Loumbila, commune rurale située à quelques encablures de Ouagadougou, est en proie à une polémique sur la destruction des infrastructures publiques. Les feux tricolores et les lampadaires deviennent de plus en plus défaillants à cause du comportement des usagers de la route. Après un coup de gueule poussé sur les réseaux sociaux par un habitant, nous nous sommes rendus sur place le mardi 10 août 2021 pour constater que les faits dénoncés sont réels. La mairie de Loumbila, elle, évoque des difficultés à faire réparer les dégâts.

Tout est parti d’un cri de cœur lancé sur le réseau social Facebook par un habitant de Loumbila. Dans sa publication, il dénonçait la défaillance précoce des feux tricolores installés il y a « moins d’un an » dans la commune de Loumbila.

« Sur la route de Loumbila, cinq feux tricolores ont été installés il y a environ une année de cela. Aujourd’hui, il ne reste que deux et demi en état de marche. Deux feux ont été arrachés par des camions et ne fonctionnent plus, un autre va rendre l’âme très bientôt », s’alarmait cet internaute.

« Dans la même période ont commencé les travaux d’éclairage de la même voie en partant du rond-point de Kossodo. Les travaux d’installation et de branchement des lampadaires sont toujours en cours, mais ce matin je découvre un 4e poteau de lampadaire tombé par terre, visiblement percuté par un camion. Quatre lampadaires de moins et ce n’est que le début », ajoutait-il, se demandant comment les infrastructures routières peuvent se dégrader à une telle vitesse.

Il faisait remarquer également que « L’État burkinabè a des maigres ressources et chaque investissement routier coûte très cher non seulement à l’État, mais à chaque contribuable. Ces feux, ces lampadaires, appartiennent en quelque sorte à nous tous. Si on n’arrive pas à inculquer ces notions basiques de citoyenneté aux jeunes, aux usagers de la route, tout ne serait qu’un colossal gaspillage de ressources. »

En écho à cet appel, un autre internaute signalait que dans la comme de Saaba, la situation est similaire. « C’est simplement l’apocalypse sur la voie qui va de la station OTAM route de Fada au marché de cette banlieue. Plus de 16 lampadaires implantés dans le terre-plein central ont été arrachés par nos as de la route et du volant. (…) Sans aucune sanction connue, les fautifs, les destructeurs du bien commun se la coulent douce. Impuissants, nous assistons à l’agonie des quelques rares poteaux électriques qui arrivent encore à nous faciliter l’accès à nos demeures. »

Ce feu tricolore a été arraché en moins d’un mois

Nombreux accidents

Dans la soirée du mardi 10 août, nous avons décidé de vérifier à Loumbila. Sur les cinq feux tricolores installés dans la ville de Loumbila, trois effectivement sur la piste des véhicules sont hors d’usage. « Ce sont les véhicules poids lourds qui ont percuté ce feu », confie un riverain, Adama Tapsoba, en montrant du doigt le feu allongé par terre, au niveau de la voie des véhicules. « Tout se passe dans la nuit, nous découvrons les feux endommagés le matin alors qu’ils ont été installés il n’y a même pas une année », lance un autre riverain dans la foulée, indexant visiblement les camions comme responsables de ces dégâts.

Au feu suivant, le troisième selon l’ordre d’alignement, c’est le même constat. Seul celui de la bande cyclable est fonctionnel. Au dernier feu situé en face du siège du parti Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), seul le feu de la bande cyclable répond présent. Un autre feu, sur la chaussée des voitures, a carrément été arraché. Le poteau semble avoir disparu. Il ne reste que le béton qui a servi à le fixer.

Le feu tricolore sur la piste des véhicules complètement détruit

Amadou Dicko, un boucher installé à proximité du dernier feu, s’indigne contre cet état de dégradation et appelle les premiers responsables de la commune à agir afin de trouver des solutions à la situation. « Il y a eu plusieurs accidents à cause de ce dysfonctionnement », a-t-il conté, incriminant lui aussi les gros porteurs. Il appelle la mairie à plus de rigueur sinon, prévient-il, « tous les feux vont s’écrouler ici ». C’est aussi l’appel lancé par Abdoul Aziz Kafando, un usager qui a fait une escale pour déguster de la viande chez le boucher.

« L’absence du feu va encore provoquer de nombreux accidents », déplore-t-il, en rappelant que les véhicules ne vont plus marquer un arrêt au regard de la situation. C’est pourquoi, il invite la mairie de la commune de Loumbila à prendre des mesures urgentes pour traquer les fautifs et réparer les feux.


Lire aussi Eclairage public à Ouagadougou : Une association dénonce la défaillance des lampadaires et interpelle les autorités


La même situation est vécue par les lampadaires à l’entrée de la commune. Pendant que les feux agonisent à Loumbila, il devient de plus en plus difficile la nuit, de voir sur la voie. La mairie de Loumbila promet de s’investir pour assurer la sécurité des infrastructures publiques.

Les jours de ce feu tricolore aussi sont comptés, selon Abdoul Aziz Kafando

Difficultés à faire réparer les dégâts

Le secrétaire général la mairie de Loumbila, Rasmané Nikièma, reconnaît qu’il y a une destruction des feux et lampadaires par des usagers de la route. Mais il tient à remettre les choses dans leur contexte. Pour lui, tous les feux n’ont pas été installés dans la ville en 2020, contrairement à ce qui est dit. « Il y a des feux qui sont implantés depuis 2019 », a-t-il rectifié, avant d’évoquer les difficultés qui empêchent la mairie à mettre en branle la « théorie du pollueur-payeur ».

Pour lui, la poursuite des responsables des dégâts n’aboutit pas très souvent à grand-chose. « Ce sont des véhicules qui sont assurés pour la plupart, et ne sont pas toujours prêts à faire face aux dommages causés », a souligné le secrétaire général, en ajoutant que des incompréhensions surviennent sur la formule de réparation en cas d’engagement des assurances à réparer le tort.

La mairie va prendre des dispositions, selon son secrétaire général Rasmané Nikièma

Toutefois, la mairie s’engage à veiller à la sécurité des infrastructures publiques, à en croire Rasmané Nikièma. Il appelle les usagers à plus de vigilance dans la circulation pour leur sécurité et celle des biens publics aussi. « Nous avons enregistré trois accidents pour cette année 2021 dus au nom respect du code de la route », a-t-il indiqué, tout en faisant le parallèle avec la détérioration des signalisations lumineuses.

A Loumbila comme à Saaba, ce problème d’entretien des infrastructures est de plus en plus soulevés. La même réalité se vit à Saaba aussi, a confié un habitant de la zone.

Serge Ika Ki (stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net