Selon des informations qui sont parvenues à Lefaso.net, des enseignants communautaires de Diapaga ont des arriérés de salaire de deux mois (novembre et décembre 2023). L’un d’entre eux a accepté de s’exprimer afin d’interpeller qui de droit sur la précarité économique que ces enseignants traversent.

Diapaga (chef-lieu de la province de la Tapoa, dans la région de l’Est) est l’une des zones touchées par l’insécurité au Burkina Faso. Les groupes terroristes mènent des attaques depuis plusieurs années endeuillant ainsi de nombreuses familles. Les multiples incursions des forces du mal ont des répercussions sur l’éducation scolaire. Pour sauver l’école, l’État a fait appel à des enseignants communautaires.

L’un d’entre uns s’est confié sur leur situation peu reluisante. Pour éviter de l’exposer, nous l’appellerons Monsieur H.

« Depuis la mi-septembre 2023, des étudiants ont été contactés par des chefs des établissements publics de Diapaga pour rejoindre Fada afin d’être héliportés pour assurer la continuité éducative. C’est le 25 octobre 2023 que nous avons été héliportés. Le jeudi 26 octobre, nous avons commencé à dispenser les cours dans les classes puisqu’il y avait un retard. Il ne fallait pas perdre de temps. A notre grande surprise, les chefs nous font savoir que nous ne pourrons pas être payés pour le compte du mois d’octobre car nous n’avons pas travaillé alors que nous ne sommes pas responsables de cette situation. Une note nous a été présentée. Elle dit que la prise en charge des professeurs communautaires va se faire à partir du mois de novembre et de décembre », détaille Monsieur H.

Malgré « la frustration », les enseignants ont continué à transmettre le savoir, en attendant d’être rémunérés durant les mois de novembre et décembre comme convenu, assure-t-il.

A sa grande stupéfaction, « personne n’a reçu sa paie », confie-t-il avec amertume. Et pourtant, le coût de la vie est devenu extrêmement chère à cause de la crise sécuritaire.

« Nous sommes à bout. Nous ne savons plus à quel saint se vouer. Grâce à nous (les enseignants communautaires) on peut parler d’éducation dans cette partie du Burkina. Mais nous avons été rangés dans les oubliettes », déplore-t-il.

« Nous procéderons aux paiements dans de très brefs délais »

Lefaso.net a contacté le directeur régional des enseignements post primaire et secondaire de l’Est, Idrissa Pascal Tiendrébéogo, afin d’éclaircir la situation qui prévaut chez les enseignants de Diapaga.

Il a confirmé les propos de Monsieur H. « Oui, les enseignants communautaires n’ont pas encore reçu les frais des heures assurées », reconnaît-il. La situation, explique Idrissa Pascal Tiendrébéogo, s’explique par la difficulté d’accès de la zone. « Les voies d’accès par la route sont difficiles. Nous sommes en train de collecter les états d’heures et de paiements afin de nous assurer de leur régularité avant le paiement. L’acheminement à Fada de ces états est très difficile et nous tentons de collecter les versions numériques. L’autre difficulté est qu’il n’y a pas d’institution bancaire et financière sur place. Cela rend difficile les transactions. Néanmoins, nous procéderons aux paiements dans de très brefs délais », assure-t-il.

Idrissa Pascal Tiendrébéogo félicite l’ensemble des acteurs déployés dans les zones difficiles pour leur courage, leur résilience et leur « sens élevé de responsabilité ».

Il faut souligner que les enseignants communautaires de Diapaga sont payés par l’État.

Samirah Bationo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net