
Installée dans la région de Yadga, plus précisément au secteur 15 de Ouahigouya, Binta Sawadogo s’est investie pleinement dans la transformation des céréales locales depuis un peu plus de 30 ans. Bouillies infantiles, biscuits de pommes de terre et de patate douce, macaronis à base de niébé et de pomme de terre, couscous de riz, Boussi, granulés de jus, sont autant de produits qu’elle propose à travers son unité Ri-Songo. Avec l’appel à la consommation massive des produits locaux, Dame Sawadogo entend transformer son unité semi-industrielle en une unité industrielle afin de satisfaire la demande. A la faveur du Salon régional de l’artisanat qui s’est déroulé du 24 au 31 octobre 2025 à Tenkodogo, nous lui avons tendu notre micro.
Lefaso.net : qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à la transformation agroalimentaire ?
Binta Sawadogo : Au départ, je produisais du couscous à la maison pour la consommation familiale. Mais cela prend beaucoup de temps, pour faire du couscous il faut au moins deux à trois heures. Je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de réduire le temps de préparation, en faisant du précuit ? C’est ainsi que j’ai commencé à transformer nos différentes céréales en précuit et en 30 minutes de préparation le plat est prêt. C’est de là que tout est parti. À ce jour, nous disposons de deux unités de production : une coopérative pour transformer la pomme de terre en pâtes alimentaires, la farine infantile, et une deuxième unité pour les biscuits, le couscous, les granulés, etc.
Quels sont les différents produits transformés que vous proposez ?
Dans la région de Yadga, nous avons beaucoup de pommes de terre, surtout quand c’est la période. Donc nous transformons cela en macaronis, biscuits. Nous avons aussi des biscuits à base de sésame, de patate douce, des granulés de jus, des couscous. Et cette année, nous avons expérimenté la transformation de la patate douce 100% en grumeaux de bouillie. Nous avons aussi amélioré notre Boussi (Bassi pour certains) pour que nos enfants et nos petits-enfants aussi connaissent ce mets que les gens consommaient avant quand ils partaient pour de longs voyages.
Quelle est la particularité des pâtes alimentaires faites à base de pomme de terre par rapport à celles vendues dans les grandes surfaces ?
Lorsque vous prenez la pomme de terre, elle contient beaucoup de vitamines. Donc au lieu d’utiliser la farine de blé seulement, nous avons utilisé la pomme de terre, un peu de blé et nous avons ajouté des œufs. Ce qui fait que nos pâtes sont très riches. Les gens adhèrent progressivement à nos pâtes et nous allons accroître la visibilité pour qu’ils puissent les adopter complètement.
Les premières autorités mettent un point d’honneur à la promotion du consommer local, comment appréciez-vous l’adhésion des populations à vos produits ?
Avec le mot d’ordre du président qui invite à consommer ce que nous produisons, les Burkinabè consomment de plus en plus nos produits transformés localement. C’est d’ailleurs grâce à cela que nos unités ne sont pas fermées malgré le fait que nous soyons dans une zone rouge, car nous arrivons à écouler nos produits et cela un peu partout, même hors du pays. Nous déposons nos produits dans presque toutes les surfaces à Ouahigouya et nous avons des commerciaux qui font de la vente de proximité. Dans les grandes villes comme Ouagadougou, nous avons des revendeurs. Certains clients commandent directement de l’extérieur et nous livrons.
Vos produits ont plusieurs fois été primés dans des foires et expositions, pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, nous avons reçu plusieurs prix avec nos produits. Par exemple nos granulés de bissap ont remporté un prix UEMOA à Cotonou en 2016. Notre farine infantile enrichie a eu le premier prix au salon régional de l’artisanat à Kaya, nos macaronis de pommes de terre ont été primés en 2024 par l’AFP/PME, les macaronis à base de niébé ont aussi été primés à une édition du SIAO.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans votre activité ?
La difficulté majeure, c’était au niveau de l’écoulement car nous avions assez de problèmes à cause de l’insécurité. En plus de cela, nous voulons passer d’une unité semi-industrielle à industrielle pour pouvoir produire en très grande quantité et de très bonne qualité car plusieurs de nos produits sont certifiés. Mais cela nécessite beaucoup de moyens financiers.
Quelles sont vos perspectives en vue de développer un peu plus votre activité ?
Nous avons plusieurs projets en gestation que nous espérons réaliser dans le court terme. Il y a principalement l’industrialisation dont j’avais parlé plus haut qui nous tient particulièrement à cœur. Nous essayons de voir également si nous pouvons avoir des compétences locales pour pouvoir réaliser ce projet.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
					
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