
L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a fait une déclaration publique, ce lundi 8 décembre 2025, pendant que le président en exercice, Alassane Ouattara, prêtait serment pour un nouveau mandat acquis à l’issue de la présidentielle contreversée d’octobre 2025. Dans cette sortie, le « Woody de Mama », comme l’appellent affectueusement certains de ses partisans, revient sur sa présidence, marquée par la crise de rébellion et la crise post-électorale de 2011 à l’issue de laquelle, il s’est retrouvé devant la Cour pénale internationale (CPI). Laurent Gbagbo « exige » la vérité sur cette crise qui a secoué la Côte d’Ivoire et demande, à cet effet, à son avocat de « ressaisir la CPI et de remettre sur la table le problème de la guerre en Côte d’Ivoire ».
L’ancien président ivoirien rappelle avoir prêté serment le 26 octobre 2 000, suivi deux années plus tard, septembre 2002, de l’avènement de la rébellion. Elle se solde par la signature en mars 2007, de l’accord de Ouagadougou.
« J’ai passé mon temps à réclamer le désarmement, tandis que l’ONU, l’Occident et certains partis politiques ivoiriens parlaient uniquement de l’organisation des élections. En 2010, alors que le désarmement n’était pas encore fait, mais pressé de toutes parts, j’ai consenti à organiser l’élection présidentielle. Au 1er tour de l’élection présidentielle, je suis en tête avec 38 %, 32 % pour Alassane Ouattara et 25 % pour Henri Konan Bédié. Au 2e tour, c’est la pagaille. Chacun des deux candidats, Alassane Ouattara et moi-même, se proclamait vainqueur. Mais moi, je suis proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel. Le débat semblait clos quand Alassane Ouattara, son ami Nicolas Sarkozy, président français, et le représentant de l’ONU mirent en cause les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel et décidèrent qu’Alassane Ouattara était le vrai vainqueur. De là partit une polémique vive, qui se transforma en rixe puis en combats. C’est au cours de ces combats, que la résidence présidentielle que j’occupais fut bombardée par l’armée française et les troupes de l’ONU. Le 11 avril 2011, je fus arrêté, conduit d’abord au Golf Hôtel pour deux jours, puis à Korhogo pour sept mois, et enfin à la CPI en Hollande. Le reste est connu. Quelques années plus tard, exactement le 23 mars 2014, Charles Blé Goudé est amené en prison et la CPI joint les deux dossiers », a déclaré M. Gbagbo, revenant sur les péripéties à la CPI.
« J’ai rappelé tous ces faits pour dire que tant qu’un fait n’est pas jugé totalement, il devient une injustice. Un conflit a éclaté en Côte d’Ivoire à cause d’une rébellion qui a occupé le pays et rendu la tenue de l’élection présidentielle compliquée. Il s’en est suivie une dispute sur les résultats de cette élection-là. J’ai été arrêté alors que je ne suis pas le mentor de la rébellion. J’étais le Président légal et légitime, mais c’est moi qui ai été arrêté. Mais quid de tous les autres acteurs de la crise ? Des questions restent en suspens. Pourquoi aucun des autres acteurs n’a-t-il été arrêté, ni jugé par la CPI ? Dès l’instant où j’ai été acquitté, il fallait immédiatement se mettre à rechercher les vrais coupables. Qui a conçu et financé la rébellion ? Qui a organisé le génocide Wê ? Pourquoi l’ONU et l’Occident ont-ils poussé à aller à l’élection alors que le désarmement n’était pas fait ? », pose le leader du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), informant qu’il a demandé à son avocat de ressaisir la CPI et de remettre sur la table, le problème de la guerre en Côte d’Ivoire.
Pour l’ancien président ivoirien, « il faut que la vérité éclate » et « la vérité est une condition de la paix ».
O.L.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents