Les responsables du Mouvement pour la culture de la paix et l’amour de la patrie (MPAP) ont animé une conférence de presse ce samedi 30 novembre 2019 à Ouagadougou. Au menu, entre autres, la situation sécuritaire nationale. Après avoir décliné les facteurs qui rendent le terreau fertile au terrorisme, Samuel Kalkoumdo et ses camarades ont appelé à l’unité nationale, seul moyen de gagner la lutte contre le terrorisme.

Le terrorisme a des facteurs explicatifs. Face à la presse, les responsables du Mouvement pour la culture de la paix et l’amour de la patrie ont énuméré quelques-uns de ces éléments qui facilitent l’installation et la progression du terrorisme au Burkina Faso. Selon Samuel Kalkoumdo, ces facteurs sont de plusieurs ordres. Ils sont économiques, religieux, fonciers, sécuritaires et politiques.

Sur le plan économique, le manque d’emploi et l’extrême pauvreté dans laquelle baigne les populations poussent certains à s’enrôler dans les rangs des terroristes afin de subvenir à leurs besoins. « C’est le cas de certaines zones comme le Sahel et l’Est du pays qui ont été pendant des décennies abandonnés en infrastructures. Il n’était pas rare d’entendre que « si tu fais, je te fais affecter au Sahel ou dans la Gnagna profonde », a relevé le conférencier avant d’ajouter que bien que stigmatisants, ces discours traduisaient le dénuement total dans lequel se trouvaient ces régions.


Les causes religieuses sont liées à l’utilisation du nom du Prophète ou de certains préceptes religieux pour justifier et anoblir les actes terroristes. Ces prédicateurs, profitant de l’ignorance de certaines populations, en font des endoctrinés bon à commettre les sales besognes au nom d’un prétendu Dieu. Sur le plan sécuritaire, les conférenciers ont pointé du doigt l’insuffisance du maillage du territoire national qui contraint les habitants de ces localités à un silence complice du terrorisme. « Souvent, dans ces localités où la présence des Forces de défense et de sécurité n’est pas remarquée, la population de peur de voir leur village rasé (ou se faire tuer) évitent de dénoncer la présence de groupes terroristes dans leur communauté », a regretté M. Kalkoumdo.

Samuel Kalkoumdo

La cohabitation difficile entre les autochtones et les étrangers, l’indisponibilité des terres pour tous dans certains villages sont souvent la source de certains conflits. Et de l’avis des conférenciers, certains conflits facilitent la propagation du terrorisme qui recrute parmi ceux qui se sentent lésés. Au plan politique, les divergences entre la majorité et l’opposition qui s’accusent mutuellement, sont des facteurs facilitant l’implantation du terrorisme. « Le parti majoritaire accuse l’opposition d’être responsable du phénomène terroriste. Inversement cette dernière reproche à la majorité d’être incapable de trouver des solutions pour endiguer le terrorisme. Ce débat stérile et sans actions concrètes ne profite qu’à l’ennemi, c’est-à-dire à l’implantation du terrorisme dans notre pays », a dénoncé le conférencier.

Mais que faire face à cette situation préoccupante ?

Pour venir à bout de l’hydre terroriste, les responsables du MPAP ont leur idée. Ils préconisent la création d’activités génératrices de revenus pour les femmes, des emplois au profit des jeunes, l’accès au crédit pour les femmes et les jeunes, une gouvernance économique vertueuse marquée par la lutte contre la corruption, les détournements et l’enrichissement illicite.


Sur le plan politique, les conférenciers appellent les acteurs à taire leurs divergences politiques et viser un objectif commun qui est le vivre-ensemble, une réconciliation nationale réelle et véritable. « Si la réconciliation doit passer par le retour des exilés, nous pensons qu’il n’y a pas de problème. Seulement, que chacun réponde d’abord de ses actes », a précisé Samuel Kalkoumdo.

Ils ont aussi plaidé pour une extension du maillage sécuritaire jusqu’aux hameaux de culture, la dotation des FDS en moyens matériels, techniques et logistiques conséquents. Les conférenciers ont aussi appelé à l’inscription de l’éducation civique et morale dans les programmes d’enseignement au Burkina Faso. « Le faire pourrait être une solution à long terme », a conclu le président du MPAP.

Après avoir initié certaines actions visant à ramener la cohésion nationale, les responsables du MPAP entendent intensifier leurs actions sur le terrain par des campagnes pour la paix, des formations et des soutiens à des groupes de femmes afin qu’elles puissent se prendre en charge financièrement.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Source: LeFaso.net