Dans son homélie à l’occasion de la messe du nouvel an, célébrant la solennité de Marie et la 57è Journée mondiale de la paix, le pape François a, à la basilique St-Pierre de Rome, devant des milliers de fidèles, dénoncé les violences faites aux femmes dans le monde. Une interpellation dont l’écho dépasse, sans doute, les seuls fidèles chrétiens, quand on mesure l’ampleur du phénomène dans les sociétés et les souffrances de toutes formes que les femmes subissent.
Le message du souverain pontife, que plusieurs médias internationaux ont relayé et mis en exergue, appelle les catholiques à être des exemples, en respectant les femmes. « Le monde a aussi besoin de regarder les mères et les femmes pour trouver la paix, pour sortir des spirales de la violence et de la haine, et revenir à avoir des regards humains et des cœurs qui voient. Et toute société a besoin d’accueillir le don de la femme, de toute femme, de la respecter, de la protéger, de la valoriser, en sachant que celui qui blesse une seule femme profane Dieu, né de la femme », a touché le pape François, demandant aux catholiques de copier l’exemple de Marie qui est présentée comme la mère de Dieu, à lui confier cette année à venir et à lui consacrer leur vie.
« Notre époque, vide de paix, a besoin d’une Mère qui recompose la famille humaine. Regardons Marie pour devenir des constructeurs d’unité, et faisons-le avec sa créativité de Mère, qui prend soin de ses enfants : elle les rassemble et les console, elle écoute leurs peines et essuie leurs larmes », exhorte le guide religieux, rappelant l’importance que revêt la maternité de Marie qui est le chemin qui conduit à la tendresse paternelle de Dieu.
Au Burkina, plusieurs enquêtes ont mis à nu les proportions du phénomène. A titre illustratif, une étude menée par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP, université Pr Joseph-Ki-Zerbo), et rendue publique en février 2023, a fait ressortir que 25,7% des femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont subi des violences entre partenaires intimes.
« Le questionnaire a été administré à l’endroit de 6 388 femmes de la tranche d’âge précitée et à 5 522 ménages des zones urbaines et rurales du Burkina Faso et a concerné la période de décembre 2020 à mars 2021. Selon l’investigateur principal de l’étude, de nombreuses femmes sont battues par leurs conjoints. 6% déclarent avoir subi des violences sexuelles au niveau de leur ménage, soient 250 000 femmes, sur une année donnée. Pour toutes les formes de violence, c’est 1 femme sur 4 qui subit ces violences », révèle ladite étude, selon laquelle, ces violences, qui constituent un terrorisme domestique, impactent négativement la productivité des femmes dans la société. « Papa et maman s’insultent jusqu’à 2h du matin, si je ne prends pas la drogue, je ne peux pas dormir », relaie Pr Arouna Ouédraogo.
En plus de la productivité, poursuit l’étude, les femmes victimes sont impactées négativement dans leur dignité humaine, les empêchant d’exprimer leur potentialité et sont exclues du développement. « Un autre aspect des violences faites aux filles et aux femmes montre qu’elle affecte non seulement l’éducation des victimes et celle de leurs enfants, si on prend en compte les adolescentes scolarisées », apprend-on.
Aussi, dans le cadre des « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) » qu’elle a organisés en partenariat avec « Taafé vision », et à travers une projection-débat en fin novembre 2023, l’Union européenne a confié avoir pris en charge 11 000 cas de violence basée sur le genre, entre 2019 et 2023.
C’est dire que la situation interpelle plus qu’on puisse l’imaginer. Elle l’est encore davantage dans ce contexte de crise sécuritaire, où les femmes sont les plus exposées, vulnérables.
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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