Le 23 juin 2020, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lançait officiellement la révision du fichier électoral pour la région du Centre. Plus du million et demi de potentiels électeurs étaient attendus par les opérateurs de kits de la CENI. A la veille de la clôture, soit le mercredi 8 juillet 2020, l’opération semble avoir maille à partir au regard de la qualité de l’affluence dans les centres d’enrôlement. Même à un jour de la fin, l’affluence n’est pas au rendez-vous. L’opération pourra-t-elle couvrir l’objectif. Zoom sur quelques centres d’enrôlement.

Au Centre féminin des métiers de Tampouy on y trouve quelques personnes venues se faire enrôler. Selon l’opératrice de kit, Abibou Zida, malgré tout le tapage médiatique sur l’opération, beaucoup de personnes disent n’être pas au courant de l’ouverture de l’opération pour la région du Centre. « Il y a des gens qui viennent à la dernière minute et nous disent qu’ils n’étaient pas au courant pour l’enrôlement » affirme-t-elle.

« Les opératrices de kits sont patientes avec nous » confie Ouédraogo Abdoul Faysal, venu se faire enrôler à la mairie de l’arrondissement n° 3. « Aux personnes qui ne se sont pas encore faites enrôlées, je les encourage à le faire. Ça ne coûte que cinq minutes tout au plus. Il faut qu’on dise adieu à ce temps où on était des observateurs passifs. Il ne faut pas laisser les autres choisir à notre place ceux qui vont nous diriger. Au lieu de rester à la maison pour après critiquer les dirigeants, il serait préférable d’exprimer son choix au vote avec la carte d’électeur » s’est-il étalé.

Ouédraogo Abdoul Faysal, venu se faire enrôler à la mairie de l’arrondissement n° 3

Mais, nuance-t-il, « je suis actuellement très content, parce que je vois que la majorité des jeunes sont assez conscients. Des élèves et des étudiants qui se font enrôler massivement mais aussi qui passent leur temps à sensibiliser des citoyens à venir se faire enrôler ». Les opératrices de kits de cet arrondissement confient travailler chaque instant malgré l’absence visible de file d’attente. « Ici nous ne chômons pas » disent-elles. Tout porte donc à croire que l’opération pourra enrôler le maximum de personnes à Ouagadougou.

Cependant il y a aussi des brebis galeuses. Plusieurs personnes dans la ville de Ouagadougou ne se sont pas faites enrôler. C’est le cas de Maïmouna (nom d’emprunt) que nous avons trouvé à l’extérieur de la mairie de l’arrondissement n°9. « Je ne sais pas où aller pour me faire enrôler » s’excuse-t-elle. A la question de savoir comment elle comptait accomplir son devoir civique ; « même si je ne m’enrôle pas, c’est pas mal » s’agace-t-elle.

La mairie de l’arrondissement n°3 abritant un centre d’enrôlement

A l’école Medersa dans l’arrondissement n°9, les opérateurs attendent environ une dizaine de minutes après un enrôlé, pour voir se pointer un candidat à l’enrôlement. L’existence de ce centre est-il méconnue ou est-il placé à un endroit où les gens ne s’intéressent pas trop à l’opération ? Les raisons exactes ne sont pas établies. Les opérateurs eux-mêmes manquent d’explications précises. Selon Stéphanie Ouédraogo, l’opératrice de kit, parfois la personne qui vient a été informée par une autre qui est passée se faire enrôler. Les gens disent qu’ils ne sont pas informés » déclare-t-elle.

Une autre explication plausible du manque d’affluence, est que l’opération est une révision du fichier électoral. Une personne qui possède sa carte d’électeur de l’opération passée, n’est plus tenue de se présenter au centre d’enrôlement, sauf en cas d’usure de la carte, avait expliqué la commissaire de la CENI en charge de la région du Centre, au lancement de l’opération. Stéphanie Ouédraogo explique qu’en tant qu’opérateurs, ils peuvent récupérer une ancienne carte d’électeur usée et procéder à son remplacement par un nouvel enrôlement.

Centre d’enrôlement au Centre féminin des métiers

Une autre difficulté est la distribution du gel hydro alcoolique à certaines personnes. Selon Adama Sawadogo, aide opérateur de Stéphanie Ouédraogo, il faut parfois avancer la raison de fluidité de l’enrôlement. « Sans quoi, certains refusent de se désinfecter les mains » explique-t-il. Stéphanie Ouédraogo ajoute que beaucoup d’entre eux refusent l’existence encore de la maladie à coronavirus. Il faut leur avouer que les empreintes digitales ne sont pas bien visibles si le gel n’est pas appliqué avant qu’ils n’acceptent le prendre.

Monsieur Sawadogo est superviseur d’opération à l’arrondissement n°9. Selon lui, l’opération se déroule normalement et les gens sortent suffisamment pour s’enrôler. « Nous sommes en train de faire face à leur demande, mais tout se passe bien » a-t-il laissé entendre. L’arrondissement n°9 à 67 opérateurs, selon lui. A la question de savoir s’il y aura nécessité de prolonger le délai, le sieur Sawadogo pense qu’il l’arrondissement n’en aura pas besoin. Il annonce que les statistiques sont centralisées chaque soir au niveau de la CENI.

Etienne Lankoandé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net