« Les ressortissants de la commune de Madjoari, fatigués d’enterrer leurs morts et de pleurer leur deuil, ont décidé d’attirer l’attention de l’opinion publique nationale sur le danger qui guette la ville de Fada N’Gourma et la région de l’Est, si la commune de Madjoari venait à tomber définitivement devant la résistance contre les groupes armés. » C’est ce message qu’a voulu porter l’Association des ressortissants de la commune de Madjoari (ARCM) en animant une conférence de presse, ce lundi 5 juillet 2021 à Ouagadougou. Les membres de l’association ont révélé que la commune dont ils sont originaires, est actuellement sous contrôle des groupes terroristes, qui dictent leur loi aux populations locales.
Cette conférence de presse fait suite aux manifestations des habitants de Madjoari (province de la Kompienga, dans la région de l’Est), le dimanche 4 juillet 2021, pour dénoncer la prise de la commune par des groupes armés. Selon les dires du porte-parole de l’Association des ressortissants de la commune de Madjoari (ARCM), Nassirou Dahani, leur commune est l’exemple illustratif d’une localité qui a combattu les terroristes, et qui est sur le point de baisser les bras.
« L’unique route permettant de rallier la commune est détenue par des hommes armés. A l’entrée comme à la sortie de la ville, des postes de contrôle sont installés (…). Être natif de Madjoari est devenu un délit dont la sentence est la mort. Malgré le degré d’insécurité très critique, nous ne disposons pas de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), non pas par manque de volonté, mais parce qu’on attend que l’Etat statue sur notre sort. Pour 80 postes à pourvoir, 200 candidatures ont été enregistrées en 2020. Mais jusqu’à ce jour, les candidats attendent d’être appelés, formés et équipés pour rejoindre le champ de bataille. Mais hélas, l’attente dure depuis plus d’un an », a décrit Nassirou Dahani.
Madjoari se vide
A en croire les conférenciers, sept villages et six hameaux de culture se sont déjà vidés. Seuls le camp militaire et les riverains du camp sont encore sur le territoire communal. Sur les 14 000 habitants de Madjoari, 12 000 ont déjà été obligés de fuir, laissant derrière eux leurs terres et leurs biens. On dénombre un millier d’individus sur le territoire béninois, et le reste est reparti entre les communes de Nadiagou, Pama et Logobou. Les moins chanceux errent dans les parcs d’Arly ou de la Pendjari.
Ce sont donc plus de 12 000 âmes qui attendent une assistance humanitaire d’urgence. « Les autorités communales, qui ont longtemps bataillé aux côtés des partenaires pour venir en aide à ces populations, n’en peuvent plus. Si rien n’est fait, ce n’est plus qu’une question de temps, Madjoari sera rayée de la carte du Burkina », alerte l’ARCM.
- Marche populaire à Lorum
« Donnez-nous les armes pour qu’on se défende ! »
Les ressortissants de la commune otage des terroristes disent vouloir retourner sur la terre de leurs ancêtres. « Nous ne voulons pas être déplacés dans notre propre pays », martèlent-ils, avant d’adresser ce message aux autorités du pays : « Si vous n’êtes pas capables de nous protéger, donnez-nous les armes pour qu’on se défende ! ».
Les conférenciers ont par ailleurs demandé à toutes les bonnes volontés de faire parler leur cœur en faveur de ces milliers de personnes sans vivres, sans toit et sans aucune assistance.
Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents