L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a initié, le jeudi 30 janvier 2020, à Ouagadougou, un atelier de restitution des travaux de recherche du projet « Demography statistics for Africa (Demostaf) » qui a bénéficié d’un financement de la Commission européenne. Co-organisée avec l’Institut national des statistiques et de la démographie, la cérémonie a été présidée par Lucien Belemkoabga, représentant le directeur général de l’INSD et Dr Madeleine Wayack Pambe représentante du directeur de l’ISSP et point focal du projet Demostaf. Et ce, en présence du Pr Olga Lompo, vice-présidente de la recherche et de la coopération internationale de l’université Joseph Ki-Zerbo.

Au niveau du système statistique national, des données couvrant divers domaines ont été produites depuis les années 80 à nos jours. Cependant, force est de constater que ces données sont peu exploitées au point que les instituts nationaux de statistique sont qualifiés de « cimetières de données ». Pour inverser la tendance, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) et l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) ont participé à la mise en œuvre du projet Demostaf, aux côtés d’autres institutions de recherche (du Nord et d’Afrique) et Instituts nationaux de statistiques.


Il s’est agi pour le Burkina Faso, de fournir des données d’enquêtes et des recensements ainsi que de disponibiliser des chercheurs de l’ISSP et des statisticiens de l’INSD pour exploiter ces données lors des mobilités communes dans des institutions académiques européennes, en particulier l’Institut national d’étude démographique (INED) en France, l’université catholique de Louvain (UCL) en Belgique et l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) au Canada.

Dr Madeleine Wayack Pambe, enseignante-chercheure et point focal du projet Demostaf

Démarré en janvier 2016 et ayant pris fin en décembre 2019, le projet a été fructueux. En ouverture d’atelier, Madeleine Wayack Pambe s’exprimant au nom du directeur de l’ISSP, a rappelé que c’est le dynamisme du partenariat de longue date de l’ISSP avec les institutions européennes du projet : l’IRD, l’INED, l’université de Genève et l’université de Louvain, ainsi que la force de la collaboration entre l’ISSP et l’INSD qui ont permis de mener à bien ce projet au Burkina Faso.

« Au terme du projet, d’importants résultats couvrant notamment les domaines de l’éducation, la santé, la mortalité, la fécondité, les structures des ménages et l’archivage des données ont été obtenus », a, pour sa part, relevé Lucien Belemkoabga, représentant le directeur général de l’INSD.

Présentation du projet Demostaf

51 mobilités effectuées vers les institutions européennes

Une présentation faite par le point focal du projet Demostaf à l’ISSP, Madeleine Wayack Pambe, a montré que le projet consistait en des mobilités de chercheurs et statisticiens entre les institutions académiques et les instituts nationaux de statistiques. Il a mobilisé une centaine de participants en tout, composés de chercheurs, de statisticiens, de doctorants et de documentalistes. Il était découpé en six « working packages » (groupes de travail) dont quatre (04) groupes thématiques sur la recherche, à savoir la fécondité ; la mortalité et la santé ; les familles et ménages ; et enfin l’éducation.

De la participation des deux équipes du Burkina Faso, il ressort que ce sont 7 enseignants chercheurs, 2 doctorants et 2 assistants de recherche du côté de l’ISSP et 7 statisticiens du côté de l’INSD qui étaient membres de ce projet. Ils ont effectué en tout 51 mobilités vers les institutions européennes.

Présentation du projet Demostaf

Quelques présentations sur les analyses des données du Burkina Faso ont été ensuite faites. Pour l’étude de la mortalité, par exemple, il a été montré les différences entre les données du recensement de 2006 et celles collectées par l’Observatoire de population de Nouna. Dans le champ de l’éducation, il est ressorti que les questions posées dans les différentes enquêtes pour mesurer l’analphabétisme, le phénomène des enfants en dehors de l’école et la fréquentation au supérieur sont trop disparates.

En vue de la production d’indicateurs de suivi comparables, notamment des Objectifs du Développement Durable, les conclusions de ces études ont abouti à des recommandations portant sur la nécessité d’une harmonisation de la collecte des données.


Les différents résultats du projet avaient aussi fait l’objet de présentations lors du colloque scientifique de Demostaf en octobre 2019, à Paris et à d’autres conférences scientifiques. Ce jeudi 30 janvier 2020, c’était au tour des acteurs de développement au niveau national de s’en approprier. Convaincu que ces résultats permettront de revisiter la politique nationale de la population du Burkina Faso, Mme Wayack a remercié l’Union européenne qui a financé le projet.

Les participants

Au nom du directeur de l’ISSP, elle a dit espérer que la collaboration avec l’INSD pourra se poursuivre, particulièrement dans la perspective de l’analyse des données du recensement de la population qui vient d’avoir lieu dans notre pays. En rappel, l’objectif du projet Demostaf était de mieux exploiter les données produites par les instituts nationaux de statistiques, en particulier les recensements, pour répondre à des questions de recherche portant sur la fécondité, la santé, la famille et l’éducation.

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net