Face à la concurrence et aux défis d’adaptation digitale, l’ancienne Société nationale des postes (SONAPOST) devenue La Poste Burkina Faso, a un besoin permanent de se réinventer. Malgré ces facteurs et le contexte sécuritaire difficile, elle a enregistré en 2023 une croissance de 10% et un résultat net accru de 32%. Les principaux indicateurs sont donc restés au vert selon le directeur général de La Poste Burkina Faso, Ibrahim Saba. Dans l’interview qu’il nous a accordé, il nous parle de la vie de l’entreprise qu’il dirige dans un contexte sécuritaire difficile.

Lefaso.net : Quels sont les acquis engrangés depuis que vous êtes à la tête de La Poste Burkina Faso ?

Ibrahim Saba : En termes d’acquis, je pense que l’on peut les scinder en trois volets. Premièrement, nous avons procédé à la digitalisation des services : à ce niveau, nous avons piloté la liaison des comptes à travers le wallet to bank et la bank to wallet. Nous avons également déployé des Guichets automatiques de banque (GAB) à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou qui seront fonctionnels les jours à venir. Deuxièmement, nous avons poursuivi l’extension du réseau par l’ouverture d’agences et de guichets rattachés à des agences (Boudry, Tita, Kokologo, Ouaga-Marcoussis, Grand Samba, Bobo-Sarfalao…) ainsi que la création de nouveaux produits qui seront dévoilés au public en cours d’année.

Troisièmement, nous avons travaillé à améliorer la gouvernance à travers la mise en place d’outils qui permettent au management de piloter efficacement l’entité. Je veux parler ici des outils RH, de la politique de la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), du plan de continuité des activités. Ce sont, en résumé, quelques acquis que nous avons à notre actif et que nous comptons consolider.

En dehors de sa mission de distribution du courrier, quels sont les défis actuels de La Poste Burkina Faso dans un environnement de plus en plus concurrentiel ?

Je dois rappeler que nous avons deux sortes de métiers qui se sont élargis à trois avec l’avènement des TIC. Le premier, notre cœur de métier, est la distribution de courriers et de colis. Dans ce secteur, la concurrence est effectivement très rude avec des opérateurs postaux nationaux et internationaux. Cependant, La Poste Burkina Faso arrive à tirer son épingle du jeu en mettant à la disposition du public des services à valeur ajoutée. Nous sommes membres du réseau de l’Union postale universelle (UPU) qui nous permet d’envoyer et de recevoir des colis et des courriers à travers 192 destinations dans le monde. Sur le territoire national, notre réseau de plus de 125 points de contact nous permet d’être au plus près des populations, ce qui est un avantage concurrentiel assez énorme.

Au niveau des services financiers, nos concurrents sont les banques, les microfinances et tout l’écosystème que l’on a autour du service financier. À ce niveau également, La Poste Burkina Faso joue sa partition à travers une économie efficiente de l’épargne qui lui permet de financer l’économie nationale. Aussi, nous avons mis en place la Banque Postale du Burkina Faso pour répondre à un besoin longtemps exprimé par nos clients. Elle a vu le jour il y a un an et ses services ont commencé à être déployés. Le dernier segment qui concerne la digitalisation des services, est La Poste numérique. Sur ce point, à travers la maison du citoyen, nous nous positionnons comme intermédiaire entre l’administration et ses administrés. Nous serons le point d’ancrage entre l’administration et ses services dématérialisés. Ce projet sera piloté en collaboration avec le ministère en charge de la transition digitale. À travers ce projet, nous allons ériger dans chaque agence de La Poste Burkina Faso des espaces où les populations auront accès à tous les services dématérialisés de l’État.

Quels sont les moyens stratégiques mis en place par La Poste Burkina Faso pour s’adapter à l’évolution numérique et technologique ?

Il faut dire qu’à ce niveau nous avons déjà un plan stratégique de digitalisation qui nous a permis de comprendre les besoins de nos clients, de comprendre les nouveaux segments de distribution et les processus qu’il faut améliorer à l’interne. Cela nous a permis de créer de nouveaux produits et services comme I’DOCS qui permet à tout burkinabè sur le territoire national de demander l’établissement de son acte de naissance. Nous travaillons à élargir le service à d’autres actes délivrés par l’administration. A terme, notre souhait est de prendre en charge les demandes ou les renouvellements de permis de conduire sur cette plateforme. Petit à petit, nous allons travailler à les intégrer.

De plus en plus les clients et les usagers ne veulent pas se déplacer dans les services publics. De même, les services publics sont souvent engorgés à cause de l’affluence. Avoir un intermédiaire de confiance comme La Poste Burkina Faso permet au client de réduire un certain nombre de coûts de démarches administratives.

Quel est l’impact de l’insécurité sur les activités de La Poste Burkina Faso ?

Pour une entreprise de réseau comme La Poste Burkina Faso, l’impact est énorme. Cependant, en dépit de cette situation, nous avons pu enregistrer une croissance du chiffre d’affaires de 10% par rapport à 2022, soit environ 31 milliards de francs CFA représentant 106% de la prévision annuelle. Un résultat net positif d’un milliard sept cent douze millions quatre cent quarante-cinq mille quatre cent quarante-neuf (1 712 445 449) francs CFA, en progression de 32,25% par rapport à 2022. Donc, s’il est vrai que la crise sécuritaire a un impact certain sur la performance de l’entreprise, nous pouvons tout de même affirmer que les principaux indicateurs sont restés au vert. Et nous travaillons à maintenir les services postaux au plus près des populations.

Quel est le nombre d’agences fermées à cause de l’insécurité ?

Nous avons 27 agences fermées sur l’ensemble de notre réseau en raison de l’insécurité. Mais nous travaillons à les réouvrir dans les plus brefs délais. Dans nos prévisions, au moins une dizaine d’agences seront à nouveau ouvertes au cours du premier semestre parce que dans ces localités, nous avons enregistré un retour des populations et une pacification de la zone.

Quels sont les ambitions et les projets de La Poste Burkina Faso ?

Les ambitions de La Poste Burkina Faso sont de couvrir, comme la loi le veut, le territoire national en matière de services postaux et financiers et de travailler à densifier notre réseau. Aujourd’hui, il s’agit de travailler à la digitalisation. Cette digitalisation permettra d’aller plus vite au plus près des populations. En termes de projets, nous en avons un certain nombre, mais permettez-moi de ne pas en dire plus pour des raisons stratégiques.

Quel est votre mot de fin ?

À nos clients, nous leur disons merci de nous rester fidèles. Nous sommes toujours engagés à vous faciliter la vie. Aux autorités, nous leur disons merci pour l’accompagnement. À vous le Lefaso.net, merci pour le travail d’information au quotidien.

Farida Thiombiano

Lefaso.net

Source: LeFaso.net