En séjour dans son Burkina natal, le délégué du Haut-conseil des Burkinabè de l’extérieur (HCBE) dans la zone 2 au Canada, Ismaël Aziz Daboné, a profité de l’occasion pour effectuer une visite de courtoisie au personnel de Lefaso.net. Nous avons saisi l’opportunité pour lui tendre notre micro. Les actions de la communauté résident au Canada en faveur de la terre mère, en passant par des conseils à ceux qui souhaitent étudier ou travailler dans ce pays ont été au cœur de cet entretien.
Lefaso.net : Qu’est-ce que le Haut-conseil des Burkinabè de l’extérieur (HCBE) et quelles sont ses missions ?
Ismaël Aziz Daboné : C’est un organisme qui est rattaché au ministère des Affaires étrangères. Auparavant, c’était le Conseil des Burkinabè de l’extérieur (https://lefaso.net/spip.php?article137799 ). Avec le HCBE, des organismes ont été ajoutés pour plus de manœuvre et d’impact sur la communauté. Parmi ces missions, on peut citer entre autres la représentation des Burkinabè à l’extérieur, la défense de leurs intérêts, l’entraide entre les membres de la communauté et leurs actions en faveur du développement socio-économique de notre pays.
Quel est l’objet de votre visite à Lefaso.net et quelle appréciation faites-vous de ce média ?
C’est une visite de courtoisie et de remerciement à Lefaso.net et à son fondateur, Dr Cyriaque Paré. Le média soutient les activités de la diaspora en lui donnant de la voix. Lefaso.net est une référence depuis plusieurs années ; c’est un média professionnel et reconnu. C’était donc un devoir pour nous de passer vous dire bonjour et merci.
En tant que délégué du HCBE au Canada, quelles sont les difficultés rencontrées par la communauté dans ce pays d’Amérique ?
L’aventure est un combat perpétuel. Il y a la solitude. Ce qui est important, c’est de savoir s’intégrer auprès de la communauté d’accueil en tenant compte de ses réalités, afin de ne pas se retrouver souvent en conflit avec elle. Comme ailleurs, les Burkinabè s’intègrent bien au Canada. On compte environ 10 000 Burkinabè dans ce pays. Il y a énormément de membres de la communauté qui se distinguent. Ils sont reconnus dans leurs domaines. Mais compte tenu de l’humilité culturelle, on ne met pas beaucoup ces Burkinabè en lumière. En général, les Burkinabè s’intègrent assez bien. Seulement, il y a certaines personnes qui arrivent et qui ont des problèmes d’immigration. Au sein de la communauté, il y a des avocats qui peuvent les accompagner. Il y a aussi des avocats de la diaspora africaine qui peuvent les accompagner. Ceux qui restent dans les centres urbains arrivent à s’intégrer parce que ce sont des lieux multiculturels. Il y a de nombreux compatriotes dans ces régions. Mais ceux qui sont dans les régions éloignées peinent à rencontrer les autres membres de la communauté.
Quelles sont les actions du HCBE en faveur des populations du Burkina Faso ?
En collaboration avec l’ambassade du Burkina Faso au Canada, on vient de lancer une collecte pour le Fonds de soutien patriotique. Nous lançons un appel à tous les Burkinabè qui vivent au Canada. Il faut contribuer afin qu’on puisse soutenir notre pays qui traverse une situation difficile. Au-delà de cette collecte, nous avons d’autres activités en cours d’organisation.
Qu’est-ce que la diaspora peut apporter au développement du Burkina Faso ?
Nous pouvons apporter de l’expertise sur tous les plans, parce que nous avons des cadres très compétents qui sont à l’extérieur. Il y a par exemple l’entrepreneuriat. Comme vous le savez, la diaspora contribue beaucoup à l’économie nationale. Si les conditions sont assouplies et qu’il y a des facilités pour permettre à la diaspora d’investir en étant à l’étranger, les investissements vont se multiplier. Il y a de nombreux membres de la communauté qui souhaitent investir au pays. Mais il y a ce problème de fiabilité. Pour pouvoir confier certains travaux, rares sont ceux qui ont eu de bonnes expériences en envoyant leur argent pour qu’on construise leurs maisons, par exemple. Si des facilités sont mises en place, il y aura un gros flux d’investissement.
Quels sont les conseils que vous avez à donner à ceux qui souhaitent étudier ou travailler au Canada ?
Je vais donner des conseils à partir de ma propre expérience. Je suis Comptable professionnel agréé (CPA) avec 15 ans d’expérience. J’ai récemment créé mon cabinet comptable du nom de Doleido Services Conseils (un cabinet qui offre aux PME de la diaspora africaine vivant au Canada des services de comptabilité, de déclarations de taxes et d’impôts ; des services de structuration d’entreprises, de création de holdings afin de protéger les actifs ; des services de conseils et d’éducation financière.
Aux particuliers vivant au Canada, aux résidents canadiens vivant à l’étranger, des services de déclarations d’impôts, d’optimisation fiscale ; des placements garantis et des produits d’assurances-vie sont offerts.
Doleido Services Conseils SARL offre également aux entreprises, aux institutions étatiques, aux ONG et autres institutions sur le sol burkinabè des services d’assistance comptable, de gestion de la paie, de placement de personnel ; des services conseils et d’éducation financière pour une saine gestion financière et l’épanouissement des familles. À travers le partenariat avec Mardona Chap Transfert, le cabinet offre aussi des services rapides de transfert d’argent fiables et confidentiels du Canada vers le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et neuf autres pays d’Afrique. Il offre en outre des services de transferts d’argent du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Niger vers le Canada.
Je suis actuellement à Ouagadougou pour lancer une entreprise d’entretien ménager. À ceux qui veulent immigrer au Canada pour les études, la première des choses, c’est de bien identifier la filière qu’ils vont aller étudier ; c’est très important. Cela va leur permettre d’éviter de dépenser de l’argent dans des filières et par la suite d’abandonner. Pour ce qui est de mon expérience, j’ai d’abord étudié la science économique. Ce n’est que plus tard que je me suis spécialisé en comptabilité. Ils doivent s’impliquer au sein de l’école parce que tout ne se limite pas aux résultats. Ce n’est pas le résultat qui va te permettre de t’intégrer et de trouver un emploi. Il faut que tu sois dynamique. Pour pouvoir s’intégrer, il faut aller vers les autres afin d’avoir des contacts. Le réseau est très important, il faut donc le développer. C’est l’un des facteurs clés de la réussite de son intégration.
Comme conseils à ceux qui veulent aller travailler au Canada, il faut bien se renseigner, parce que la plupart du temps, certains travailleurs sont obligés de retourner aux études. Vous vous imaginez, une personne qui immigre au Canada avec sa famille et qui doit repartir étudier, tout en s’occupant de sa famille ? Ce n’est pas évident. D’autres sont obligés de faire un travail qui n’est pas en rapport avec leur formation de base. Ces travailleurs ne sont pas payés à leur juste valeur. C’est malheureusement une désillusion de l’immigration et des frustrations. Il faut chercher des structures adéquates pour vous accompagner. Il faut comprendre le milieu où on évolue. Il faut aller vers les autres pour mieux comprendre la société d’accueil afin de faciliter son intégration.
Propos recueillis par Samirah Bationo
Crédit photo : Bonaventure Paré
Vidéo : Auguste Paré
Source: LeFaso.net
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