
Alors que les crises sécuritaires et humanitaires accentuent les souffrances psychologiques au Burkina Faso, le Pr Arouna Ouédraogo alerte sur la hausse des troubles psycho-traumatiques et sur les difficultés persistantes dans la prise en charge : manque de personnel qualifié, stigmatisation et insuffisances organisationnelles. Distingué lors du Forum national sur la santé mentale 2025, le psychiatre appelle à des réponses coordonnées et adaptées à l’ampleur de la situation. C’était le mardi 4 novembre 2025, à l’ouverture du Forum national sur la santé mentale.
Quel est l’état des lieux de la santé mentale au Burkina Faso ?
La santé mentale représente une dimension essentielle de la santé globale. Toutefois, en dresser un état des lieux précis reste difficile. Car l’actualité marquée par des urgences sécuritaires et humanitaires fait prendre à cette composante un relief particulier. Ce forum offre justement l’occasion aux acteurs du domaine de faire le point, en s’appuyant sur les constats du terrain et sur les préoccupations qui émergent. Nous faisons face à de nouveaux défis récents qui viennent s’ajouter à des problématiques anciennes, parfois installées depuis plusieurs décennies.
Quels sont les différents cas de troubles mentaux rencontrés ces derniers temps ?
Dans le contexte actuel du Burkina Faso, on observe une augmentation des troubles psycho-traumatiques. Ces troubles surviennent à la suite d’événements traumatisants, liés à l’exposition à des situations extrêmes mettant en danger la vie des personnes. Ils constituent également l’une des causes principales des déplacements massifs de populations.
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Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la prise en charge des personnes affectées ?
Les obstacles sont multiples. D’abord, le manque de personnel qualifié. Il est indispensable de disposer d’acteurs formés en quantité suffisante pour répondre aux besoins sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones confrontées à de forts défis sécuritaires. Ensuite, les difficultés matérielles se font sentir, notamment en termes d’équipements et de disponibilité des médicaments.
Un autre problème majeur est la stigmatisation. Car la peur du regard des autres, empêche souvent les personnes affectées de consulter. Ce qui peut aggraver l’évolution des troubles. Enfin, des défis organisationnels subsistent. Il est nécessaire de mieux mettre en réseau les différents acteurs afin de coordonner leurs interventions et de proposer des solutions globales et intégrées pour la santé mentale.
Que représente pour vous, la distinction que vous venez de recevoir à cette première édition du Forum national sur la santé mentale ?
C’est avec beaucoup d’émotion que je reçois ce trophée. Je tiens à remercier chaleureusement les organisateurs du forum et à féliciter l’ensemble des acteurs impliqués pour cette initiative importante. Cette distinction est aussi une occasion d’encourager tous les professionnels engagés dans la prise en charge des problèmes de santé mentale, à redoubler d’efforts et à continuer d’apporter des réponses adaptées face à une situation assez préoccupante.
Interview réalisé par Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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