L’artiste tradi-moderne Dez Altino s’est entouré d’une équipe mixte et dynamique de danseurs-chorégraphes. Ils travaillent dans l’ombre, mais jouent un rôle essentiel dans sa carrière. Nous avons rencontré quatre d’entre eux. Entre jugements extérieurs et réalités internes, chacun partage son expérience avec le prince national.
Dans un quartier de la capitale, loin des regards, une cour a été aménagée spécialement pour « Altino Prod » (la maison de production de Dez Altino). C’est également le lieu où se retrouvent ses danseuses et danseurs pour répéter. Le mardi 8 juillet 2025, à 13h, ils étaient au rendez-vous.
Pour l’occasion, pas de projecteurs, pas de public, juste quelques jeunes passionnés concentrés sur les enchaînements. Les pas claquent, font vibrer le sol et des gestes vont dans tous les sens. Parmi les chorégraphes, il y a Nikita, Rosine la Souplesse, le Maître, Sama le Pro (des noms de scène). En sueur mais souriants, ils s’entraînent dans la bonne humeur. C’est avec eux que prennent forme les mouvements qui euphorisent les fans de l’artiste sur scène et sur les écrans. Tous danseurs professionnels, ils évoluent aux côtés de Dez Altino depuis des années.

Nathalie Ouédraogo, alias Nikita, est la plus jeune du groupe. Trois ans qu’elle a intégré l’équipe de Dez Altino, après avoir été repérée lors d’un tournage de clip. « Il a vu que je dégageais de l’énergie, que je bougeais bien. Il m’a proposé de continuer les répétitions. » Depuis, elle fait partie des danseuses titulaires de l’artiste. Élève au centre de développement chorégraphique, La Termitière, elle alterne entre sa formation et sa vie de scène. « Sur le podium, tu ne montes pas pour t’amuser. Tu montes pour donner tout ce que tu as. Il y a même des parties où le public connaît nos chorégraphies et il danse avec nous », indique la jeune Nikita. Pour Rosine Millogo, alias Rosine la souplesse, l’histoire est similaire. Danseuse titulaire de l’artiste depuis 2022, elle avait commencé bien avant en faisant la navette entre Bobo-Dioulasso et Ouaga à chaque concert de Dez Altino. « C’est mon artiste préféré. Je rêvais de travailler avec lui », dit-elle avec joie.

Mais derrière les sourires et la fierté d’exercer l’activité, les deux jeunes femmes évoquent aussi les regards lourds, les jugements faciles à l’égard de leur métier. « On nous juge beaucoup sur le fait que l’on fasse de la danse parce qu’il y a souvent les prestations avec des tenues osées. Quand les gens voient ça, ils ont des préjugés. Pourtant, danser, c’est aussi un métier comme les autres. Il permet de se nourrir. C’est vraiment compliqué, mais on prend sur nous », confie Nikita. Rosine la souplesse abonde dans le même sens que sa collègue en ajoutant qu’il y en a qui veulent profiter. « Mais notre artiste ne laisse rien passer. Il nous respecte et il nous protège sur scène et en dehors de la scène », assure-t-elle.
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Par exemple, selon la jeune Nikita, quand elles dansent et que des individus essaient de les toucher, Dez Altino s’y oppose catégoriquement. « Il est toujours à côté pour vraiment dire non. Donc, il se comporte comme un père avec nous. Pour ma part, ce métier me nourrit bien. J’arrive à gérer certaines situations avec ce que je gagne. Les gens ne valorisent pas notre métier mais ça ne me démotive pas. Ça ne peut pas me démotiver parce que c’est la passion. J’aime vraiment danser », dit timidement Nikita qui, heureusement, a le soutien moral de sa mère. « Ma mère m’a donné ses bénédictions quand je lui ai dit que je dansais pour Dez Altino. Elle était fière de moi » conclut-elle.
Le prince national ou le rigoureux
Chez Dez Altino, tous les danseurs interrogés s’accordent sur le fait que l’artiste travaille avec une exigence élevée et une rigueur non négociable. Ibrahim Savadogo, dit le Maître, n’est du genre à pas mâcher ses mots. « Les répétitions peuvent commencer à 9h pour finir tard dans l’après-midi. Même en l’absence de spectacles, on travaille », explique le Maître pendant la pause de la répétition. Il souligne une particularité de l’artiste qu’il juge rare chez les autres artistes. « Avec lui, ce sont les danseurs qui entrent les premiers. On a notre moment avant qu’il n’arrive. C’est une manière de valoriser notre travail », se réjouit le maître.

Marius Nako, alias Sama le pro, lui aussi danseur, apprécie la présence de Dez Altino chaque fois qu’il le peut. « Dez Altino est là à chaque répétition. Il ne sait pas danser comme nous, mais il nous guide. Il fait des propositions et respecte notre travail. Il est rigoureux, mais je pense que sans rigueur, il n’y a pas de prestation de qualité sur scène », fait savoir Sama le pro.
Cette implication de l’artiste, présent à chaque étape, crée une atmosphère professionnelle et motivante selon les chorégraphes. La jeune Nikita confirme les dires de ses collègues. « Une journée de répétition avec lui, c’est intense. Il est très rigoureux, il veut que ce soit propre. Il ne s’amuse pas », a-t-elle ajouté. Et au-delà de la beauté des pas de danse, c’est bien une activité professionnelle que tous souhaitent faire respecter. Car, selon eux, danser pour Dez Altino permet de gagner sa vie, parfois même d’en tirer des projets personnels. Rosine Millogo, alias Rosine la souplesse, en est un exemple. « Grâce à cette activité, j’ai pu ouvrir une boutique de vêtements. Ma famille me soutient maintenant, même si au début c’était difficile », confie-t-elle ravie.
De leur côté, les deux danseurs de la bande admettent qu’il faut être lucide, malgré la passion. Ils estiment que la danse peut nourrir son homme, mais il faut avoir des projets en plus. « On ne peut pas tout attendre de l’artiste. Ce qu’il donne, il faut le faire fructifier », précise le maître. Nikita, la benjamine du groupe, indique bien gagner sa vie en dansant pour Dez Altino.
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Une relation humaine et professionnelle
Dez Altino ne se contente pas d’être une vedette entourée d’exécutants. Ses danseurs et danseuses parlent d’un homme généreux, respectueux et protecteur. Plus haut, Nikita disait qu’il se comporte comme un père et qu’il ne tolère pas que l’on leur manque de respect sur scène. Le chanteur quant à lui, lorsqu’il évoque ses équipes, parle de « famille ». « Il peut y avoir des mésententes comme partout, mais le plus important, c’est de savoir gérer. C’est autour de la discipline et du travail que tout tient », a-t-il signifié.
Et sur les processus de recrutement de ses danseurs-chorégraphes, l’artiste indique qu’il n’y a pas un cheminement fixe. « On recrute de plusieurs manières. Parfois par des spots, parfois sur recommandation, ou après avoir vu quelqu’un à l’œuvre. C’est comme ça que beaucoup sont entrés dans mon équipe », fait savoir le prince national.
Tous ces danseurs de l’artiste estiment que la danse est bien plus qu’un métier. Elle est une manière d’exister, de s’exprimer et de subvenir à ses besoins. Malgré les jugements et la complexité de l’activité, ils n’envisagent pas de raccrocher tant que leurs corps le permettent.
Farida Thiombiano
Crédit photo : Samirah Bationo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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