Depuis un certain temps, l’opinion est partagée sur le profil d’un nouveau ministre à la tête de la défense nationale. Pendant que certains exigent de voir des hommes de tenue à la tête de la Défense et de la Sécurité, d’autres veulent tout simplement « un bon manager », celui qui sera « à l’écoute des hommes ». Petite précision, ces entretiens ont été réalisés au cours de la journée avant le remaniement du gouvernement qui voit le président Roch Kaboré s’attribuer une seconde fois le costume de ministre de la Défense.

Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP : « Qu’il s’agisse d’un militaire ou d’un civil, cela importe peu. Un ministre de la Défense fait partie d’une équipe gouvernementale qui agit sur la base d’un programme reposant sur des choix et orientations politiques. Tout dépend donc de l’expression de la volonté politique du pouvoir en place d’assurer une réelle défense du territoire national.

Lorsque par exemple l’effectivité de la défense de votre territoire dépend en grande partie de forces armées étrangères, vous avez beau avoir des ministres de la Défense, civils ou militaires, vous ne vous en sortirez jamais. Pour que ça marche, il faudrait donc aller au-delà du profil de personnes et opter, courageusement, pour des choix et orientations politiques qui affirment notre souveraineté. J’ai la conviction que cela est possible, avec, à l’appui, une saine organisation de la résilience populaire. »

Commissaire Rachid Palenfo, consultant en gouvernance du secteur de la sécurité : « Loin des considérations civils ou militaires, il nous faut de bons managers à la tête de la Défense et de la Sécurité. Des personnes qui sont à l’écoute des hommes, qui font bouger les lignes au sommet de l’État et surtout des ministres qui s’entendent et s’accompagnent car défense et sécurité sont complémentaires. Le casting doit tirer des leçons de la situation actuelle, des attentes des hommes, des VDP et de la détresse de nos populations. Il faut nous faire l’économie des ministres qui aggravent la situation par des propos déplacés par exemple. »

Mohamed Savadogo, secrétaire général du SYNAFI : « Notre situation est bien plus difficile que cette question d’un civil ou d’un militaire à la tête de la Défense ou de la sécurité… Il faut voir au-delà de cela… Nous avons plus mal à notre gouvernance. Avons-nous des dirigeants dignes, intègres et soucieux des préoccupations des populations ? C’est là toute la problématique… Et au niveau macro, il faut voir la question du système… Tant que nous n’irons pas àune indpendance réelle, nous serons toujours sous domination… Nous devons nous émanciper de la France et pour ce faire, nous devons impérativement procéder au démantèlement de ses bases militaires au Burkina et dans la sous région… »

Propos recueillis par Cryspin Laoundiki

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Source: LeFaso.net