont pas caché le fait que la gestion 2017 des ministères et institutions auditées est caractérisée par une « dégradation des indicateurs » de bonne et saine gestion.

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net